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Après les menaces de mort proférées par un salafiste Mouvement de solidarité en faveur de Kamel Daoud

Publié le 19 décembre 2014 par Blanchemanche
#KamelDaoud #Liberté

Pétition, indignation et soutien. Personnalités publiques, partis politiques et citoyens dénoncent unanimement l’appel au meurtre lancé par l’imam salafiste Abdelfattah Hamadache contre le journaliste et écrivain Kamel Daoud. Des partis politiques et des organisations de défense des droits de l’homme ont apporté leur soutien à l’écrivain.
 

   Couverture du livre de Kamel Daoud paru aux éditions Barzakh.

le 18.12.14

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), «exprime son entière solidarité à Kamel Daoud et à toute l’élite intellectuelle et tient pour responsables les autorités contre toute atteinte à l’intégrité morale et physique d’un des membres de la corporation journalistique qui a payé un lourd tribut».Il considère que «le précédent est extrêmement grave et confirme la démission de l’Etat et de sa justice, incapables d’assurer la défense des citoyens contre les extrémismes et les injustices». L’ancien président du RCD, Saïd Sadi, qui indique que «le combat de Kamel Daoud nous concerne tous», a affiché sur sa page facebook que sa «solidarité à son endroit est à la fois un devoir envers un compatriote qui n’a jamais baissé la garde ni cédé à la démagogie ambiante et un engagement pour notre pays menacé par des dirigeants qui ont décidé de rejouer la scène morbide du chantage au péril intégriste pour préserver leur intérêts».Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, a exprimé, sur son compte Twitter, son «soutien à Kamel Daoud après l’outrage de la fatwa qu’il vient de subir».Le mouvement Barakat a dénoncé de son côté cette «menace» contre une plume libre. «L’oligarchie aux affaires ne semble vouloir reculer devant aucune compromission ni trahison pour sauvegarder ses intérêts. Cet appel en est la preuve que le peuple Algérien est laissé à l’abandon», écrit le mouvement sur sa page facebook.Dépôt de plainteLa Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) exprime «ses préoccupations face à la montée de l’intolérance. Elle se solidarise avec Kamel Daoud et condamne toute violence sous quelle que forme qu’elle soit» et «réaffirme le droit a l’expression pour tout citoyen et rappelle l’obligation de l’Etat à assurer la sécurité et la protection des citoyens et leurs biens».
Sur facebook, des journalistes et militants des droits de l’homme ont lancé une pétition appelant les autorités à traduire devant la justice l’auteur de la fatwa. La pétition, signée par des milliers de personnes, appelle les ministres de la Justice et de l’Intérieur à «enclencher des poursuites contre ces appels au meurtre qui nous rappellent les pires moments de l’Algérie face au GIA». «Nous condamnons avec force les appels au meurtre public de Abdelfettah Hamadache, autoproclamé chef salafiste algérien», souligne le texte.Les éditions Barzakh, qui éditent Kamel Daoud en Algérie, ont annoncé le dépôt d’une plainte devant un tribunal pour «incitation au meurtre». «C’est d’une gravité sans nom. Nous sommes totalement solidaire avec lui», écrit l’éditeur, qui demande «si la justice et l’état de droit existent encore en Algérie ou si la violence – morale, bientôt physique – est devenue la norme». Contacté, le journaliste a confirmé le dépôt d’une plainte auprès du tribunal d’Alger. Il se dit «serein» malgré la gravité de la situation. Côté officiel, aucune institution ne s’est encore prononcée sur le sujet. Et nos tentatives de joindre le ministère de la Justice ont été vaines. Ce large mouvement d’indignation n’a pas mis fin aux agissements de Abdelfattah Hamadache qui a poursuivi, hier encore, ses menaces à travers les chaînes de télévision et sites d’information. Il dit «assumer» ses propos et poursuit ses attaques contre l’écrivain.
http://www.elwatan.com/actualite/mouvement-de-solidarite-en-faveur-de-kamel-daoud-18-12-2014-281998_109.php
KAMEL DAOUD est né en 1970 à Mostaganem (Algérie). (©AFP PHOTO / BERTRAND LANGLOIS)KAMEL DAOUD est né en 1970 à Mostaganem (Algérie).  (©AFP PHOTO / BERTRAND LANGLOIS)

50 nuances de haine : la réponse de Kamel Daoud, menacé par un appel à la fatwa


50 nuances de haine

Question fascinante : d'où vient que certains se sentent menacés dans leur identité, dans leur conviction religieuse, dans leur conception de l'histoire et dans leur mémoire dès que quelqu'un pense autrement qu'eux? La peur d'être dans l'erreur les poussant donc à imposer l'unanimité et combattre la différence? De la fragilité des convictions intimes? De la haine de soi qui passe par la haine de l'Autre? De toute une histoire d'échecs, de frustrations, d'amour sans issue? De la chute de Grenade? De la colonisation? Labyrinthe.Mais c'est étrange : ceux qui défendent l'islam comme pensée unique le font souvent avec haine et violence. Ceux qui se sentent et se proclament Arabes de souche ont cette tendance à en faire un fanatisme plutôt qu'une identité heureuse ou un choix de racine capable de récoltes. Ceux qui vous parlent de constantes nationales, de nationalisme et de religion sont souvent agressifs, violents, haineux, ternes, infréquentables et myopes: ils ne voient le monde que comme attaques, complots, manipulations et ruses de l'Occident.Le regard tourné vers ce Nord qui les écrase, les fascine, les rend jaunes de jalousie. Le dos tourné à l'Afrique où l'on meurt quand cela ne les concerne pas: Dieu a créé l'Occident et eux comme couple du monde, le reste c'est des déchets. Il y a des cheikhs et des fatwas pour chaque femme en jupe, mais pas un seul pour nourrir la faim en Somalie. L'abbé Pierre n'est pas un emploi de musulman?Laissons de côté. Gardons l'œil sur la mécanique: de quoi est-elle le sens? Pourquoi l'identité est morbidité? Pourquoi la mémoire est un hurlement par un conte paisible? Pourquoi la foi est méfiance? Mais que défendent ces gens-là qui vous attaquent chaque fois que vous pensez différemment votre nationalité, votre présent ou vos convictions religieuses? Pourquoi réagissent-ils comme des propriétaires bafoués, des maquereaux? Pourquoi se sentent-ils menacés autant par la voix des autres?Etrange. C'est que le fanatique n'est même pas capable de voir ce qu'il a sous les yeux: un pays faible, un monde «arabe» pauvre et ruiné, une religion réduite à des rites et des fatwas nécrophages après avoir accouché, autrefois, d'Ibn Arabi et un culte de l'identité qui ressemble à de la jaunisse.C'est qu'il ne s'agit même pas de distinctions idéologiques, linguistiques ou religieuses: l'imbécile identitaire peut tout aussi être francophone chez nous, arabophone, croyant ou passant. Un ami expliqua au chroniqueur que la version cheikh Chemssou laïc existe aussi: avec la même bêtise, aigreur, imbécillité et ridicule. L'un parle au nom de Dieu, l'autre au nom des années 70 et de sa conscience politique douloureuse et l'autre au nom de la lutte impérialiste démodée ou du berbérisme exclusif.LIREKamel Daoud, l'homme révolté qui "ne peut pas se taire"" class="icons mpics-forward">Passons, revenons à la mécanique: de quoi cela est-il le signe? Du déni: rues sales, immeubles hideux, dinar à genoux, Président malade, une dizaine de migrants tués dans un bus sur la route du rapatriement, dépendance au pétrole et au prêche, niveau scolaire misérable, armée faiblarde du Golfe à l'océan, délinquances et comités de surveillance du croissant, corruption, viols, émeutes.Rien de tout cela ne gêne. Sauf le genou de la femme, l'avis de Kamel Daoud, le film «l'Oranais», dénoncer la solidarité assise et couchée avec la Palestine, l'Occident en général, le bikini en particulier et l'affirmation que je suis Algérien ou le cas d'Israël comme structure des imaginaires morbides.Pourquoi cela existe ? Pourquoi l'âme algérienne est-elle encerclée par une meute de chiens aigus et des ogres pulpeux?Kamel Daoud

Bio express

Né en 1970 à Mostaganem (300 km à l'ouest d'Alger), Kamel Daoud a suivi des études de lettres françaises après un bac en mathématiques. Il est journaliste au «Quotidien d'Oran» où il tient depuis douze ans la chronique la plus lue d'Algérie.Il est l'auteur de plusieurs récits dont certains ont été réunis dans le recueil «le Minotaure 504» (Sabine Wespieser éditeur, 2011) - initialement paru à Alger sous le titre «la Préface du nègre» (Barzakh, 2008) et distingué par le Prix Mohammed-Dib du meilleur recueil de nouvelles en 2008.« Meursault, contre-enquête », publié en Algérie par les Editions Barzakh en 2013 et en France par Actes Sud en 2004, est son premier roman. Récompensé par plusieurs prix, dont celui des Cinq Continents, Il a été finaliste du dernier prix Goncourt. Ce mardi 16 décembre, l'imam salafiste Abd El Fattah Hamdache a posté sur sa page Facebook, en arabe, un appel à la fatwa contre lui: "L'écrivain apostat, mécréant, algérien, 'sionisé', criminel insulte Dieu […]. Nous appelons le système algérien à le condamner à mort publiquement." Une pétition a été lancée, en Algérie, pour demander qu'il soit poursuivi en justiceInvité de  BibliObsPar Invité de BibliObsVoir tous ses articlesPublié le 17-12-2014

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