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Deviances

Publié le 02 mars 2014 par Débora @DeboraAnton
Ce texte a été réalisé dans le cadre de l'atelier d'écriture " Amoureux de la plume ", thème du mois de mars 2014 sur le thème des 7 péchés capitaux.

Le monde avait beaucoup dégénéré dans les débuts du 21 ème siècle. Depuis 3 décennies, les lois s'étaient durcies à l'excès. Tout acte pouvant créer des déviances du comportement et non indispensable à la vie et à l'évolution humaine était punissable.

Notre alimentation était purement végétale ; viandes, sucres et graisses était proscrits. Pour la santé du corps et de l'esprit, chaque individu devait pratiquer une activité culturelle et une activité sportive dite douce. Les sports de combat et d'équipe étaient interdits car, selon les gouvernements, ils pouvaient conduire à des comportements insultants et/ou violents.

Pour limiter le risque de comportement orgueilleux, le pouvoir et toute forme de réussite sociale était impossibles. En effet, les salaires étaient tous identiques quel que soit la profession exercée. Les couples devaient être mariés pour vivre ensemble et il était interdit de vivre seul. Tout homme ou femme non marié devait continuer de vivre chez ses parents. Pour se marier, l'homme devait avoir un travail, et le garder jusqu'à la retraite. Les femmes célibataires étaient instruites afin d'élever leurs enfants, mais le travail était réservé aux hommes. Une fois mariée, la femme passait ses journées à s'occuper des enfants, limités à deux, et de la maison. L'interdiction du travail des femmes présentait, tout de même, un avantage certain : la pauvreté n'existait pas.

Le sexe, autorisé uniquement dans le cadre de la procréation, et dans les couples mariés, devait se dérouler dans des conditions, dites respectables. Toute pratique (préliminaires, pénétration annale, fellation... ), hors de la pénétration vaginale, était proscrite. En effet, les états considéraient l'extase sexuelle comme un comportement déviant amenant immanquablement à des dérives.

Pourtant, mon mari et moi étions très attirés l'un par l'autre et nous nous adonnions, très régulièrement, à une activité sexuelle intense, bien au-delà du cadre autorisé, et source d'énormément de plaisir partagé. Nous n'avions pas encore d'enfant et nous n'en voulions pas dans l'immédiat afin de profiter au maximum l'un de l'autre. Par rapport à la législation, les contraceptifs et les IVG n'existaient plus et nous faisions très attention afin d'éviter une grossesse.

Ce soir-là, je faisais subir à mon Antoine une douce torture sensuelle, quand on frappa fortement à la porte.

- Brigade des comportements déviants, ouvrez !

Je me rhabillai à toute vitesse, courais ouvrir la porte, et Antoine fila à la salle de bain, prendre une douche.

- Où est votre mari, me dit le flic en face de moi ?

- Il est à la salle de bain, il prend une douche, pourquoi ?

- Nous avons reçu des plaintes de vos voisins. Ils entendent très régulièrement des cris de plaisir venant de votre domicile. Vous êtes le seul couple à vivre sous ce toit ?

- Oui, répondis-je, doucement.

- Dans ce cas, allez chercher votre mari.

Je courais à la salle de bain chercher Antoine, et l'avertit des plaintes des voisins.

- Et merde, me dit-il !

Pendant ce temps, le flic pénétra à l'intérieur de la maison. Quand nous revînmes vers lui, il nous questionna.

- Avez-vous des enfants ?

- Non, pas encore, dit Antoine.

- Essayez-vous d'en avoir ?

- Non, nous souhaitons attendre un peu, reprit mon époux.

- Avez-vous déjà eu une activité sexuelle ?

- Oui, répondis-je honnêtement.

- Avez-vous eu recours à des pratiques déviantes ?

- Écoutez, Monsieur l'agent, nous sommes mariés et très attirés, l'un par l'autre, rester respectables nous est impossible. Êtes-vous marié, risqua Antoine ?

- Je pose les questions, dit l'agent d'un ton très appuyé. La loi interdit les pratiques sexuelles hors de la procréation. De plus, vous venez d'avouer vous adonner à des activités répréhensibles. Je vous arrête tous les deux. Vous serez présentés devant un juge demain matin, et condamnés à une peine d'emprisonnement de 3 mois chacun. Monsieur, nous préviendrons votre employeur. Vous retrouverez votre travail à votre sortie de prison.

Ainsi, nous fûmes conduits au commissariat le plus proche et nous passâmes notre première nuit en garde à vue. Le lendemain, sans surprise, nous fûmes présentés devant un juge et condamnés à 3 mois de prison ferme chacun, dans des établissements éloignés l'un de l'autre.

La séparation fut très pénible pour l'un comme pour l'autre, alors, nous décidâmes, à notre sortie, et malgré notre forte envie l'un de l'autre, de nous en tenir à la règlementation. Nous préférions être frustrés que séparés et emprisonnés.


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