Y-a-t-il autour de vous des gens pour qui chaque obstacle est un drame?
La semaine dernière j'avais l'impression qu'à quelques exceptions près, toute la ville faisait partie de cette catégorie.
Oui, je faisais partie des SINISTRÉS SANS EAU POTABLE de la rive-sud. Une nouvelle que j'ai accueillie avec un haussement d'épaules en vidant le réservoir de la machine à café et le bol d'eau du chien pour la remplacer par de l'eau de source et en plaçant une bouteille d'eau de source en évidence sur le lavabo de la salle de bain.
Et puis voilà. C'était ça qui était ça.
La congestion des rues autour des points de distribution d'eau, les heures d'attente en file, la frustration et le stress de manquer d'eau pour faire cuire mes patates, j'ai rien senti de tout ça.
Les patates, ça se cuit aussi au four (c'est même meilleur!) et c'est pas comme si on ne mangeait pas assez de riz et de pâtes comme ça qu'on ne pouvait pas s'en passer pour une couple de jours!
Pas d'eau du tout, je l'aurais trouvé moins drôle! Mais là, même si les stocks d'eau était vides dans toutes les épiceries la ville, il suffisait de se rendre à la ville voisine (moins long que de faire la file pour avoir un 2L gratis) pour s'en procurer pour combler ses besoins de base. Aucun stress, aucun drame. À cinq plus un chien, on a survécu avec 4L sur 3 jours. Tsé. Rien pour mourir de déshydratation.
Mais en lisant les commentaires de mes concitoyens sur les réseaux sociaux ou (pire!) en les entendant dans les vox-pop et les lignes ouvertes, j'avais l'impression de vivre en zone de guerre. Impressionnant comme une situation tout à fait gérable peut s'enfler et prendre des proportions dramatiques. La propension à vouloir faire pitié et à jouer à "mon drame est pire que le tien" s'est accrue ces dernières années. Que voulez-vous, ça attire plus de "J'aime" que d'affirmer que la vie continue et que "c'est pas si pire que ça", et risquer de passer sous le radar.
Et puis l'eau est redevenue potable. Et puis on a annoncé qu'en fait, elle l'avait toujours été.
Mais non. La finale n'est pas assez dramatique. Ce matin, place au recours collectif! (non merci, je passe).