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l’université

Publié le 01 janvier 2015 par Pslys

L’organisation des études en France ne permet ni d’orienter efficacement les étudiants français vers les études auxquelles ils aspirent, ni de les former aux compétences dont notre société aura besoin demain. Le problème de l’orientation se pose à deux moments-clés des études supérieures : après le baccalauréat, puis après deux ou trois années d’études, au moment de l’accès aux masters universitaires, aux écoles d’ingénieurs ou aux écoles de commerce. Avec 43 % d’une classe d’âge obtenant un diplôme d’enseignement supérieur, la France se situe au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (39 %), mais légèrement en-deçà pour ce qui concerne les diplômes de type licence universitaire ou plus : 27 % en France contre 30 % en moyenne OCDE.

Le modèle éducatif français démontre sa singularité par le fait que le passage du secondaire avec l’obtention du baccalauréat donne un droit d’accès aux filières universitaires tout en ayant des objectifs et des pédagogies différents ; seule l’Université a l’obligation d’accueil de tous les bacheliers et cette même Université est tenaillée entre deux systèmes sélectifs, celui des filières courtes (IUT, DUT, etc.) et le système méritocratique des CPGE.

Depuis quelques années, on a pu observer quelques tendances et qui se confirment de plus en plus :

  • La sélectivité sociale de l’enseignement supérieur s’est accrue, laissant à sa porte une grande partie des jeunes d’origine modeste ;
  • Le niveau général de qualification s’est élevé pour suivre la vague de l’économie de la connaissance et proposer une main d’œuvre de plus en plus qualifiée afin d’accompagner la transformation structurelle du marché du travail ;
  • Le système d’enseignement supérieur est centré sur la formation initiale mais en même temps la demande pour une formation continue, c’est-à-dire à tous les stades de la vie, augmente année après année ;
  • Le renouvellement des élites est un échec cuisant pour le système éducatif français dont les élites sont toutes formées dans un même moule qu’on retrouve à tous les postes à responsabilités.

Si l’on compare avec nos voisins, on observe que dans la plupart des pays il existe deux types d’enseignement post-baccalauréat, les unes préparant leurs étudiants au monde du travail à travers des filières professionnalisantes courtes et de l’autre côté des institutions plus généralistes, plus théoriques et dont l’enseignement est en lien avec la recherche. Par ailleurs, les universités reposent sur une plus grande autonomie dans l’organisation du travail de la part des étudiants. De plus, l’accès à l’enseignement supérieur est conditionnel : il existe des procédures de sélection reposant sur des critères comme la détention d’un diplôme de type baccalauréat, un niveau mesuré par un test, la réussite à un examen, ou la présentation d’un dossier.

La sélection à l’entrée en licence

Pour être bien menée, elle doit respecter quelques impératifs. Il faut amener les établissements supérieurs vers la diversification. Diversification qui n’aura de sens que si elle affiche clairement les prérequis de chaque parcours, ses objectifs de formation, les rythmes d’apprentissage et ses débouchés. Il faut s’appuyer sur les nouvelles technologies notamment pour faciliter la reprise d’études après une période de travail salarié. Dans ce contexte d’études tardives, les parcours de licence doivent être optimisés par la validation des acquis de l’expérience et la mise en place de dispositifs permettant de suivre des études à temps partiel ou à distance. Il faut donner leur autonomie aux établissements dans le choix des critères. L’Etat doit avoir son rôle de régulateur dans cette sélection. L’Etat doit y jouer un rôle central en fixant les capacités d’accueil des étudiants dans les établissements au moyen de la répartition du budget de l’enseignement supérieur ; il validerait leurs objectifs quantitatifs et qualitatifs ; l’Etat pourrait valoriser le fait d’accueillir des bacheliers technologiques et professionnels, ou les établissements qui réussissent mieux en termes de diversité sociale ; il soutiendrait des formations à faibles effectifs dans des disciplines dites orphelines à faibles débouchés. Ainsi, c’est un véritable contrat qui lierait l’établissement et l’étudiant : l’étudiant, s’engage à fournir le travail nécessaire pour la réussite du cursus et l’institution s’engage à former l’étudiant, à le soutenir, à l’accompagner, à lui assurer les conditions nécessaires à la réussite et à lui permettre de réussir car elle a, en l’acceptant, exprimé un avis sur le fait qu’il était apte à ces études.

Le déplacement de la sélection vers l’entrée en master

C’est au passage de la dernière année de licence et de la première année de master qu’il doit y avoir respiration : année sabbatique, séjour à l’étranger, engagement associatif, service civique, projet entrepreneurial, emploi salarié avant reprise etc. Le Master est la marque de fabrique des établissements, profondément lié à leur potentiel de recherche, et donc différent d’un établissement à l’autre. Il forme à des spécialités. La spécialisation pourra prendre des colorations plus ou moins « recherche », plus ou moins « professionnelle », sans nécessiter de distinction entre des Master « pro » et des Masters « recherche ». On peut imaginer que certains parcours puissent avoir de bonnes raisons de limiter le nombre d’étudiants, notamment pour cause de débouchés trop faibles ; dans ces cas, la sélection pour ces parcours pourrait se faire dès l’entrée en Master.

Au total, la sélection après l’obtention du baccalauréat puis pour l’intégration d’un cursus Master que certains proposent devrait respecter un certain nombre de conditions : diversité de l’offre universitaire, particulièrement les rythmes de progression ; développement des possibilités de reprise d’études ; diversité des critères de sélection ; régulation par l’Etat et au niveau régional. Elle permettrait aussi d’inclure entre les deux années de master un stage long et la possibilité d’une année de césure analogue à ce que pratiquent les écoles. Enfin, elle mettrait les masters universitaires à parité avec les écoles dans le choix des étudiants sortant de licence : dans un cas comme dans l’autre l’étudiant saurait que son admission dans le cursus choisi lui donnerait des chances très fortes de réussite au diplôme.


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