Vins oxydatifs : du jaune et de la couleur à tous les étages

Par Maigremont

Permettez moi tout d'abord de vous souhaiter une excellente année 2015, avec le tire-bouchons en action le plus souvent possible, de belle rencontres, en abusant des bonnes choses.

C'est l'histoire d'une soirée autour des vins oxydatifs, qui n'était pas exclusivement dédiée aux vins du Jura. Bah oui, parce qu'il n'y a pas que les vins du Jura qui peuvent prétendre à un élevage oxydatif. L'Espagne, le Roussillon font partie de ces grandes terres de tradition où l'élevage version oxydatif sont légion.

La suite, en image et en texte...

Domaine la Casenove, Côtes Catalanes, "les Clares" 2007. On en parle un peu plus ICI, mais il faut savoir que ce vin issu pour moitié de grenache blanc et de roussane est élevé pendant 24 mois en fûts de chêne lituaniens avec peu d'ouillage. le nez assez fin est superbe. C'est un mélange de fruits jaunes, de notes de résine, de cire d'abeille et une pointe de vernis. La bouche est un modèle de constitution : d'abord une attaque légère sur la rondeur, le vin se renforce ensuite en prenant du volume par un gras caressant. La longueur est intéressante et signe un vin de caractère et presque atypique pour l'appellation. 

Robert et Bernard Plageolles, Gaillac blanc sec, Vin de Voile 1999. Un 100 % mauzac d'une complexité incroyable présentant une légère évolution : noix, fruits secs, de Calvados, proposant une bonne profondeur. La bouche offre du caractère, l'allonge se fait dans la finesse sur des saveurs très digestes de noix. C'est très équilibré, sans exubérance. Après 48 heures d'ouverture, cette bouteille est devenue absolument fantastique, s'accordant à merveille avec des fromages à pâtes dures.

Tio Pepe, Jerez, Palomino Fino (Espagne). Je détenais cette bouteille à la cave depuis un bon moment. Aucune indication de millésime et c'est tout à fait normal avec ce type de "tout venant", facilement trouvable dans les rayons de la GD espagnole. Très simple d'expression aromatique, mais tout de même, quelques notes citronnées et de peau de noix. Bouche presque légère, simple pour tout dire. Moyen, mais on sait que cette cuvée n'est pas faite pour être gardée très longtemps. 

Jean Macle, Côtes du Jura 2009. Beaucoup de fruit au nez, jaunes particulièrement (mirabelle + ), très propre, cristallin et net, proposant une oxydation modérée. Bouche à l'attaque presque onctueuse, lactée, très fruitée encore. Equilibre d'école, aspect classe. Finale épicée et claquante, gourmande de par sa rondeur. Très bon.

Jean Macle, Château Chalon 1998. Nez d'une grande finesse, sur des notes de bord de mer (iode, embruns) et de kumquat. La bouche est un modèle de grand vin, avec une acidité enrobée. Complèxe, figue, du gras, grande longueur. Sans faire de bruit, je suis toujours épaté par ce vin qui ne fait pas de bruit à cause de sa grande finesse et qui pourtant balaye tout sur son passage ! A moins d'un accident de bouteille, l'émotion est toujours au rendez-vous. 

Domaine des Marnes Blanches, Côtes du Jura, Vin Jaune 2005. Bon, la bouteille ne trompe pas, on sait qu'on a affaire à un "Clavecin" :) (lu il y a quelques années dans le Monde). Vous aurez rectifié de vous même, clavelin, hein... Le nez est déjà plus puissant, mais pas désagréable : raisin de corinthe, marc de vin, une pointe d'alcool à brûler. En bouche, le vin est doté d'une belle réserve de puissance, mais une parfaite acidité vient cadrer le tout et faire saliver celui qui tient le verre. Bien beau vin, à attendre en toute confiance. 

Domaine Danjou-Bannesy, "Vi-Ranci", Vin de Table Méthode Rancio sec 1984. Robe presque acajou. Nez typique d'un rancio, avec des notes pharmaceutiques et d'herbes médicinales. La bouche est très sèche, carrée presque, sur des saveurs d'huile de noix et d'olive. Pour amateur du genre, mais pour tout dire c'est assez étrange, n'ayant peut-être pas le recul suffisant pour appréhender lce style de rancios élevés longuement.

Williams & Humbert, Amontillado 12 years old (Espagne). Le nez séduisant est d'une belle complexité (vernis, figue, cuir, cerise, noix de cajou...), mais tout cela a un prix, on sent un peu l'alcool. Bouche puissante mais onctueuse, généreuse, rappelant facilement des saveurs d'un Whisky. Perturbant pour certain par son côté un peu "brut" et chaud, j'ai beaucoup aimé pour ma part. A boire au coin du feu.

Marc Parcé, Rivesaltes 1976, Elevé 37 ans. Le nez est un mélange subtil de sucre de canne, d'arômes viandés et de caramel. La bouche est assez incroyable dans l'aromatique. Tout y est sauf peut-être la panoplie de fruits à noyaux : bouillon de légumes, champignons frais, céleri, même ce riz torréfié présent dans certains thés. Bonne longueur, bel équilibre sucre/richesse/acidité. Bien.

Domaine Cazes, Rivesaltes Vintage 1990. Simple d'expression et toute sa panoplie classique de fruits noirs (cerises bigarreau, mûres, pruneaux). Simple, oui mais ce qui étonne, c'est cette jeunesse en bouche et cette impression d'un vin qui ne fait pas du tout ses 25 ans. 

Une soirée plutôt agréable quant à sa diversité. Les vins ont été repris sur le repas, comme d'hab' : muffin jurassien (Comté, Monbtbéliard, noix, page 25), train de côtes de veau sauce Vin Jaune, fromages sélectionnés pour aller avec tout ça et puis au lit. 

La dégustation suivante était consacrée à l'habituel repas de Noël, où les calepins de notes étaient rangés pour l'occasion, afin de mieux profiter du repas, du groupe et des conjoint(e)s. Et pour tout vous dire, la prochaine sera l'occasion d'un événement particulier, une occasion spéciale : en effet, notre petit groupe de dégustation (cercle de Maigremont) fêtera à la fin du mois de janvier ses 10 ans ! Put..., déjà !