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Habitat troglodytique

Publié le 27 décembre 2014 par Aelezig

Depuis la Préhistoire, l'habitat troglodytique consiste à aménager des habitats souterrains ou creusés dans le rocher à flanc de montagne. Les maisons troglodytiques sont généralement creusées dans des roches sédimentaires (calcaires, mollasse, grès, tuf, lœss, etc.) ou volcaniques (cendres, tuf tendres, etc.) sous tous les climats. De l'abri sous roche au château ou à la cité souterraine, en passant par la fonction religieuse, cette architecture revêt également de simples usages domestiques ou agricoles, et ce partout dans le monde.

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Dara, Turquie

Histoire et typologie

Les grottes naturelles ou abris sous roche ont été utilisées depuis la Préhistoire en campements généralement saisonniers. L'art pariétal au Paléolithique témoigne de cette présence de l'activité humaine dans les grottes et abris sous roche. En France, plus de 170 sites, pour la plupart dans le Sud et le Sud-Ouest se développent sur une période d'environ 26 000 ans, de l'Aurignacien (il y a 38 000 ans) à la fin du Magdalénien (il y a 12 000 ans). Les régions calcaires de France et d'Espagne offrent la plus grande densité de sites d'art pariétal, suivies par le Portugal, l'Italie, la Roumanie et l'Angleterre.

Le véritable habitat troglodytique commence avec le Néolithique, d'une protection épisodique dans une cavité rocheuse, grande ou petite, l'homme passe à un habitat plus permanent, creusé, aménagé dans la roche à la faveur d'un contexte géologique et climatique favorable. Des habitats enterrés, pas à proprement parler creusés dans la roche, complètent les possibilités d'abris avec des modes de vie comparables (par exemple aux Orcades pauvres en bois), les maisons semi-enterrées et couvertes de tourbe (Irlande, L'Anse aux Meadows de Terre-Neuve, etc.) s'en approchent en comparaison à l'habitat actuel dominant. Outre la fonction d'habitat, l'occupation devient cultuelle, funéraire, défensive et économique (stockage). Cette forme d'architecture demande de l'habileté et se trouve particulièrement adaptée aux milieux pauvres en bois d'où une assez grande densité d'habitats troglodytiques en milieu aride ou dépourvus de forêts en raison de la fraîcheur du climat ou encore de la surexploitation de leur écosystème.

Ces habitats peuvent être très profonds et comporter des kilomètres de galeries et des dizaines d'étages. La grande diversité des formes du patrimoine rupestre témoigne de la capacité de l'homme à s'adapter à son environnement. Ils peuvent avoir diverses fonctions :

  • habitat permanent
  • habitat saisonnier ou temporaire
  • usage domestique ou agricole (conservation, stockage...)
  • refuges défensifs ; la construction actuelle de villes souterraines refuges aux États-Unis (menaces nucléaires, menaces géologiques ou climatiques) témoigne de la pérennité à travers l'histoire humaine des craintes de destruction.
  • fonction cultuelle : sépulture ou sanctuaire

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Petra, Jordanie

Troglodytes contemporains

Outre l'originelle situation de refuges, de protection contre un ennemi, il peut s'agir de constructions ayant un but de protection contre la dureté du climat comme la ville souterraine de Coober Pedy en Australie évitant la chaleur torride de l'Outback ou la maison-grotte traditionnelle chinoise, le yaodong. Une des caractéristiques de cet habitat est une température tempérée et relativement constante.

Comme dans le passé, l'habitat peut être complètement souterrain ou en partie avec une part traditionnelle en applique ; l'habitat est alors semi-troglodytique, avec un toit en façade.

En France, lorsque la réhabilitation du site troglodytique est possible, une expertise par un géologue est nécessaire. À la différence d'un habitat classique, les travaux de rénovation ne nécessitent pas toujours la demande d’un permis de construire selon la surface concernée. Lorsque l'usage du lieu est modifié (d'une cave à un habitat), la transformation requiert un permis de construire.

Le patrimoine troglodytique s'inscrit dans le cadre de protection de l'héritage architectural et paysager.

En France comme dans de nombreuses autres régions du monde, le tourisme troglodytique est bien développé sous forme d'animations muséologiques, de gîtes, d'hôtels, etc. Les classements sur les listes patrimoniales contribuent à cette mutation économique. On mise de plus en plus sur ce type d'attractions ludiques et pédagogiques.

De nouvelles fonctions sont par ailleurs apparues : de relégation de populations indésirables, d’évacuation d’activités consommatrices d’espace comme les transports, des flux dangereux ou indésirables comme les eaux usées, les déchets, l'électricité, le gaz, etc. Ce monde souterrain contemporain constitue un ensemble d'espaces construits ou abandonnés sous la surface des villes actuelles. La ville souterraine a fait ses preuves à Tokyo, Montréal, Helsinki et Kansas City, etc. Amsterdam prépare une cité souterraine pour 2018.

Dans le contexte de développement soutenable et de préoccupations écologiques, l'abri troglodytique séduit par son caractère solide, étanche, isolé, extensible, relativement peu coûteux. L'habitat troglodytique comme celui en terre respire.

D'après Wikipédia


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