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De l'énergie à la mode, le parcours audacieux de Pascale Guasp, fondatrice d'ElssCollection

Publié le 11 décembre 2014 par Montaigu

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Dans la rubrique "un entrepreneur nous est conté", nous accueillons Pascale Guasp, fondatrice d'ElssCollection, location de vêtements haute couture.

Une idée puissante

A la sortie d’HEC je me suis dirigée vers le conseil stratégique où j’ai effectué toute ma carrière. Un choix qui s’est imposé naturellement et qui m’a occupée 23 ans.  Les missions, très diverses : fusion-acquisition, réorganisation etc., sont extraordinairement excitantes. Il est en outre très gratifiant d’être proche des directions générales de ces entreprises que l’on conseille. Pendant 10 ans, j’ai œuvré en tant qu’associée d’un grand cabinet international, en charge du secteur énergie & utilities, domaine passionnant. Je faisais partie de l’équipe de  direction du bureau de Paris.

Et là les choses ont changé. Le marché du conseil avait beaucoup évolué et était devenu beaucoup plus compétitif. Le business était davantage tourné vers la réponse aux appels d’offres, dans un but beaucoup plus commercial que réellement "conseil". Et moi qui avais participé activement à la construction de ce cabinet, que j’ai vu naître et qui était un peu mon " bébé", brusquement j’avais des doutes. J’estimais qu’il n’y avait plus grand chose de nouveau à construire. C’était moins  exaltant. Je sentais qu’il me fallait un nouveau projet. Bien sûr je pensais à plein de choses. 

Et quelque chose est venu. Une idée a émergé. J’avais une certaine manière de considérer le vêtement. Je constatais que sitôt une pièce d’habillement achetée, une fois pendue dans mon placard, elle ne m’intéressait plus et j’avais envie d’autre chose. Je recherchais la variété et à cet effet  je me suis mise en quête d’ un service de location pour répondre à ce besoin. Or cela n’existait pas. Pourtant je pressentais qu’il y avait là une vraie opportunité. Les femmes, même avec de gros revenus, ont un comportement rationnel et ne veulent pas forcément  dépenser 1000 euros pour une robe qu’elles porteront 3 fois. La location est une alternative pour vivre le vêtement autrement. 

Il y a 5 ans, je ne songeais pas à l’entreprenariat mais j’admirais les beaux parcours d’entrepreneurs que je voyais autour de moi. Quand ma réflexion autour de la mode et du luxe a commencé à me trotter dans la tête, je crois que ce désir avait  fait son chemin à mon insu. La nécessité  d’entreprendre a grandi en moi naturellement.

Et me voilà à l’été 2012, en train de griffonner sur le dos d’une enveloppe un business plan pour un service de location de vêtements de très haut de gamme.

J’ai testé le marché en faisant la tournée des grandes marques pour évaluer leur réaction à ce  nouveau concept  : acheter leurs collections de prêt-à-porter non pas pour les vendre mais pour les louer. Ce qui était très novateur dans un marché assez figé.

Des griffes de grand luxe  telles que Micheal Kors, Carven, Kenzo, Nina Ricci, seraient-elles favorables à cette évolution vers un nouveau segment de clientèle : la location et seraient-elles prêtes à faire confiance à un outsider n’ayant aucune expérience de la mode?

Et leur attitude s’est révélée très positive. 

J’avais 45 ans. Consciente de n’avoir qu’une vie. Je suis allée au bout des choses. ElssCollection a ainsi été créé.  Parallèlement, j’ai organisé une transition douce avec mes responsabilités antérieures. En 2013, j’ai continué à travailler dans le conseil à hauteur de 50 % de mon temps. Puis en 2014 l’entreprise étant devenue totalement opérationnelle,  je n’interviens plus qu’au coup par coup, quand mon expertise est requise,  et en gros 2 à 3 jours par mois.

Au départ, j’étais seule à tenir les rênes d’ElssCollection puis  je me suis associée avec deux autres personnes pour m’adjoindre des compétences que je n’avais pas. L’équipe comprend actuellement 7 personnes. Nous en sommes à notre deuxième collection avec l’hiver 14/15.

Qu'est-ce qui a changé dans votre vie ?

C’est tellement mieux que ce que j’imaginais. Je suis  fière d’avoir créé cette formidable équipe tellement motivée, portée par un élan qui émerge de cette idée - inventer et rendre possible  un nouveau mode de consommation du prêt-à-porter - et dont l’enthousiasme s’étend auprès des partenaires et clients, contribuant à former une vraie communauté. Pour rien au monde je ne retournerai en arrière. J’ai un sentiment d’accomplissement. Je me suis beaucoup épanouie, je me sens beaucoup plus vivante même dans la manière dont je raconte l’entreprise que je dirige. J’ai trouvé un nouveau souffle qui me dope, mon énergie est inépuisable. Certes l’entreprenariat n’est pas une promenade de santé mais cela ne me pèse pas. Je suis au charbon matin, midi et soir, weekend compris et  ce n’est en rien une contrainte.

Je fais des rencontres incroyables. J’ai beaucoup changé ma façon de penser et j’en éprouve une énorme satisfaction. Mon travail quotidien est très concret qu’il concerne le service aux clientes, une nouvelle commande qu’il faut réaliser dans les deux heures ou les achats pour la nouvelle collection. J’ai découvert à la fois des métiers très nouveaux pour moi - par exemple  les shooting photos  qui mobilisent toute une palette de compétences :  mannequins, stylistes, photographes, make-up artists,… - et un autre aspect de  l’écriture qui joue un rôle fondamental entre le blog, les supports de communication à imaginer, les newsletters pour les clients. J’ai dû apprendre à écrire différemment.

Bref j’ai les mains dans le  cambouis, mais dans un cambouis tellement créatif. 

Les bonnes et mauvaises surprises ?

J’ai bénéficié d’un accompagnement en d’incubateur d’entreprise qui m’a beaucoup épaulée dans la structuration de ce projet. Ce qui a été salutaire notamment pour préparer le business plan et les dossiers auprès des banques parce ces programmes sont des gages de sérieux pour elles.

Cependant il y a des choses qui s’avèrent très compliquées quand on se présente comme une entreprise naissante. Par exemple l’immobilier. Je voulais un bel espace, un showroom fastueux situé  dans un beau quartier. Et bien une start-up n’est pas la bienvenue auprès  des acteurs de ce marché. Ils ont tendance à demander les bilans des 10 dernières années ! J’ai fait 3 offres qui toutes ont été rejetées. Après je me suis débrouillée avec mon réseau et finalement j’ai eu la chance de trouver un lieu de rêve.

La bonne surprise est d’avoir été facilement acceptée comme acheteuse par les grands labels. Je me souviens en particulier d’un rendez-vous chez Nina Ricci. J’avais préparé une présentation avec des slides. J’avais la trouille. J’allais leur proposer une vision différente de leur business. A ma grande surprise, ils ont totalement adhéré à mon raisonnement centré sur les attentes des clients.

Les aspects financiers de l’entreprise sont angoissants : les prévisions de chiffres d’affaires qui ne collent pas, par exemple. J’ai investi une partie de mes économies. Et j’ai conscience d’être inconsciente mais j’adore ElssCollection. 

Le mot de la fin :  " On n’a qu’une vie"


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