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lettre d'un crayon blessé au Petit Prince.

Publié le 11 janvier 2015 par Stephanebigeard

David Brunat se devait de réagir avec sa plume, aux tragiques événements de Charlie Hebdo...
Voilà sa lettre d'un crayon blessé au Petit Prince paru dans le figaro.fr !!!
lettre d'un crayon blessé au Petit Prince.
FIGAROVOX/HUMEUR - Les serpents boas et les moutons continueront d'être dessinés. C'est la promesse que fait un crayon blessé de Charlie Hebdo au Petit Prince.
Cher Petit Prince,
Je ne sais pas si depuis ta petite planète ronde tu as appris ce qui était arrivé sur la mienne.
Des hommes pris de folie se sont jetés sur moi et sur d'autres crayons pour nous casser en deux.
Certains ont été brisés, les autres blessés, mais tous ceux qui aiment les crayons sont venus à notre secours.
Quel mal leur avions-nous fait ?
Les grandes personnes sont parfois si bizarres…
Le croiras-tu ?
Ces hommes cruels n'aiment pas les mots que nous formons ni les dessins auxquels nous donnons vie et couleur.
Ils n'aiment pas la vie, ils n'aiment pas les couleurs de la vie, ils sont insensibles à l'humour comme à la beauté.
Ils ne voient pas avec leur cœur.
Le croiras-tu, ô toi prince du rire ?
Ils n'aiment ni rire ni sourire; ils crient, ils hurlent, ils tuent.
«Les enfants doivent être très indulgents envers les grandes personnes», a dit le grand écrivain qui t'a fait connaître sur ma planète avec des mots inoubliables et de délicats dessins.
Mais parfois ce n'est pas possible d'être indulgent.
Il a dit aussi: «Sur la planète du petit prince, il y avait, comme sur toutes les planètes, de bonnes herbes et de mauvaises herbes. Par conséquent de bonnes graines de bonnes herbes et de mauvaises graines de mauvaises herbes».
Sur l'astéroïde B 612, ta planète, il y a des graines terribles: les graines de baobabs.
Sur la mienne, certaines graines veulent nous étouffer, c'est-à-dire nous empêcher d'écrire, de dessiner, de faire rire les gens, et tout simplement de vivre.
«Il faut faire soigneusement la toilette de la planète», as-tu confié à cet écrivain.
Il faut le faire par amour de la vie, par amour de la planète, par amour de ceux qui veulent y vivre en paix.
C'est, as-tu dit encore à cet écrivain, «une question de discipline».
Cher Petit Prince, ô prince de la poésie, sois sûr qu'avec mes amis les autres crayons, nous continuerons à te dessiner des moutons et bien d'autres images de douceur et de paix, dont ma planète a aujourd'hui tant besoin.
Nous continuerons à te dessiner des fleurs, des couchers de soleil, des oiseaux dans le ciel et des poissons dans les océans, mais aussi des gens qui rient et d'autres qui ne rient pas, des gentils et des méchants, des simples et des vaniteux, des doux et des fanatiques, des hommes et des dieux.
Et nous le ferons pour des gens qui savent rire de leurs propres ridicules comme ils savent rire des autres sans méchanceté.
Nous continuerons à dessiner le beau visage de la liberté et de la vie.
David Brunat est écrivain et conseiller en communication.
ALLEZ, au plaisir de vous lire ...

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