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#JESUISCHARLIE : Une liberté responsable

Publié le 21 janvier 2015 par Misteremma @misteremma

Le dimanche 11 janvier 2015, plus de 4 millions de personnes ont manifesté dans de nombreuses villes françaises contre les événements tragiques des 7, 8 et 9 janvier dernier. Les Français sont descendus dans la rue pour soutenir la liberté d’expression, leurs valeurs et montrer aux djihadistes qu’ils n’ont pas peur. Un seul slogan : « Je suis Charlie« .

Le monde avait l’impression que les actes des frères Kouachi n’avaient servi à rien. Les meurtriers de Cabu, Wolinski, Honoré avaient échoué. Charlie Hebdo était bien vivant.

Mais le mercredi 14 janvier 2015, le monde entier découvrait la une du numéro des survivants de Charlie Hebdo : un dessin de Luz montre le prophète Mahomet porter une pancarte « Je suis Charlie » avec un titre « Tout est pardonné ».

Vraiment ?

Au regard de cette carte du monde qui montre les manifestations parfois très violentes à l’égard de la France et des chrétiens, je me souviens de Luz lors de la conférence de presse de ce numéro exceptionnel édité à 3, puis à 5, puis à 7 millions d’exemplaires. Il avait le sourire d’un garnement lorsqu’il parlait de son dessin en couverture, et puis je regarde cette carte, et je me demande s’il rit encore ou s’il se sent responsable du sang coulé (Niger : 45 églises brulées, 173 blessés et 10 morts) ?

Je pense aux victimes françaises et aux chrétiens nigérians et me remémore les paroles de la chanson de Renaud, Manhattan-Kaboul (sur le 11 septembre 2001) :

Petit Portoricain
Bien intégré, quasiment New-Yorkais
Dans mon building tout de verre et d’acier
Je prends mon job, un rail de coke, un café

Petite fille Afghane
De l’autre côté de la terre
Jamais entendu parler de Manhattan
Mon quotidien c’est la misère et la guerre

Deux étrangers au bout du monde, si différents
Deux inconnus, deux anonymes, mais pourtant
Pulvérisés sur l’autel
De la violence éternelle

Je pense au Pape François qui, sourire aux lèvres, indique que « Si M. Gasbarri, qui est un grand ami, dit un gros mot sur ma mère, il doit s’attendre à recevoir un coup de poing« . Donc : tu parles, je frappe… Tu dessines, je tue ! Voici donc l’acte des terroristes de Charlie Hebdo excusé par le Pape François !

On ne peut pas provoquer, on ne peut pas insulter la foi des autres.
On ne peut pas tuer au nom de Dieu, c’est une aberration.

Mais alors que fait-on ?
Faut-il fermer les expositions trop sensibles comme viennent de le faire les autorités communales de Welkenraedt avec une exposition consacrée à la censure au travers de l’histoire ?

Tous ces événements me font me souvenir d’une installation de l’artiste Mehdi-Georges Lahlou qui interrogeait la place de la femme dans l’Islam. C’était en septembre 2009 à la T.A.G. (Bruxelles). L’installation représentait un lieu de prière, au milieu duquel se trouvait une paire de talons aiguilles rouges. Les propriétaires des lieux en concertation avec les autorités communales avaient pris la décision de démonter l’œuvre plus tôt que prévu après avoir provoqué l’indignation et la colère de certains musulmans (qui avait conduit à de lourdes dégradations des lieux).

Est-ce que la Une de Charlie Hebdo est vraiment une provocation ? La RTBf a réalisé un petit reportage sur les représentations du prophète à travers les âges et les pays : Regardez la vidéo à 12:20.

Alors faut-il ou non soutenir cette couverture ? Faut-il comme l’a fait Skynews ne pas la montrer de peur de choquer son audience ?

A la vue des récents sondages (41 points de plus pour le Président de la République Française. Record historique), les politiciens français vont garder le cap de la manifestation :
Nous n’insultons personne lorsque nous défendons nos idées, lorsque nous proclamons la liberté, au contraire, nous respectons toutes celles et tous ceux à qui nos idées s’adressent pour les faire partager (François Hollande – 70e anniversaire de l’Agence France-Presse)

françois-hollande-midi-libre-tout-est-pardonné-charlie-hebdo

… au contraire de nombreux dirigeants de ce que certains appellent le bal des hypocrites du 11 janvier 2015 qui ont déjà retourné leur veste comme le Niger, le Sénégal, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie qui ont interdit la diffusion de Charlie Hebdo (source Afrik.com).

Je pense, enfin, aux millions de lecteurs qui auront découvert pour la première fois Charlie Hebdo. Ont-ils les outils nécessaires pour appréhender l’humour satirique ? N’aurait-il pas fallu apporter un exemplaire dans les écoles pour parler, expliquer, échanger ? Ou bien est-il trop tard pour communiquer, dialoguer, confronter ? Les Éditions Dupuis ont peut-être répondu à la question en sortant un hors-série du magazine Spirou vendredi dernier : Ce numéro est utilisé dans plusieurs écoles comme élément de base pour aborder l’actualité parfois difficile à appréhender pour les plus jeunes. Même si Spirou est Charlie dans l’âme, il n’est cependant pas CHARLIE HEBDO et le ton utilisé pour défendre la liberté d’expression est peut-être plus accessible aux écoles et aux familles. (texte du communiqué de presse)


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