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Quels leviers pour le tourisme Interne?

Publié le 14 décembre 2014 par Fouzi53 @fouzi53

ruelle de Chefchaouen

Les derniers chiffres du mois d’octobre publiés par l’Observatoire du Tourisme, sont inquiétants car la baisse constatée au mois de septembre se confirme surtout au départ du marché français, et les réservations pour les fêtes de fin d’année, ne semblent pas infléchir cette courbe. Les TO français se plaignent de cette baisse drastique qui trouve sont origine en 2009 déjà. Dans ce climat morose, le marché interne lui est en pleine croissance et devrait avoir de beaux jours devant lui, si toutefois on consent à lui donner toutes les chances pour continuer à progresser.

En effet, le tourisme interne représente aujourd’hui 27% des nuitées nationales en hébergement classé, soit plus de 4M de nuitées et occupe ainsi la deuxième place juste après le marché français. Or , il n’a pas bénéficié d’attention particulière de l’ONMT ou du Ministère du Tourisme. J’entends par là, pas de campagne co marketing avec les professionnels, pas de subventions spéciales avec l’ONCF, la CTM ou la RAM pour transporter les familles marocaines et pas de voyages de presse et de familiarisation dans des destinations qui méritent d’être découvertes par les nationaux.

Les quelques initiatives que l’on peut mettre à l’actif de l’ONMT et du Ministère restent encore en deçà des attentes des professionnels et des nationaux et on en est encore à lancer des campagnes sporadiques comme pour se donner bonne conscience. Pourtant, encore une fois, le marché interne est aujourd’hui une réalité et ne pas le prendre en considération serait faire figure d’amateurisme. Cela s’adresse particulièrement aux agences de voyages qui ne s’impliquent pas suffisamment et laissent de fait la place aux sites de deals qui en font aujourd’hui leur priorité.

D’après les statistiques officielles, 59% des marocains partent en voyages dont seulement 6% utilisent de  l’hébergement classé. Avec une durée moyenne de séjour de 4,4 jours soit un peu plus que la moyenne des séjours de touristes étrangers. En 2013, on a enregistré 2,4 M de séjours nationaux pour un chiffre d’affaire de 22 Milliards de Dirhams soit 25% des recettes du tourisme.

Alors imaginons que l’on mette en place de véritables leviers pour permettre au nationaux de voyager et de toucher des foyers qui sont aujourd’hui dans l’impossibilité d’accéder au produit touristique national, pour une question de budget. Car malheureusement, entre l’alimentaire, l’éducation, la santé, l’équipement, l’habillement et le transport, en supposant que tous les marocains sont propriétaires de leur logement, ce qui n’est pas le cas, il ne reste plus de place pour le loisir et encore moins pour les vacances.

Imaginons donc, que les marocains moyens puissent épargner pour de vraies vacances, pas chez la famille, pas dans des locations où la mère est encore contrainte aux tâches ménagères, mais dans unités touristiques, des clubs de vacances, des hôtels ou encore des campings dernière génération. Imaginons enfin que les employeurs que ce soit le secteur public ou le privé puissent bonifier cette épargne sous forme d’une prime défiscalisée à condition que cette épargne soit réservée exclusivement aux vacances familiales. Cette épargne serait matérialisée sous la forme d’une carte vacance, avec un montant déterminé en fonction du salaire et utilisable auprès d’entreprises touristiques qui auront adhéré au principe fondamental.

Le Ministère du Tourisme a lancé un sondage auprès de 1000 salariés dont 300 du secteur public et les résultats démontrent bien que plus de 70% seraient intéressés par ce type d’épargne et 85% pourraient basculer vers de l’hébergement classé.

La carte vacance pourrait donc bien être un levier pour le développement du tourisme interne qui devrait à terme, horizon 2020, toucher plus de 2M de salariés tout secteurs confondus. Outre le fait de procurer un bien être aux  familles, le break des vacances aurait un effet stimulant en terme de rentabilité pour les entreprises. De plus c’est autant d’emplois crées dans le secteur du tourisme, une manière de faire basculer l’informel vers le formel, des rentrées fiscales supplémentaires pour l’Etat et une pérennité pour le tourisme en général.

C’est sur ce projet qu’actuellement les professionnels du tourisme travaillent en partenariat avec le Ministère du Tourisme. Il a été présenté lors du dernier CST aux membres du gouvernement et devrait recevoir en principe un avis favorable de la part de la DGI et du Ministère des finances. Reste à convaincre la CGEM, les syndicats et le Ministère de la Fonction Publique.

Aux dernière nouvelles, l’ONMT serait en cours d’intégration du marché interne dans sa stratégie marketing. Des outils en direction des agences de voyages seront mis en place, avec une meilleure connaissance du produit et l’utilisation du web pour une meilleure distribution. Une nouvelle approche envers les nationaux d’ici et d’ailleurs: un challenge que les entreprises touristiques auront à relever d’urgence.


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