Queen & Country

Publié le 18 janvier 2015 par Cinealain

Date de sortie 7 janvier 2015


Réalisé par John Boorman


Avec Callum Turner, Caleb Landry Jones, Pat Shortt,

David Thewlis, Richard E. Grant, Vanessa Kirby, Tamsin Egerton

Genre Drame


Production Britannique

Depuis Le Tailleur de Panama, en 2001, John Boorman était absent des écrans français ses deux précédents films, In My Country et The Tiger’s Tail n’étant pas sortis en France.

Queen & Country fait suite au film semi-autobiographique Hope and Glory réalisé par John Boorman en 1987. Le premier film suivait le destin d'un jeune garçon, Bill Rowan, qui subissait les affres de la Seconde Guerre mondiale dans une ville de Londres saccagée par les bombardements. Queen & Country s'intéresse au sort de ce même garçon après la Seconde Guerre mondiale. Bill Rowan effectue alors son service militaire en Corée alors que la guerre y fait rage. 

Le film s’inspire directement de la vie du réalisateur John Boorman. Ce dernier déclare qu’à l’instar du personnage principal du film, il a été "appelé deux ans sous les drapeaux comme tous les autres jeunes garçons de 18 ans en Grande-Bretagne". Il ajoute que de nombreux personnages ont été inspirés par des membres de sa famille et de ses amis de l’époque. L’histoire de Bill Rowan est donc très similaire à la sienne : "Tous les événements du film se sont déroulés de manière quasiment identique", conclut-il.

Au début des années 50, quand Elizabeth II accédait au trône.

Callum Turner

Synopsis

1952. Bill Rohan (Callum Turner)a 18 ans et l’avenir devant lui.


Pourquoi pas avec cette jolie fille qu’il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ? Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer deux années de service militaire en tant qu’instructeur dans un camp d’entraînement pour jeunes soldats anglais en partance pour la Corée.


Bill se lie d’amitié à Percy Hapgood (Caleb Landry Jones), un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire tomber de son piédestal leur bourreau : le psychorigide Sergent Major Bradley (David Thewlis)


Tous deux parviennent néanmoins à oublier l’enfermement à l’occasion de rares sorties. Ils succomberont, ente autres, aux sourires de deux jeunes femmes peu farouches. Mais comment concilier discipline et premières amours ?

Leur est-il encore possible d’y rencontrer l’âme soeur ?

John Boorman s’est plongé avec plaisir dans une époque vieille de soixante ans :

"Cela a été un réel plaisir de reconstituer tous les détails de cette époque – que ce soit le langage, le maniérisme, les vêtements et le mobilier", déclare-t-il.

Ce tournage s’est même parfois avéré troublant pour le réalisateur tant les similitudes entre les acteurs et les personnages réels étaient nombreuses :

Callum Turner et Vanessa Kirby

"Vanessa Kirby, ma soeur dans le film, lui ressemble tellement que j’avais parfois l’impression de faire un voyage dans le passé lorsqu’elle jouait ses scènes."

Le retour de John Boorman, vétéran par la Quinzaine des réalisateurs a donc fait l’effet d’une surprise, aux côtés de cinéastes plus jeunes, souvent irrévérencieux et à l’écoute des préoccupations de leur époque. Désormais, il n’est plus question de son enfance durant la deuxième guerre mondiale, mais de la fin de son adolescence, alors que le Royaume Uni s’en est allé vers un autre conflit, celui de Corée.

Le réalisateur laisse ses souvenirs vagabonder se remémorant une initiation à la vie aigre-douce, plutôt joyeuse, via deux années au service du contingent, son initiation aux amitiés contraires, à l’amour douloureux et charnel, et au patriotisme, alors que la passion du cinéma est déjà bien ancrée en lui...

"J'ai des sentiments ambivalents envers la Grande-Bretagne, dit-il. Après la guerre, l'Empire britannique s'est effondré, mais nos aînés continuaient à vivre comme si leur monde était immuable. Le couronnement de la reine Elizabeth, en 1953, est dans mon souvenir une scène très caractéristique de cet état d'esprit. Nous, les jeunes, nous voyions bien que le monde changeait. Mais en attendant, le pays se réinstallait dans ses vieilles conventions sociales: “Officers and their Ladies, NCOs and their wives, other ranks and their women…” Cette hiérarchie anachronique me paraissait insupportable. Queen & Country raconte ce moment charnière de l'histoire, que nous avons joué en miniature, dans un camp militaire. Et l'histoire d'amour avec une fille de l'aristocratie, qui avait caché son nom, c'est un souvenir personnel. Elle était un produit de sa classe, tout comme moi de la mienne."

Tamsin Egerton

De continuer : "Si un souvenir ne me semble pas vrai, je l'élimine. Quand les choses sont justes, je vois apparaître des arrière-plans que je n'avais pas vus en écrivant: les classes sociales, le déclin de l'Empire sont dans le film sans que j'aie voulu en traiter dans mon récit."


Par le cinéma, il met de l'ordre dans les peurs et le chaos qu'il laisse entrer. La trahison, la violence hantent ses films.

"La trahison est liée à ma culpabilité enfantine face à la liaison de ma mère. La taire ou la dire me faisait également traître. Quant à la violence, j'ai eu besoin de l'explorer, mais c'est surtout la réponse à la violence qui m'intéresse, la manière d'en sortir."

Extrait d'un interview recueilli par Marie-Noëlle Tranchant pour http://www.lefigaro.fr/cinema.

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Son personnage à l’écran aime dévorer les images, citer les grandes répliques qui servent d’illustrations sublimes à sa vie exaltée, et observer avec fascination les tournages, alors que l’envie de tourner le ronge déjà

Caleb Landry Jones

Si le film contient de nombreux éléments autobiographiques, John Boorman avoue avoir parfois transformé la réalité pour qu’elle soit plus cinégénique. Par exemple, le vol d’une simple horloge par le personnage de Percy dans le film ne correspond pas tout à fait à la réalité. En vérité, Percy a volé de nombreux objets pendant son service militaire et bouleversait ainsi régulièrement la vie du camp. Sa personnalité est donc différente dans le film.

Stephen McKeon qui a composé la bande originale de Queen & Country.

Le compositeur avait déjà signé la musique de la précédente réalisation de John Boorman : The Tiger's Tail.

Sources :

http://www.allocine.fr

http://www.avoir-alire.com - Frédéric Mignard

Mon opinion

Dernières images. Une caméra tourne dans le vide et s'arrête.

Clap de fin pour John Boorman ?

Dans une interview le réalisateur, l'affirme tout en rajoutant "je préfère ne pas trop m’avancer".

Avec ce long-métrage, qui souhaitons-le, ne sera pas le dernier, le réalisateur offre une suite logique au magnifique Hope and Glory. "Cela a été un réel plaisir de reconstituer tous les détails de cette époque – que ce soit le langage, le maniérisme, les vêtements et le mobilier" assure John Boorman. Plaisir partagé.

La photographie de Seamus Deasy, aux tons volontairement pastel,  plonge le spectateur dans cette époque pas si éloignée et qui pourtant semble lointaine, presque irréelle. La réalisation d'une grande finesse enchaîne les situations cocasses avec d'autres beaucoup plus intimistes, un rien mélancoliques. Des aventures personnelles qui prennent ici un intérêt tout particulier par la fidélité évidente que le réalisateur accorde ses souvenirs.

Servi par un casting parfait, du premier au dernier des seconds rôles, Queen & Country narre avec brio une tranche de vie que l'on sent d'une grande sincérité.