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Quand un Professeur s'en va

Publié le 21 décembre 2014 par Xylophon

« C'est le rôle essentiel du professeur d'éveiller la joie de travailler et de connaître. »
Albert Einstein

Quand j'étais étudiante, j'avais tendance à regarder les Professeurs comme des objets curieux. Mais je n'avais pas tous sur eux le même regard.

Il y avait les spécialistes, ceux au fait de la dernière jurisprudence mais qui ne savaient pas transmettre la connaissance. Les cours magistraux étaient alors d'un ennui mortel: la lecture dans un amphi avec une voix à peine audible questionnait souvent ma présence mais je restais désespérément écouter.

Il y avait les dilettants qui faisaient parfois oeuvre de one-man-show. Du cours annoncés, on en eu que des bribes. Des anecdotes personnelles, plus ou moins drôles venaient prendre place du savoir académique. On rigolait bien sûr mais on n'apprenait pas grand chose...

En majorité, j'eu de bons Professeurs qui faisaient cours sérieusement en étant attentif au suivi des étudiants.

Mais au delà de ces professeurs rigolos, spécialistes, normaux il y eu des Professeurs exceptionnels.

Le Professeur exceptionnel est une espèce rare que l'on rencontre peu souvent.

On entre un jour dans un amphi et le cours commence. Et là, quelque chose de différent se passe. Ce n'est pas quantifiable ou objectivable. Sans vous en rendre compte, vous êtes à la fin de chaque cours à chaque fois transformé, enrichi, enthousiasmé par ce que vous avez cru avoir compris.

Ce Professeur ouvre chez vous des portes du savoir dont vous ignoriez l'existence. Il vous donne envie d'apprendre, de comprendre, de lire, de creuser.

Il vous subjugue tant par ses connaissances encyclopédiques que par sa propension magique à les déclamer.

Car elle est là, la qualité première d'un Professeur exceptionnel, celle de dire, de d'énoncer des théories et des concepts avec une oralité facilitant la compréhension et l'appropriation.

Mais cette subjectivité d'avoir le sentiment d'avoir suivi les cours d'un Professeur rare n'est pas individuelle, elle est partagée par d'autres étudiants: il règne dans l'amphi d'un Professeur exceptionnel un silence propice à l'apprentissage, une voix forte et précise et des oreilles attentives.

Dans mon cursus d'étudiante, j'eu deux Professeurs exceptionnels. Deux Professeurs de Science Politique. Pour l'un d'entre eux, pour un dernier cours en amphi, chaque étudiant se leva et fit une standing ovation.

Pourquoi parler de cela aujourd'hui? Ce Professeur exceptionnel qui m'a fait découvrir la science politique et qui m'a sans doute évité de devenir avocate est mort à la veille de ce week-end.

http://www.letelegramme.fr/bretagne/ubo-deces-de-jacques-baguenard-prof-et-missionnaire-de-la-democratie-20-12-2014-10468766.php
http://lexilousarko.blog.fr/2010/03/04/cette-magistrature-qui-s-interroge-8116414/

Même s'il n'était qu'un Professeur, il aura pour moi, comme pour des milliers d'autres aider à l'apprentissage du savoir, au gout des études et à construction de choix d'étudiants de première année entrant à l'Université.

Quand un Professeur exceptionnel s'en va, on est donc triste.

Mais le Professeur exceptionnel est immortel car il continue à vivre au travers de tous les individus qui un jour l'ont croisé, dans cet amphithéâtre de première année, où quelque chose s'est passé.


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