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La zone euro à 19 a-t-elle un avenir ?

Publié le 07 janvier 2015 par Raphael57

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Le mois de décembre s'est caractérisé en France par une sorte de hiatus dans la réalité, du moins pour certains qui semblaient avoir oublié crise et austérité au profit d'une magie de Noël pourtant bien trop marchande. Au même moment, nos voisins belges multipliaient les manifestations contre les mesures d'austérité du nouveau gouvernement.

Cela achève de démontrer que l'austérité est devenue une politique commune au sein de la zone euro et que, dans certains pays membres, les mensonges et contrevérités en économie suffisent encore à calmer les velléités insurrectionnelles, alors même que la situation ne cesse de se dégrader sur le front socio-économique et politique à présent ! 

Mais assez curieusement, malgré les problèmes structurels qui caractérisent et condamnent à mon sens la zone euro (voir plus bas), il se trouve encore des pays pour vouloir y adhérer. Je pense évidemment à la Lituanie, qui vient de faire son entrée dans la zone euro le 1er janvier 2015.

La Lituanie adopte la monnaie unique

La Lituanie est un pays Balte qui a fait son entrée dans l'Union européenne en 2004 mais s'est fait recaler à l'adhésion à l'Euro en raison d'une inflation trop élevée. Ce n'est donc qu'à compter du 1er janvier 2015 que la Lituanie dispose de l'Euro comme monnaie officielle, soit près de 4 ans après l'Estonie et 1 an après la Lettonie.

Pays-Balte.jpg

[ Source : Le Figaro ]

Le pays est vu désormais comme un bon élève économique, puisque son taux d'inflation est très faible (comme partout en Europe du reste...), sa dette publique est inférieure à 40 % du PIB et son déficit public ne dépasse guère les 1,5 % du PIB :

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 [ Source : Les Échos ]

La zone euro au 1er janvier 2015

L'infographie suivante en dit plus long que des mots pour décrire la zone euro avec ses 19 membres et ses 335 millions d'habitants :

ZE-19.jpg

 [ Source : France Inter ]

La zone euro a-t-elle un avenir ?

Tout d'abord, la zone euro n'est pas une zone monétaire optimale (ZMO). Rappelons qu'une ZMO, d'après le critère de Mundell de 1961, se caractérise par le fait que les équilibres économiques internes (inflation, chômage) et externes (balance courante) sont plus facilement atteints avec un régime de change fixe. Pour faire simple, dire que la zone euro n'est pas une zone monétaire optimale revient à dire que la zone euro ne dispose pas d'instruments permettant de faire face à la crise que nous traversons. Cela se traduit notamment par l'incapacité de résorber les déficits structurels de la balance courante que connaissent certains pays, d'autant plus que l'inflation est très faible même dans les pays qui ont une balance courante structurellement excédentaire (je vous laisse deviner le nom de ce pays...).

Cette situation est évidemment intenable à long terme et oblige nombre de gouvernements à mettre en oeuvre des plans de dévaluation interne pour tenter de regagner en compétitivité. Ces plans, qui correspondent à une baisse de coûts salariaux et des prix dans le but d'améliorer la compétitivité d'un pays, conduisent malheureusement à une compression de l'activité et donc sur une hausse du chômage, et à la précarisation accélérée du travail, comme c'est le cas en Espagne, au Portugal et bien entendu en Grèce.

Je ne vois donc pas vraiment quel avenir peut promettre la zone euro, sachant qu'elle demande des sacrifices importants aux peuples pour un retour quasi nul : la zone est presque en déflation (c'est déjà le cas dans certains pays comme la Grèce), la croissance est toujours en berne, les promesses de créations massives d'emplois n'ont jamais quitté le stade des prévisions, les investissements ont chuté de près de 17 % depuis 2007, et surtout la confiance s'étiole... L'Euro, en fait de convergence, a surtout conduit à une divergence durable des économies au sein de la zone euro. Quant à ceux qui prétendent que la monnaie unique nous a protégé de la crise, il faudra m'expliquer en quoi puisque chômage et pauvreté explosent !

Les événements politiques à venir en Grèce et les graves difficultés que devront surmonter la France mais surtout l'Italie au premier semestre 2015, risquent fort de raviver la panique sur les places financières qui ne semblent pas encore avoir pris conscience que la monnaie unique, sous sa forme actuelle, est condamnée.

Pourquoi ne pas réfléchir dès à présent à d'autres systèmes, comme par exemple l'instauration d'une monnaie commune, sorte de réminiscence de l'ECU, qui tout en permettant d'arrimer les monnaies nationales entre-elles offriraient tout de même la flexibilité nécessaire pour dévaluer ou réévaluer ? Bien entendu, il ne s'agit pas de refaire les mêmes erreurs que par le passé, et cela devrait donc s'accompagner d'un contrôle plus stricte des flux de capitaux afin d'éviter les mouvements spéculatifs qui ont eu raison du SME en son temps.

J'avais d'ailleurs tenté de résumer quelques éléments de réflexion dans un petit vidéo-montage :

N.B : l'image de ce billet provient d'un article de RFI.


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