Pour les Musulmans dont la croyance est ancrée dans la foi, le site mythique, mais réel, de la Mecque fait partie de l’imaginaire, quelque peu iconoclaste, à travers lequel les croyants, projettent, chacun, à sa manière sa vision propre des premiers temps de la Révélation. Déjà sacralisé par la Bible comme lieu d’éloignement par Abraham de son fils Ismaël et de sa mère Agar, sa servante Égyptienne, le site de la Mecque va bénéficier de la reconduction et même de la centralisation de cette sacralité, par l’inscription, dans le rituel du Pèlerinage du parcours de Hajer et son fils Ismail à la recherche de l’eau et par le jaillissement miraculeux de la source de Zemzem. Ce caractère sacré de la Kaaba, précédant l’Islam s’inscrit aussi, en négatif, dans la purification par le Prophète de ce temple polythéiste, dont il a brisé les idoles, en le dédiant à Allah l’Invisible, désormais l’Unique, et non pas la divinité la plus importante du Panthéon arabique, anté-islamique. L’Aura de la Sacralité prophétique, va rejaillir, par la suite, sur la Mecque et ses environs immédiats, ainsi que sur Yathreb, rebaptisée Al Madina et dont Mohammad fera sa capitale politique. Comme pour lier l’Islam à l’Histoire, le rite du Hajj, consiste , en plus des circumambulation autour du Cube de la Kaaba, à refaire le parcours de Hajer à la recherche de l’eau, boire à sa source, camper sur le Mont Arafat, laisser sa propre trace scripturaire sur la stèle de Jabal Errahma (Le Mont de la Miséricorde) et la lapidation de Satan (Alshaytan). Ce désir de projection du pèlerin dans le Temps d’origine, fait inclure dans les rites du Hajj, des actions non obligatoires, tel que la visite des tombes des premiers compagnons du Prophète, de sa maison quand il vivait à la Mecque ainsi que les tombes de Ahl El Beit (particulièrement pour les Chiites). Et comme pour couronner le tout, Beit Allah, la Kaaba va remplacer Jérusalem vers 645 ou 650, comme direction de prière pour les Musulmans. Ce qui va en faire le Centre du Monde et même le lieu de descente d’Adam sur terre.
Tout cela pour dire que la Sacralité du Livre, du Prophète et des personnages historiques des premiers temps de l’Islam, rejaillit nécessairement sur les Sites de La Mecque de Médine, en seconde position et de Jérusalem, considérée comme lieu de l’Ascension du Prophète, à partir du Rocher, jouxtant La Mosquée d’El Aqsa.
Un discours sacré est toujours lié à une terre que l’on dit « inspirée » et inspirante. Le désert est souvent l’espace que l’on dit propice à l’écoute du divin, les montagnes et leur grottes. Que serait l’imaginaire chrétien et hébraïque, sans les paysages dits bibliques de la Palestine antique et de ses bergers philistins ?
En procédant à la destruction et l’ensevelissement de l’espace prophétique d’Origine, les Wahabites vont transformer l’Islam que l’on dit mystique, ancré dans les réalités concrètes d’Ici-bas que l’on se doit de traverser pour pouvoir la transcender et s’ouvrir aux Lumières du Très Haut, en une religion radicalement abstraite, sans foi et réduite à l’application stricte et formelle des rites qu’ils purgent de toutes les pratiques mystiques de l’Islam populaire; dont l’ancrage s’appuie sur des références visibles, palpables et humainement vivables. Réduit à une vulgaire métaphysique du rituel et une croyance aveugle dans l’Absolu, la Troisième Religion révélée, va devenir l’instrument de l’aliénation la plus radicale qui rend tout musulman non averti perméable à toutes les manipulations possibles et imaginables. Devenus incapables de se ressourcer dans la foi réelle, les jeunes musulmans se retrouvent alors en manque absolu de spiritualité et deviennent mobilisable et manipulable, à merci .
Pour bien inscrire leur projet de vider l’Islam de sa spiritualité libératrice, comme les sionistes ont fait pour le Judaisme, les Wahabites de Saoudie ont transformé un lieu de pèlerinage et de méditation collective, en lieu d’adoration béate de la Technologie américaine moderne, érigé à la gloire de la Famille dont le Hijaz et Najd portent le nom. Regarder cette image et observez comme la Kaaba semble petite, à l’Ombre de ces tours dans lesquelles certains trouvent des résonances maçonniques « Wa Islamah » وا إسلامـــــــــــــــاه