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L’alliance à plaisanterie ou la cohésion sociale par l’insulte

Publié le 04 décembre 2014 par Leprocrastinateur @Le_procrastin

Il est des pays Africains où il peut être tout à fait déplacé de ne PAS se moquer du prétendu alcoolisme d’une ethnie voisine. Où la seule façon d’éviter un pugilat après un accrochage en voiture serait de traiter l’autre automobilisme de sale esclave. Il s’agit de l’alliance à plaisanterie et c’est un moyen efficace – et séculaire – pour apaiser les tensions dans les sociétés multi-ethniques d’Afrique de l’ouest.

Africa

Globalement, ce phénomène existe sur les territoires de l’ancien empire Malien  (aujourd’hui Sénégal, Guinées, Burkina-Faso et bien sûr Mali) et dans une moindre mesure un peu partout en « Afrique noire ». Il s’agit d’un ensemble d’alliances traditionnelles entre ethnies (les dogons et les peuls par exemple) ou entre familles (les Diop et les Ndiaye, par exemple.) Cela engage deux personnes, même s’ils ne se connaissent pas, non seulement à se porter assistance, mais aussi à s’insulter copieusement lorsqu’ils se saluent.

Il est parfaitement normal et souhaitable qu’un Peul appel un Dogon « bouffeur de cacahouète ». Il ne viendrait pas à l’esprit du dit Dogon de se vexer. Au contraire, il trouvera ça très amusant et se creusera les méninges pour trouver une insulte plus originale et drôle à répliquer.

C’est loin d’être nouveau. En effet, lors de la fondation de l’empire du Mali au 13ème siècle, la charte du Manden – qui serait une des premières déclarations des droits de l’homme – cite déjà cette coutume.

Kanga moussa, plus puissant empereur malien. On dit qu'il fut l'homme le plus riche ayant jamais vécu, à parité avec notre époque sa fortune était estimée à 400 milliard de dollars

Kanga moussa, plus puissant empereur malien. On dit qu’il fut l’homme le plus riche ayant jamais vécu, à parité avec notre époque sa fortune est estimée à 400 milliard de dollars

En fait, ça fonctionne bien. D’une part cela pousse les gens à s’aider – puisque c’est le deal pour avoir le droit d’insulter l’autre. D’autre part cela désamorce le racisme. Puisque les stéréotypes racistes ne sont pas des sujets de vexation ils ne peuvent pas entraîner de disputes, ils n’entretiennent plus de haine ou de discriminations entre les populations.

Donc à partir de maintenant il conviendra de rappeler à chaque Breton que vous croiserez que l’emblème de son pays est un cochon avec un poireau dans le cul. Amenons cette belle coutume en nos froides contrées !


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