…j’aurais tant aimé écrire.
J'estime que vivre constitue en ce qui me concerne une
chance, qui ne me sera pas accordée une seconde fois : une chance non point
parce que la vie nous fait des cadeaux et que sur une balance idéale la somme
des plaisirs excéderait celle des peines, mais parce que je mesure à chaque
instant la chance que j'ai d'être un vivant, d'accéder chaque matin à la
lumière et chaque soir aux ombres, que les choses n'aient pas perdu leur éclat
naissant et que je perçoive aussitôt l'esquisse d'un sourire, le début d'une
contrariété sur un visage, bref que le monde me parle.
La vie elle-même comme ondoiement, comme déploiement, la vie
à fines gouttelettes plutôt que comme une tornade ou un fleuve impétueux. Une
lumière plutôt qu'une force. Pierre
Sansot