Le Marché de Noël des années 1960 #1*

Mon frère et moi avons passé notre enfance au centre de Strasbourg, attentifs au son des cloches de la Cathédrale qui ponctuaient notre sommeil et, à l’heure tant attendue des fêtes de fin d’année, à l’installation du marché de Noël sur la place Broglie, sur la seule place Broglie, devrais-je dire. En ces temps éloignés, l’emplacement dévolu au marché de Noël se limitait à cette seule place.

Nous connaissions les signes avant-coureurs de son installation : le 6 décembre,
Saint-Nicolas remplissait nos bottes de présents ; en même temps, le parking de la place Broglie se vidait de ses voitures. A cette époque, les voitures stationnaient encore sur cette place : stationnement gratuit sur la partie proche de l’Opéra ; stationnement payant sur la partie proche de la Mairie, surveillé par un gardien qui vous remettait un ticket à votre arrivée et calculait le prix du stationnement à vos départ.

Dans la nuit froide, soudain notre sommeil était interrompu par des bruits de moteurs, des coups de marteau ; et le lendemain, à notre réveil, couvertes de neige fraîche, les baraques étaient installées !

Car, c’est bien de baraques qu’il me faut parler : souvent constituées de quelques planches, assemblées sans aucune harmonie entre elles, quelquefois même entrecoupées de baraques de forains qui vendaient des peluches ou autres babioles, les petites maisons nous attendaient.

Deux sortes de commerçants se retrouvaient là : près de l’Opéra, uniquement des marchands de sapins ; près de la Mairie, les marchands nous proposaient des articles de décoration de Noël (boules, guirlandes), quelques jouets, le tout dans une odeur de barbe à papa, de guimauve, de pain d’épices, de pommes d’amour. Mais nous réservions toujours notre première visite à notre grand favori : la Gaufre Lorraine.

Ah, la gaufre du marché de Noël, notre « Madeleine  » à nous : le plaisir de voir le gaufrier s’emplir de pâte liquide, d’attendre qu’elle chauffe, qu’elle soit retournée, une fois, deux fois, d’en humer l’odeur, de la déguster tout chaude, en faisant retomber une importante couche de sucre glace sur notre anorak.

Que de promesses n’avons-nous pas faites, que de bonnes n’avons-nous pas rapportées, pour obtenir en récompense la fameuse gaufre ! Que de fois n’avons-nous renoncé à l’excellent goûter de 4 heures que nous préparait notre maman, lui préférant cette gaufre !

Péché de gourmandise oblige : même notre tirelire était sollicitée et je soupçonne même mon frère d’avoir de temps à autre bien innocemment délesté le porte-monnaie maternel de quelques sous…

Retrouvez la suite le 10 décembre

› Envoyé par : Delphine Martin

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