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Achevons le Mammouth !

Publié le 16 décembre 2014 par Soseducation

Vincent Peillon s’est fracassé sur les rythmes scolaires, Najat Vallaud-Belkacem passe ses journées à caresser dans le sens du poil les parents d’élèves et les élèves, et finalement l’Histoire se montrera sévère sur le bilan éducatif de François Hollande. Il est plus que temps de soustraire le ministère de l’Education nationale aux aléas politiques et aux plans de carrière des ministres !

Il est à peine besoin de le dire : cette affaire de suppression des notes à l’école relève de la pure et simple bouffonnerie. J’ai sous les yeux un devoir d’élève noté, pardon, « évalué » en lettres et non en chiffres : C++. Va comprendre, Charles ! La meilleure amie de cette élève a eu pour appréciation, cela ne s’invente pas, B+–… Aux fous !

Est-ce cela l’école de la « bienveillance » ? Dites plutôt du faux-semblant et de l’enfantillage. Après avoir massacré l’apprentissage de la lecture, la bureaucratie pédagogique, encouragée par ses échecs, s’attaque maintenant à la notation. Devant tant d’impunité et tant d’arrogance, on a honte pour l’école, on a honte pour la gauche, on a honte pour ce gouvernement.

La sociologie distingue depuis longtemps, s’agissant d’une institution, sa fonction explicite et sa fonction latente. La fonction explicite de l’école, c’est l’enseignement. Sa fonction latente, c’est la câlinothérapie électorale. Or au pays de François Guizot, de Jules Ferry et de Jean Zay, on est en train d’abandonner sans vergogne l’enseignement au profit de la câlinothérapie. Avec, en tête de gondole, une câlinothérapeuthe de charme, Najat Vallaud-Belkacem. Elle passe ses journées à caresser dans le sens du poil les parents d’élèves, ces grands dépressifs, et les élèves, ces timides et fragiles plantes d’élevage.

Tenez : l’interdiction des redoublements qui va accompagner la suppression des notes ; dans les cas extrêmes, un professeur pourra tout de même proposer un redoublement. Mais ce sont les parents, du haut de leur expérience pédagogique, qui auront le dernier mot. Le prof, désavoué par des parents goguenards, aura l’air malin. Cette autorité, dont on le presse de faire preuve, faute de lui en donner les moyens, sera celle du Petit Chose au pays des grandes gueules et des malappris. Etonnez-vous après cela qu’on ne trouve plus personne pour faire ce métier de clown blanc et de souffre-douleur.

J’ai entre les mains une anthologie, de Patrice Romain, Mots d’excuse (Michel Lafon), envoyés par les parents aux enseignants. On peut trouver tout cela très drôle ; c’est en réalité lugubre et accablant. Quand les parents traitent les enseignants en larbins mal payés, ne soyez pas surpris que leurs enfants ne veuillent pas s’engager dans la noble carrière de l’éducation. C’est la double peine : au siècle du fric, les exploités sont par excellence des humiliés. Quant aux ministres qui se succèdent Rue de Grenelle à la cadence d’un relais 4 x 100 m, ce sont de simples figurants, des professeurs Gadgets, qui n’ont qu’une idée une fois assis dans le fauteuil de Jules Ferry, le quitter sur la pointe des pieds sans anicroche majeure pour la suite de leur carrière.

Voulez-vous que je vous dise ? Ce n’est pas de son Etat vampire, de ses hommes politiques ventouses et de ses patrons zombies que la France est en train de crever, mais de son mépris des valeurs intellectuelles. C’est le pays le plus platement petit-bourgeois de la grande bourgeoisie mondialisée. Deux prix Nobel cette année n’y changent rien. Nous sommes champions du monde des médailles Fields en mathématiques, mais nos enfants ne savent plus compter.

En vérité, l’Histoire sera beaucoup plus sévère pour le bilan éducatif de François Hollande que pour son bilan économique. En matière économique, et par conséquent sociale, il a droit à un tas de circonstances atténuantes : trente années de passivité de la part des gouvernements successifs, l’accumulation des déficits et de la dette, la mauvaise volonté des patrons, la carence des syndicats, la volonté du PS de tourner le dos aux réalités.

Au chapitre culturel, au contraire, il avait la voie libre pour un grand choc éducatif centré sur les questions les plus urgentes et les plus graves : la lutte contre l’illettrisme engagée naguère par Luc Ferry, la revalorisation financière et morale de la fonction enseignante, la réforme en profondeur du premier cycle de l’enseignement supérieur. Au lieu de quoi, on a vu Vincent Peillon se fracasser sur les rythmes scolaires, réduits à des amusettes périscolaires, et maintenant Najat Vallaud-Belkacem, avec ses notes remplacées par des lettres ou des gommettes de couleur.

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