Magazine Cinéma

[Critique] Foxcatcher

Par Wolvy128 @Wolvy128

3-étoiles

Affiche fr foxcatcher
Inspiré d’une histoire vraie, Foxcatcher raconte l’histoire tragique et fascinante de la relation improbable entre un milliardaire excentrique et deux champions de lutte. Lorsque le médaillé d’or olympique Mark Schultz (Channing Tatum) est invité par le riche héritier John du Pont (Steve Carell) à emménager dans sa magnifique propriété familiale pour aider à mettre en place un camp d’entraînement haut de gamme, dans l’optique des JO de Séoul de 1988, Schultz saute sur l’occasion : il espère pouvoir concentrer toute son attention sur son entraînement et ne plus souffrir d’être constamment éclipsé par son frère, Dave (Mark Ruffalo). Obnubilé par d’obscurs besoins, du Pont entend bien profiter de son soutien à Schultz et de son opportunité de « coacher » des lutteurs de réputation mondiale pour obtenir – enfin – le respect de ses pairs et, surtout, de sa mère qui le juge très durement.

Près de quatre ans après Le Stratège, le réalisateur Bennett Miller reste dans l’univers sportif puisque s’il était question de baseball dans son film précédent, la lutte est cette fois au cœur de celui-ci. Cependant, plus qu’un film sur cette discipline sportive vieille de plusieurs millénaires, il s’agit avant tout d’un film de personnages. Le récit est effectivement concentré sur les trois protagonistes et en dresse un portrait absolument glaçant. En particulier d’ailleurs le personnage de John du Pont, formidablement bien incarné par Steve Carell, qui derrière son apparente bienveillance, dégage une ambiguïté extrêmement dérangeante. Semblant souffrir de troubles mentaux, les rares relations qu’il entretient sont intoxiquées par la manipulation malsaine qu’il exerce sur ses interlocuteurs. Malgré une approche un peu trop monocorde, l’acteur parvient avec beaucoup de charisme à retranscrire toute la profondeur qui le caractérise, ainsi que les nombreuses zones d’ombre qui l’entourent. Souffre-t-il d’un complexe d’infériorité lié à la pression écrasante de sa mère, ou simplement d’une homosexualité refoulée? Difficile de le dire mais cette incertitude permanente participe en tout cas grandement au questionnement du spectateur.

Photo foxcatcher
Néanmoins, si l’aspect nébuleux du personnage de John du Pont est plutôt intéressant, la façon d’introduire ses troubles psychologiques manque en revanche de subtilité et s’étire inutilement en longueur. Au bout d’un certain temps, on a effectivement la désagréable impression de voir se répéter une succession de séquences visant simplement à illustrer le désordre mental du personnage, ainsi que la perversion de ses relations, dont on est déjà pourtant pleinement conscient. Du coup, le rythme du long-métrage est inégal et l’ennui se fait parfois légèrement sentir. Heureusement, les performances du trio d’acteurs sont impressionnantes et, sans faire oublier les failles du scénario, maintiennent tout de même l’intérêt. Au-delà de la prestation étonnante de Steve Carell, Channing Tatum et Mark Ruffalo livrent en effet deux solides interprétations. Subtils et intenses, les deux comédiens réussissent plutôt bien à exprimer la complexité de la relation qu’ils entretiennent entre eux, mais aussi avec du Pont. Enfin, l’aspect formel du film est particulièrement soigné et, de par l’utilisation de tons généralement froids, colle parfaitement à l’ambiance sinistre du récit.

Pour conclure, Foxcatcher est donc un drame intéressant, qui puise principalement sa force dans les interprétations magistrales de ses trois acteurs. Son scénario pas assez travaillé et son rythme laborieux l’empêchent toutefois de s’imposer comme une œuvre véritablement marquante.



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Wolvy128 10317 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines