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Les frais astronomiques de son CPG Boursier lui coûtent 55 500$!

Publié le 11 janvier 2015 par Fabien Major @fabienmajor

Il est possible de payer plus de 55 000$ en frais pour un placement de 100 000$ . Oui, c’est authentique! Bienvenue dans l’univers des placements garantis liés aux marchés, CPG boursiers, épargne à terme indiciel et autres patentes à gosses. Si on vous a récemment offert un CPG garanti lié à la bourse ou au marché pour votre REER, CELI ou autres; ARRÊTEZ TOUT et lisez cette histoire.

Avant les fêtes, un client m’a informé de son mécontentement face à un placement qu’il a avait effectué pour sa compagnie. À la fin 2009, Gilles avait un surplus de liquidité dans son entreprise familiale. Comme à l’habitude, chaque fois que l’encaisse de son compte courant dépasse la moyenne, le personnel de son institution le harcèle au téléphone pour qu’il investisse l’excédent. Ces vendeurs à pression l’ont eu à l’usure. Ayant des centaines de milliers de dollars en réserve, il a accepté de suivre la suggestion du pseudoconseiller de produits financiers de la succursale. Il a placé 100 000$ dans un placement lié au marché boursier américain pour un terme de 5 ans. En suivant l’actualité, il s’est aussi aperçu que l’indice boursier de référence, le S&P500 grimpait de semaine en semaine et de mois en mois. Plus la fin du terme approcha, plus il se frottait les mains. Il allait sans doute réaliser le plus gros rendement de toute sa vie avec ses épargnes.

cpgboursier
Sur un gain de 87 500$, il ne lui restera que 17 098$

Le 12 novembre 2014 fut la date de clôture du calcul de la valeur de l’indice boursier de son placement garanti lié à la progression de l’indice américain 5 ans. Selon les propres calculs de l’institution, le rendement de l’indice fut de 87,5%. Mais voilà, le plafond total de rendement auquel Gilles a droit est de 32%. Ce qui fait que sur les gains de 87 500$, l’institution conserve 55 500$ et lui laisse 32 000$ d’intérêt imposable. La somme étant investie dans une incorporation à son taux maximum soit 46,57%, il ne restera à Gilles que 17 098$. « Mais c’est révoltant, je n’en reviens pas! Certains s’insurgent contre les frais financiers des fonds communs de 1,5 ou 2%, mais il y a ici une marge. C’est 10 fois pire. J’ai évalué qu’avec ce qu’il me reste, la XXXXXX a conservé l’équivalent d’un frais annuel de 9,3%. Quand je vois le salaire de leur CEO, je comprends tout maintenant! »

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Si Gilles avait investi dans un fonds commun américain ordinaire offrant le rendement total (dividendes et conversion de devises inclus), il aurait obtenu 91 000$ de gains, net de frais. Et ça, c’est la moyenne du groupe. Il y en a des dizaines d’autres qui ont mieux fait.

Depuis, le début décembre Gille ne décolère pas. Je crains que le représentant des ventes qu’il l’a servi ne devienne un cas d’espèce. Gilles entend porter plainte et amener sa cause le plus loin possible. En me fiant sur ce qu’il me raconte, Il semble évident qu’on a favorisé l’institution AVANT ses intérêts. Il y a trois éléments qui pourraient intéresser les autorités compétentes.

1-On a placé ses épargnes dans un certificat non rachetable. Dans un contexte d’incertitude économique ou encore lorsque le client est âgé de plus de 65 ans, le risque de liquidité doit être considéré. Il est hautement discutable de vendre des placements non encaissables avant terme pour des entreprises et individus du troisième âge.

2-On lui a offert un placement ayant un plafond de rendement très bas (32%) alors, qu’il existe sur le marché auprès d’autres sociétés de fiducie, compagnies d’assurance ou autres, des CPG liés aux marchés avec des plafonds de rendement maximum plus élevés et même SANS plafond du tout. Ce n’est pas tout, son placement à terme ne lui fournissait pas non plus les dividendes du S&P500. Cette composante du rendement total d’un indice est pourtant responsable de plus de 40% du rendement annuel composé historique moyen.

3-Jamais on ne lui a expliqué l’impact fiscal des placements liés aux marchés. Il s’est retrouvé à la fin avec un rendement amputé avec en prime une facture d’impôt de 14 900$. Est-ce que pour un même niveau de risque, d’autres produits plus efficaces fiscalement auraient pu lui être offerts? Certainement. Des portefeuilles diversifiés conservateurs et des fonds multi stratégies en catégorie de société, des FNB à basse volatilité, des billets liés (encaissables avant terme) auraient pu facilement doubler son gain et auraient réduit sa facture d’impôt de moitié. Ici, il n’aurait déclaré que du gain en capital au lieu de l’intérêt hautement taxable.

Vous croyez encore que tous les représentants aux ventes (je ne peux me résoudre à les qualifier de conseillers) de toutes les institutions d’envergure travaillent dans le meilleur intérêt de leur client? Jamais encore au Québec, l’obligation des employés d’institutions financières de favoriser EN PREMIER les intérêts des clients (devoir de fiduciaire) n’a été testé. J’espère que Gilles va aller jusqu’au bout. D’ordinaire, on offre une compensation forfaitaire suffisamment importante pour faire taire le plaignant afin de continuer le même manège avec d’autres clients… plus naïfs ou moins avisés.

Alors, vous voulez toujours avoir un CPG boursier? Ces produits me font penser aux garantis complémentaires des produits électroniques. Elles couvrent ce qui est déjà couvert ou sans risque et coûte la peau de fesses.


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