Magazine Humeur

Samar à bout !

Publié le 07 janvier 2015 par Delanopolis
Qu'il fait bon être oligarque en terre de France ! Aussitôt connue la décision de la Cour administrative d'appel de Paris d'interrompre le chantier de la Samaritaine, le choeur des plumitifs stipendiés, tous journaux confondus, s'est mis à pleurer sur les déboires de Bernard Arnault. Ce serait une sorte de Mozart de l'architecture que les juges assassineraient, la création en France serait entravée, notre prestige et notre crédibilité internationale seraient détruites, des milliers d'emplois tués dans l'oeuf, etc. La réalité est, comme toujours, bien différente ... Samar à bout ! Sans revenir sur tous les détails de cette affaire, que nous avons souvent évoquée, sachez que, contrairement à leurs promesses initiales, Arnault et sa bande n'ont pas réinstallé de grand magasin. Ils n'ont sans doute jamais eu en tête autre chose qu'une opération immobilière autour d'un hôtel de luxe avec quelques colifichets en termes de logements sociaux, pour donner le change avec leurs complices de la mairie de Paris.

Il s'agit certes d'un investissement privé mais il y a donc tromperie de l'opinion sur son objet.

En ce qui concerne le volet architectural, qui a vu la destruction de bâtiments de plusieurs centaines d'années, ne l'oublions pas, l'hypocrisie est, là aussi, totale. Les Delanoistes ont fait voter un plan local d'urbanisme qui prévoit que les façades des immeubles doivent respecter une certaine homogénéité esthétique rue de Rivoli, ce que le projet d'Arnault ne fait évidemment pas.

Quel que soit son mérite réel ou supposé, il s'agit d'une rupture radicale avec les façades majoritairement haussmanniennes alentours. N'importe qui aurait donc vu son permis refusé. Mais, puisqu'il s'agit de l'homme le plus puissant et riche de France, qui a ses entrées à la mairie et dans les ministères, toutes les autorisations furent obtenues. C'est un peu la même histoire que pour la fondation LVMH du bois de Boulogne où un immeuble isolé de cinquante mètres de haut, sans aucune osmose avec Paris quelle que soient ses qualités propres, a été planté au milieu d'un espace vert insigne et théoriquement protégé. Bref, au jardin d'acclimatation comme rue de Rivoli règnent le piston et le favoritisme.

Une fois n'est pas coutume, les juges ont fait prévaloir une règle qui doit s'appliquer à chacun, y compris aux milliardaires. Quelle faute de goût !

Mais, tout comme la fondation LVMH aurait été mieux à sa place sur le site de Clichy Batignolles plutôt qu'à une adresse qui satisfait Arnault pour de pures questions de prestige, ce dernier aurait tout aussi bien pu respecter l'ordonnancement de la rue de Rivoli ou implanter son hôtel ailleurs.

L'innovation architecturale et le développement économique : oui ! les prébendes et la loi du plus fort : non !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Delanopolis 94237 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines