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Faut-il refuser de serrer la main à un militant/une militante du FN ?

Publié le 03 janvier 2015 par Lheretique

Je dirai que toute la question que je me pose est dans mon titre. Je sais que le réveillon commun de jeunes de l'UMP et du FN a fait polémique, comme le titre le Parisien.

C'est toujours difficile de bien calibrer la relation que l'on doit entretenir avec le Front National. Pour les Socialistes, c'est la diabolisation à outrance, et, on doit leur en donner quitus, ils sont sincères. Ils considèrent vraiment que le Front National est le mal absolu.

Je me suis demandé moi-même comment je réagirais si dans mon métier, je devais serrer la main à un militant, un élu FN ou même un cadre majeur comme Philippot pour ne pas évoquer Marine Le pen elle-même.

Serrer la main, c'est évidemment accepter de voir rentrer son adversaire dans la normalité. C'est donc un risque, de fait, parce que pour ma part, je ne considère pas le Front National comme un parti normal. 

En même temps, le combat se mène sur les valeurs et les idées. Je ne partage rien des convictions du Front National, et, comme François Bayrou, je pense que ce parti cherche à diviser notre pays et tirer parti du désarroi qu'il induit. J'ajoute que son discours violemment anti-libéral et populiste me déplaît profondément d'autant que je pense que son programme économique nous conduirait droit dans le mur. 

Je m'imagine difficilement passer un réveillon avec des jeunes (ou pas, d'ailleurs) du FN : quoi leur dire ? Nous pourrions évoquer sans doute la pluie et le beau temps sur lesquels nous pourrions tomber d'accord, encore que...je les crois capables d'envisager un complot de France Météo...

Au fond, ce n'est pas tant que la seule étiquette m'empêcherait de discuter ou de trinquer ; c'est plutôt que cela risque de coincer assez vite quand on va évoquer nos idées respectives ou même quand les valeurs que nous portons respectivement vont nous échapper malgré nous, aussi bien dans le feu d'une discussion qu'à l'occasion d'une remarque anodine.

Je ne cherche pas à stigmatiser un jeune FNJ pour son étiquette, mais son choix, évidemment, m'interpelle. 

Une bise, une poignée de mains, ont une portée symbolique évidente. Elles supposent une certaine forme de reconnaissance sinon de complicité. 

Il me semble que l'on peut rester poli et courtois avec les adhérents et militants du Front National. On peut même prendre un verre avec eux, pourquoi pas. Mais on doit rester roide sur ce que l'on veut pour soi et pour la France, roide sur ce que l'on ressent, roide, enfin, sur son éthique personnelle.

Une chose est sûre : je peux être amené à serrer la main d'un militant FN si les circonstances ne prêtent pas à confusion, mais je ne pourrai m'empêcher, en mon for intérieur, de continuer à éprouver une gêne. Et même si cette gêne n'est pas formulée, elle vient de l'intérieur de moi-même, je peux même la nommer en l'analysant : je sais que c'est de la culpabilité. Je ne dis pas que l'on a forcément raison de se sentir coupable, car la culpabilité nous ronge dans bien des circonstances de bien fâcheuse manière, mais si elle est là, c'est bien qu'elle correspond à une situation moralement insatisfaisante.


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