Et si le Front National avait atteint son plafond de verre ?

C'est désormais une vérité admise par tout le monde, que plus personne n'ose contre dire : Marine Le Pen sera au second tour de la présidentielle. Il en est même qui vont jusqu'à prédire qu'elle pourrait gagner la présidentielle. Même Thomas Legrand, l'excellent chroniqueur politique de France Inter, l'a envisagé dans son (brillant) billet de mercredi (à écouter ici), reconnaissant cependant qu'il s'agissait de politique fiction.

Pourtant, dans le même billet, Thomas Legrand envisage, sans s'y appesantir outre mesure, une autre possibilité : et si, l'élection présidentielle approchant, le vote Marine Le Pen se dégonflerait telle une baudruche. Personne n'ose envisager ce scénario sérieusement, pourtant à bien y réfléchir, il mérite qu'on s'y attarde.

Pour commencer, il faut rétablir une vérité : à deux d'une élection présidentielle, aucun sondage, absolument aucun, n'a prédit avec justesse le résultat final. Si loin du but les favoris se sont toujours cassés les dents. Annoncer d'ores et déjà que Marine Le Pen sera au second tour relève donc de la boule de cristal.

Ensuite, constatons qu'il y a bel et bien une dynamique sondagière en sa faveur, dynamique confirmée dans toutes les élections partielles ou locales depuis 2012. Confirmée certes, mais à relativiser fortement à l'aune d'un scrutin présidentiel. En effet, chacun sait que les scrutins intermédiaires favorisent toujours l'abstention et le vote contestataire. Dans cette période de crise, les Français se défoulent donc à loisir.

Mais ce n'est pas tout, quand on ne parle de véritable vague en faveur du Front National, de quelle vague parle-t-on ? Si on prend les résultats de l'élection législative partielle de Troyes, le FN progresse certes de 10 points par rapport à 2012, mais l'extrême-droite (Le Pen + Mégret) faisait déjà le même score au même endroit à la présidentielle de 2002. Bref, une vague surtout médiatique.

Surtout, il est des données que tous les médias occultent. Le premier élément est que l'élection approchant, les choix vont se cristalliser, et la côte de popularité de François Hollande ne pourra donc, la peur du FN aidant que s'améliorer au fil des mois qui viennent (de toutes façons, elle ne peut plus descendre). Il pourrait même, pour une fois, avoir un peu de chance et être aidé par la chute du cours du pétrole qui apporte un d'air momentanément à l'économie française. Le second vient du fait que plus l'élection approchera, plus Marine Le Pen sera haute dans les sondages plus elle deviendra la cible privilégiée des attaques de la droite comme de la gauche. Et on peut leur faire confiance, s'ils sont nuls pour diriger la France, ils sont très doués pour dézinguer leurs adversaires.

Le troisième élément, qui est aussi le principal, est que le FN dirige désormais des collectivités locales, il aura donc lui aussi un bilan à présenter aux Français, or celui-ci, pour certaines communes du moins ne s'annonce guère. Sur les 10 maires FN, deux déjà connaissent des ennuis judiciaires (après 6 mois seulement !) et l'un d'entre eux a vu son élection invalidée. D'autres ont pris des mesures impopulaires comme la fermeture de centres sociaux (Fréjus) et d'autres encore se distinguent par leur inaction (Mantes la Ville).

Enfin, les malheurs municipaux du FN viennent rappeler une donnée évidente. Le FN n'est pas prés à gouverner, il ne posséde pas les compétences nécessaires pour l'exercice du pouvoir, et on peut compter sur la gauche comme la droite pour le marteler dans les mois qui viennent.