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Et si les mots manquaient

Par Gentlemanw

Ce matin-là, après une nuit de lecture, de prises de notes pour ne pas oublier les fulgurances d'idées parfois un brin explosives, parfois diffuses, parfois scintillantes mais finalement sans intérêts réels, j'avais pris mon manteau, mon écharpe préférée. Douce autour de mon cou, elle me rassurait, me rappelait chaque fois ses mains, sa bouche, son parfum.

Mais pour la première fois, les mots me manquaient. Pas pour elle, mon amour était toujours là, fort, intense, parfois difficilement contrôlable, débordant et puis les palpitations redevenaient sagesse et patience, mais avec la même force vers elle.

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Les mots manquaient pour ce livre, le story board était pourtant là, les personnages patientaient entre deux chapitres, mais l'envie avait disparu. Plus de mouvements, plus de saisons, plus de nuages ou de soleil, plus rien, une page blanche. Alors j'ai pris une autre rue, celle que l'on oublie par la routine du même parcours au quotidien en sortant de chez soi.

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Etrangement, dans cette rue grise, avec si peu de boutiques, il y avait une petite échoppe aux couleurs vives, un refuge pour Alice avec quelques merveilles. Des meubles, des bibelots, des livres, des couleurs toujours, des tables pour un salon de thé, mais pas de lapin pressé. J'ai regardé la vitrine, j'ai souri à la propriétaire, seule, avec sa robe turquoise et ses collants blancs. Elle buvait du thé, lisait en attendant des clientes.

Un duo de curieuses ou d'habituées poussèrent la porte, une robe à rayures grises et blanches, un manteau blanc, la seconde avec un manteau jaune cahant une robe rouge, des collants comme un arc en ciel. Et j'ai repris mon chemin gris, sur l'asphalte triste.

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Puis il y a eu d'autres rues, des montées, des virages, des ocins inconnus de mon quartier et pourtant j'étais un piéton au quotidien. Des bistrots, des boulangeries, des magasins inutiles, des vitrines pour vendre de la laideur, des vitrines en version NOEL, des lieux souriants pour la mode, des rideaux fermés, la devanture d'un charcutier et les poulets rôtis captèrent mon bonheur gourmand. Mais la suivante, avec des chocolats, des bonbons anciens, des guimauves et quelques madeleines, me ravit totalement. Pourtant sans appétit !

Quelques rues, quelques gouttes de pluie, le froid, une envie de rentrer chez moi, et là derrière une vitre, une personne perdue dans ses rêves. Une femme, un pull gris et chaud, un gros bol de chocolat, deux cannelés, un livre, elle regardait dehors, et son reflet était merveilleux. Pas une beauté d'exception, mais ce déclic qui me donne des mots, qui fait glisser ma plume sur le papier avec vitesse. Une belle expression, une simplicité, de jolies lèvres, le rouge de ma compagne, une pensée, d'autres mots plus éparpillés. Je ne suis pas resté comme un admirateur trop persistant, j'ai souri devant elle, ailleurs.

Des rues, des porches, et déjà mon imagination prête pour mon clavier, pour libérer des phrases, pour jouer des situations. Plus de pull, mais un réveil le matin, un lit chaud, amoureuse, une chemise de voile, celle de sa compagne. Un regard perdu entre la lecture, le rayon de soleil sur la fenêtre, sur les draps et surtout vers le coeur de son amour. Un peu plus loin, pour les yeux, mais si présent en elle, dans son corps, les caresses, les bises, le parfum, ses yeux, son coeur, sa peau. Son amour présent, là avec elle.

Je débordais de mots.

Nylonement


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