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Critique Ciné : Whiplash, duel de jazz

Publié le 28 décembre 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Whiplash // De Damien Chazelle. Avec Miles Teller, J.K. Simmons et Paul Reiser.


Whiplash c’est avant tout le prix du jury et le prix du public du dernier festival de Sundance. Mais c’est aussi un film à petit budget (3.3 millions de dollars) qui parvient à faire avec aussi peu quelque chose de grandiose. J’ai été bluffé par ce film mais surtout emporté. Disons que faire un film de jazz sans tomber dans le cliché du film feutré, débordant de chichis en tout genre, etc. ce n’était pas facile. Whiplash c’est tout autre chose, un film rythmé, moderne et efficace qui nous plonge dans un univers qui au fond aurait très bien pu lui faire prendre des rides instantanément. On ne peut pas dire que le jazz soit ce qu’il y a de plus accessible comme musique même si je l’apprécie à titre personnel. Quoi qu’il en soit, ce film a quelque chose de brillant qui lui donne à chaque minute qui passe encore un peu plus d’intérêt. Car c’est avant tout un film sur un duel, entre un professeur féroce et un jeune élève qui tente de vivre son rêve malgré le cauchemar que cela peut devenir pour lui. Si le film fait de son professeur quelqu’un de terrible, on peut tout de même être séduits par le fait que Whiplash ne prend jamais le parti de personne. C’est à nous de nous faire notre propre jugement.

Andrew, 19 ans, rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération. Mais la concurrence est rude au conservatoire de Manhattan où il s’entraîne avec acharnement. Il a pour objectif d’intégrer le fleuron des orchestres dirigé par Terence Fletcher, professeur féroce et intraitable. Lorsque celui-ci le repère enfin, Andrew se lance, sous sa direction, dans la quête de l’excellence...

Mais le jugement n’est pas simpliste. Bien au contraire, il est difficile de savoir s’il faut être d’accord avec le professeur ou tout simplement être comme l’élève, d’autant plus qu’il y a une certaine forme de sadisme à l’écran qui se joue. Je trouve que globalement, Damien Chazelle (Le Dernier Exorcisme Part 2, Guy and Madeline on a Park Bench) est tout de même un très bon metteur en scène. Il a réussi avec ses gros plans à ajouter une rythmique à son film, qui lui donne forcément une certaine musicalité. Je pense notamment aux scènes de batterie qui sont assez intenses. La caméra peut suivre la sueur monter de plus en plus, les mouvements des baguettes sur les divers instruments de la batterie, etc. et c’est ce genre de scènes qui rend le tout réellement intéressant à mon goût. Ensuite c’est un duo irréprochable entre un Miles Teller (The Spectacular Now, Divergent) réellement bon qui se révèle à l’écran et un J.K. Simmons (Spiderman, Juno) aussi drôle que complètement barge. D’ailleurs, ce dernier est tout de même assez sensationnel et j’aime beaucoup cet acteur pour ce qu’il n’a de cesse d’être tout au long du film, ce prof qui a un sérieux problème mais que l’on ne parvient pas forcément à comprendre tout de suite.

Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus simple non plus que de rendre un film de jazz aussi fascinant. Il y a au travers de la musique qui nous est présentée quelque chose d’intriguant. La proposition musicale et la façon dont elle est mise en scène nous donne parfois l’impression de vivre tous les moments et donne également envie de jouer à la batterie. Pas forcément jusqu’à s’en faire saigner les mains. Le but est aussi de parler du dépassement de soi et de l’obsession que peuvent avoir les grands musiciens. Le film a tout de même une morale alors que l’on nous raconte ce qui s’est passé avec un précédent élève de Fletcher mais au delà de cette morale, qui ne parvient pas vraiment à donner raison ni à l’un, ni à l’autre, il y a un film réellement intriguant et dramatique à la fois. On a parfois même l’impression d’être devant une sorte de thriller nouvelle génération car il y a énormément de questions et de réponses que l’on a envie d’attendre. Whiplash est donc une réussite complète du début à la fin, sans temps morts et sans aucun dérapage. J’en suis le premier étonné car au allant voir Whiplash je ne m’attendais pas du tout à un tel film.

Note : 10/10. En bref, brillant.


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