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Et viva Espana

Publié le 26 mai 2008 par Chondre

Je fais partie de la génération d’élèves a qui on a faussement affirmé que les classes Allemand première langue vivante avaient le plus fort taux de réussite. Rien ne valait la rigidité germanique. Mes parents m’ont donc forcé à apprendre la langue de Goethe dès la sixième, puis l’anglais en quatrième. Etant une véritable dinde en allemand, mes parents m’ont naturellement exporté deux fois par an outre-Rhin. Les séjours linguistiques n’ont jamais renforcé ma grammaire ou mon vocabulaire, juste mes fesses et mon ventre. Toutes les familles qui m’ont accueilli étaient de bonnes vivantes. Je passais mon temps à me gaver de sucre et de matières grasses. Le bonheur. Je n’ai donc jamais appris le moindre mot d’espagnol à l’école. Un comble car mon meilleur ami de l’époque avait des parents espagnols et était bilingue. Sa famille avait quitté l’Espagne Franquiste à la fin des années 60. Sa mère faisait des ménages et son père était peintre.

Il y avait une grande différence de qualité de vie entre la France et l’Espagne avant que le pays ne rejoigne la communauté européenne dans les années 80. Beaucoup d’immigrés vivaient chichement dans leur pays d’accueil mais avaient réussi à mettre assez d’argent de côté pour faire construire de jolies maisons dans leur pays d’origine. C’était le cas des parents de François. Ils trimaient comme des bêtes et louaient un appartement modeste à Paris. Lorsqu’ils rentraient en Espagne pendant les mois de juillet et d’août, ils avaient à leur disposition une magnifique villa dotée d’un splendide jardin et d’une piscine. Ils étaient véritablement les rois du pétrole. Le tempérament de ses parents était différent. Son père était modeste ne faisait jamais étalage d’une réussite quelconque. Sa maman un peu moins. Elle adorait parader à la messe, vêtue d’un imposant manteau de fourrure, et refiler au curé des liasses de pesetas devant une assemblée médusée. La puta.

C’est donc en leur compagnie que j’ai pour la première fois mis les pieds en Espagne. J’ai passé deux années de suite l’été en Galice, région située au nord du Portugal. Personne ne parlait français. J’ai donc été obligé de me mettre très rapidement à l’espagnol. Rien de plus facile lorsque l’on passe son temps à jouer. On commence à apprendre deux ou trois mots de base, les règles de politesse, certaines coutumes, puis à compter et enfin les gros mots et autres insultes gratinées (les seuls mots qui restent en général, hijo de puta, mierda, majicon, Cecilia Albeniz). L’apprentissage est très rapide. Je suis retourné en Espagne un peu plus tard. J’étais en seconde et mon école organisait un voyage de fin d’année à Madrid. L’ambiance était différente. J’étais en compagnie de mes amis et nous étions bien loin de nos parents. Le soir, les enseignants accompagnateurs n’étaient plus présents pour jouer au chaperon et nous surveiller, c’était la fête du slip. Olé.

L’hébergement était original. Nous étions censés être accueillis dans des familles. Deux français par foyer, pas plus. La réalité était différente. Nous étions logés dans des appartements de vieilles biques déséchées célibataires en banlieue madrilène. L’accueil fut original. Nos hôtes devaient venir nous chercher en voiture à la gare pour nous conduire dans leurs appartements. La femme qui nous hébergeait était venue en compagnie de sa meilleure amie qui logeait également deux autres élèves de notre classe. Les deux connes se sont amusé à faire la course avec leurs Seat pourries. Il arriva ce qu’il devait arriver. La course s’est brutalement arrêtée après que la voiture de notre poursuivante se fasse défoncer par un camion après avoir grillé un feu. La conductrice n’a pas été blessée. Les deux Françaises à l’arrière ont terminé aux urgences et ont connu les joie du rapatriement sanitaire. Nous avons ensuite découvert des chambres spartiates. Notre hôte était une radasse de première. Elle coupait le chauffe-eau dès que nous dépassions trois minutes sous la douche et nous forçait à conserver le papier aluminium qui servait à emballer la tortilla qui nous servait de repas de midi.

Je ne suis retourné en Espagne que bien plus tard en compagnie de Snooze, Moustic, Marylène, Cécilou et Dédé. Les grands parents de Moustic possédaient un grand appartement sur l’île de Majorque à Santa Ponca. L’appartement donnait directement sur la baie, évitant ainsi la vue sur la ville bétonnée à l’extrême, comme presque toutes la côte des Baléares. Nous y séjournions uniquement pour nous retrouver et nous détendre. Nous connaissions également les meilleurs endroits pour se baigner et profiter de plages désertes et apprécions les ballades dans l’arrière pays. En été, les îles étaient envahies par des anglais et des allemands en short. Les tour operators cassaient les prix et permettaient à des populations d’amateurs de bourrage de gueule pour pas cher sous le soleil méditerranéen. Ils sortaient en bande, buvaient jusqu’à frôler le coma éthylique et dormaient/cuvaient la journée sur la plage ou dans des hotels bunker immondes.

Wala. Je suis depuis hier à Barcelone en compagnie de Snooze, Tori et Harry. La ville pue, la bouffe est grasse, le temps est pourri, mais je suis persuadé que le séjour sera vraiment sympatoche.


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