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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 126

Publié le 07 décembre 2014 par Antropologia

Un beau monde

Par le biais d’une association, je passe le weekend en compagnie de personnes dites handicapées mentales. Dimanche après-midi, nous partons en balade dans la campagne langonnaise. Je chemine tranquillement, Amélia à mon bras. Pour reprendre souffle, nous nous arrêtons sur un petit pont et regardons l’eau claire et sablonneuse du Ciron qui serpente entre les pierres et les branchages.

« – Oh ! Ils sont beaux les poissons ! », s’exclame Amélia.

- Tu vois des poissons ?

- Ah oui ! Regarde ! Ils sont beaux ! »

Je me penche de nouveau et regarde attentivement. D’un point de vue objectif et cartésien, je dirais qu’il n’y a aucun poisson dans la rivière à ce moment là. Je ris. Nous poursuivons notre marche. Nous arrivons jusqu’à une petite maison en haut d’une colline. Amélia me dit :

« – Elle m’a réveillée la tourterelle ce matin. Oui, elle m’a réveillée. Regarde, elle est là dans le jardin ! 

- Tu la vois, là, dans le jardin ?

- Oui, la tourterelle, elle m’a réveillée ! »

Je ne vois pas de tourterelle et ce matin c’est le réveil de mon téléphone portable qui m’a réveillée. Comme nous l’apprenons en anthropologie, chacun a sa vision perceptive du monde différente de celle des autres. Assurément, celle d’Amélia est beaucoup plus belle et enchantée que la mienne mais elle est moins effrayante que celle de Ludo qui, au moment du repas, me certifia que son petit chat avait été dévoré par un loup du côté de Moustey, dans les Landes.

Marie Braux



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