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Baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion : l’exécutif à nouveau en hausse après les attaques

Publié le 23 janvier 2015 par Delits

Baromètre de confiance dans l’exécutif Harris Interactive / Délits d’Opinion : Jean-Daniel Lévy répond aux questions de Délits d’Opinion

Enquête réalisée en ligne du 20 au 22 janvier 2015.  Echantillon de 1010 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l’access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

Interview de Jean-Daniel Lévy, Directeur du Département Politique-Opinion de Harris Interactive

Délits d’Opinion : +6 points pour François Hollande, + 8 pour Manuel Valls. Comment lire ces résultats ? Y-at-il un lien entre la date à laquelle l’enquête a été réalisée et les réponses des Français ?

Jean-Daniel Lévy : Avec un niveau de confiance de 31% pour le Président de la République et de 46% pour le Premier ministre, François Hollande retrouve le « score » de la mi-2013 et Manuel Valls de ses débuts à Matignon. Avec des circonstances différentes. Aujourd’hui, indéniablement, les attaques terroristes de début janvier – et notamment celle au sein de Charlie Hebdo – sont dans les esprits. Indéniablement, la gestion de crise est dans les esprits des répondants. Rappelons-nous qu’à l’issue de la séquence, et au lendemain de la marche du 11 janvier, plus de 80% des Français considéraient que la gestion des événements par Manuel Valls et François Hollande avait été « bonne ». A tel point que les Français n’ont globalement pas cédé à la panique et ne se sont pas empressés de considérer qu’ils étaient en insécurité[1]. Ce regard sur l’action passée s’accompagnait d’une forme de confiance nouvelle : celle exprimée envers l’exécutif pour faire des « propositions efficaces afin de lutter contre le terrorisme ». Le Président et le gouvernement disposaient, en l’espèce, d’un crédit plus important que celui accordé à Nicolas Sarkozy ou à Marine Le Pen.

Interrogés plus d’une semaine après les attentats, les répondants ont indéniablement délivré un jugement teinté d’émotion. Et nous pourrons voir dans les vagues futures la permanence – ou non – de ce mouvement. Reste qu’on ne peut considérer les seuls attentats comme facteurs explicatifs. François Hollande comme Manuel Valls ont vu leur confiance croitre déjà au mois de décembre. Autour, notamment, de l’idée suivante : François Hollande retrouvait une partie des traits d’image dont il était affublé au cours de la campagne de 2012 (au premier rang desquels la sympathie) et Manuel Valls ceux de la primaire citoyenne (l’autorité, la République). En deux mois, François Hollande comme Manuel Valls gagnent 13 points. Qui plus est « l’union nationale » mythifiée[2]  ne se retrouve pas dans les chiffres des enquêtes. Ainsi le clivage politique existe toujours : si 85% des personnes se déclarant proches du PS indiquent faire confiance à François Hollande (+ 10 points, + 20 en 2 mois), 3% de ceux de l’UMP daignent se positionner à l’identique. Idem, même si cela est un peu moins marqué pour le Premier ministre : 91% des sympathisants socialistes (+14 points, + 18 en deux mois) lui accordent leur confiance, 31% de ceux de l’UMP « seulement » font de même. On peut probablement lire ici les effets d’un positionnement articulé autour de la République.

Donc oui les Français répondent sous le coup de l’émotion. Un peu moins que dans les semaines ayant suivi les attentats. Probablement un peu plus que dans les jours à venir. Mais le socle d’image avait un peu évolué avant les événements tragiques.

Délits d’Opinion : A l’aune des chiffres et verbatims, peut-on dire, comme le pense Francois Hollande, que le regard des Français a changé à son égard ?

Jean-Daniel Lévy : C’est vrai dans une certaine mesure. On ne peut savoir si cela aura des effets durables. L’histoire en France (avec François Mitterrand à l’issue du déclenchement de la guerre du Golfe) ou à l’étranger (George Bush dans le cadre du début de la guerre en Irak) montre que les effets sont souvent peu durables. Reste que si l’on compare les qualificatifs évoqués spontanément ce mois-ci et en décembre dernier que constate-t-on ? Que des termes apparaissent : « décision », « capacité », « hauteur », « calme », voire la « bonne gestion de la crise ».

Dans un même élan, les critiques n’ont que peu évolué. Et ne laissent pas entrevoir, auprès des distants, de modifications profondes des jugements émis. Ici aussi, il faut considérer les évolutions entrevues avant, notamment l’attentat à Charlie Hebdo : François Hollande apparaissait sympathique pour 39% des Français (+4 en 4 mois), honnête : 38% (+4)… deux dimensions structurantes auprès de son électorat de premier tour de 2012.

Observons également la forte progression de Bernard Cazeneuve (+ 18 points, évolution sans commune mesure avec celle qu’avait pu connaitre Claude Guéant Ministre de l’Intérieur à la suite de l’affaire Mérah). Il s’agit là d’un gain indéniable de notoriété et d’appropriation de son action [17% des Français ne se prononçaient pas fin 2014 ils ne sont plus que 11%]. Le regard est positif notamment chez les sympathisants socialistes (84%, +14), Front de Gauche (57%, +11), mais encore minoritaire bien qu’en forte croissance à l’UMP (42%, +22).

Délits d’Opinion : Comment expliquer que Marine Le Pen soit en baisse alors même que l’islamisme radical constitue un de ses thèmes récurrents ?

 Jean-Daniel Lévy : Ceux qui donnent le sentiment de rompre l’unité nationale en subissent, au moins momentanément, les conséquences. On se rappelle qu’en 2013, après la libération des otages retenus au Niger, et alors qu’elle avait fait part de son malaise (du fait de leur habillement, de la coupe de leur barbe), Marine Le Pen avait vu la confiance exprimée à son égard baisser. Dans un contexte ou Dieudonné était également remis en cause, elle avait perdu une partie de son crédit. Momentanément. Par la suite, nous avions pu relever qu’il s’agissait d’une baisse conjoncturelle et non structurelle. Et que les effets politiques (négatifs) n’étaient pas si importants que cela tant dans le cadre des élections municipales que européennes.

Sur le fond, son « électorat » semble en phase avec ce qu’elle indiquait [3]: 99% des sympathisants FN lui font confiance pour « faire des propositions efficaces pour lutter contre le terrorisme », 91% estiment que les marches des 10 et 11 janvier auraient « dû être ouvertes aux dirigeants du Front National ». Et parmi les Français affirmant ne pas avoir manifesté ni avoir eu l’intention de le faire on relève une surreprésentation de sympathisants de la formation politique d’extrême-droite. Frange de population qui plus est qui mettait en avant et la « récupération politique » de la mobilisation et leur crainte à l’égard de l’Islam à la suite des attentats.

Délits d’Opinion : A droite, quelles figures politiques rassurent le plus après ces terribles événements qui ont profondément traumatisé nos compatriotes ?

Jean-Daniel Lévy : Ici aussi prenons garde à ne pas considérer d’un côté événement, de l’autre mesure, et créer un lien de cause à effet. On n’assiste pas à des bouleversements. Toutes les personnalités de Droite bénéficient d’une évolution positive. Observons que celles adeptes d’un positionnement de rassemblement sont non seulement en « tête » mais progressent fortement : Alain Juppé (54%, +4), François Bayrou (38%, +2), François Baroin (34%, +4), Bruno Lemaire (33%, +5). A Droite Alain Juppé (75%) gagne 3 points, Nicolas Sarkozy (58%) progresse de 9 points auprès de cette frange de population. Mais bénéficie d’une confiance nettement moindre que celle accordée à l’ancien Premier ministre.

[1] Sondage Harris Interactive pour LCP réalisée en ligne du 12 au 13 janvier 2015 auprès d’un échantillon de 1 203 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus

[2] http://www.huffingtonpost.fr/jeandaniel-levy/charlie-hebdo-terrorisme-marche-republicaine_b_6479746.html

[3]  Sondage Harris Interactive pour LCP réalisée en ligne du 12 au 13 janvier 2015 auprès d’un échantillon de 1 203 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus


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