Qu’Allah bénisse la France // De Abd Al Malik. Avec Marc Zinga et Sabrina Ouazani.
En adaptant sa propre autobiographie, Abd Al Malik nous propose de plonger dans la cité strasbourgeoise où il a grandi. Afin de mettre tout cela en scène et de générer au mieux les émotions, il utilise alors le noir et blanc. J’ai adoré cette façon d’utiliser le noir et blanc qui donne un sens à cette histoire. Il aurait même pu passer du noir et blanc à la couleur au moment où Régis (ou plutôt Abd Al Malik) parvient à réussir dans le milieu du rap comme il le souhaitait. Au delà de l’histoire qui raconte comment le rappeur est devenu le rappeur connu et reconnu qu’il est aujourd’hui, c’est avant tout un film qui cherche à faire plusieurs choses. D’une part dédiaboliser l’islam en parlant de la religion comme de quelque chose de profond et propre à chacun. Il fait alors un parallèle avec la vision des journalistes de l’islam mais également des autres musulmans vis-à-vis de la façon dont chacun vit sa religion. Après tout c’est vrai, pour avoir la foi il n’y a pas besoin de signes ostentatoires. La foi, au fond de nous, la prière, etc. suffit. J’ai beau ne pas du tout être un homme de religion, je comprends très bien le fait que l’on puisse être croyant.
Adapté du livre autobiographique de Abd Al Malik, "QU'ALLAH BENISSE LA FRANCE" raconte le parcours de Régis, enfant d'immigrés, noir, surdoué, élevé par sa mère catholique avec ses deux frères, dans une cité de Strasbourg. Entre délinquance, rap et islam, il va découvrir l'amour et trouver sa voie.
Le vrai message de Qu’Allah bénisse la France est un message de tolérance. Le fait est que même dans un quartier sensible on peut réussir quand on a envie de réussir. On peut aller au delà et avoir de l’espoir. Car le plus important finalement pour le héros c’est d’espérer sortir de là, réussir dans la musique (et il a réussi). De plus, le film ajoute de vraies valeurs morales (la place de la drogue au début du film qui n’est pas forcément bien vue par le groupe - mais qui va finalement devenir une source de revenue -, la façon dont un geste peut influer ou non sur notre foi, etc.). Tout ce qui est diabolisé par les médias dans les cités est plutôt bien représenté dans Qu’Allah bénisse la France. Je ne suis jamais allé dans un quartier chaud d’une ville, et je dois avouer que la vie qui y règne me fascine car dans tous les films que j’ai pu voir et qui ont une valeur légèrement documentaire (comme c’est le cas de Qu’Allah bénisse la France puisqu’il s’inspire de la vraie vie d’Abd Al Malik), le partage et la tolérance sont toujours des messages qui fusent et qui imprègnent ce monde. Finalement, c’est simplement la perception que l’on a de ces cités qui les rend diabolique aux yeux de tous.
Abd Al Malik tente ici de permettre aux consciences de prendre connaissance de ce qui se passe dans les cités, de ses problèmes (on ne va pas cacher les problèmes - la drogue et ses ravages, le sida, les assassinats, etc. -) mais c’est aussi ce qui rend ce film réellement intéressant à mes yeux. Je ne m’attendais pas nécessairement à ce que cela aille dans ce sens là. Marc Zinga est très convaincant dans le rôle de ce personnage principal. Il offre tout de suite une certaine forme de charisme au personnage. Tout le casting est d’ailleurs très réussi alors que chacun apporte sa pierre à l’édifice. L’un des moments les plus surprenants de ce film c’est probablement le voyage au Maroc. C’est beau mais au delà de la beauté des moments c’est un vrai message qu’il y a derrière. Qu’Allah bénisse la France ne s’apparente jamais à un film de propagande pour quoi que ce soit, il permet simplement d’éveiller les consciences et de leur faire comprendre qu’il ne faut pas avoir peur de la religion car la religion (et en l’occurrence ici l’islam) ne veut pas dire terroriste ou je ne sais quoi d’autre.
Note : 6/10. En bref, un film avec un message intéressant. Réussi.