L'usage d'une police de caractères appropriée peut atténuer les effets de la dyslexie, un trouble spécifique de la lecture qui touche près de 10 % de la population mondiale. Mais quelle police favoriser ?
Les personnes dyslexiques sont gênées dans leur lecture, car elles peinent à identifier correctement des lettres, des syllabes ou des mots. On leur recommande alors d'utiliser des polices dont les caractères sont facilement identifiables, afin de limiter les erreurs de lecture et faciliter leur compréhension des textes.
Polices souvent recommandées
Les polices traditionnellement recommandées pour faciliter la lecture sont celles sans empatement (caractères à bâton) comme Arial, Tahoma et Verdana.
La Century Gothic fait partie des « polices de cahier », c'est-à-dire des polices recommandées pour l'apprentissage de l'écriture. Le tracé de la Myriad Pro, une police moderne conçu par Adobe, est également recommandé, ainsi que la Trebuchet MS.
Mais pour les personnes dyslexiques qui intervertissent mentalement les lettres, celles-ci présentent un tracé encore trop régulier.
Certaines personnes dyslexiques trouvent que Comic Sans, initialement conçue pour les enfants, est l'une des plus lisibles des polices Windows couramment disponibles. D'autres la trouvent trop grasse, trop enfantine ou trop informelle.
Polices spéciales dys
Souvent recommandée pour les dyslexiques, adoptée pour le marériel Montessori, Sassoon a en fait été conçue pour la lecture précoce. Tiresias a été conçue pour la déficience visuelle. Si elle est d'une bonne lisibilité, elle ne se préoccupe pas les confusions spécifiques des dyslexiques. Andika a été clairement conçue pour un usage littéraire à destination des jeunes lecteurs et est adaptée aux enfants dyslexiques.
Les recherches dans le domaine de la typographie pour aider les enfants dyslexiques sont très récentes. Depuis peu, de nouvelles polices sont spécialement conçues pour les dyslexiques. Elles sont dessinées pour limiter les erreurs de lecture en facilitant la reconnaissance des caractères. Elles se distinguent par le tracé des lettres :
- asymétrie des lettres « b » et « d », « p » et « q » ;
- distinction du « l » minuscule, du « I » majuscule et du chiffre « 1 » ;
- chasse suffisante des caractères, pour éviter la confusion de « rn » avec la lettre « m » ;
- et de bons jambages ascendants (des b, d, f, h, k, l, t, et de toutes les capitales) et descendants (des g, j, p, q, y) ;
- des lettres « g » et « a », proches de l'écriture manuscrite, etc.
Parmi celles-ci Read Regular, est conçue pour aider les personnes souffrant de dyslexie à lire et écrire plus facilement. Fondée sur Comic Sans, Lexia Readable (littéralement « lexia lisible ») est une famille de polices conçues pour une lisibilité maximale, même en petits corps de texte. Sylexiad est conçue pour les dyslexiques adultes.
La bien nommée Dyslexie est une police récente, fondée sur Comic Sans par un graphiste dyslexique, et semble « extrêmement bien accueillie par les personnes souffrant de dyslexie ». Enfin, construite sur Bitstream Vera, OpenDyslexic est une police libre facile à utiliser.
Efficacité incertaine de ces polices
Les études sur l'efficacité de polices particulières pour les personnes dyslexiques sont récentes (depuis 2005) et donnent des résultats contradictoires ou peu déterminants. Dernièrement, une étude espagnole qui compare plusieurs polices [1], courantes et spéciales, dont l'OpenDyslexic, rapporte que les meilleures polices pour les dyslexiques sont : Helvetica, Courier, Arial et Verdana… comme pour les autres lecteurs ! Les polices conçues spécialement pour les dyslexiques sont même parfois vivement critiquées : Open Dyslexic, suffisait-il d'y penser ?
Bref, il n'y a pas de repère tangible sur l'amélioration de la vitesse de lecture ou de compréhension pour les dyslexiques de n'importe quelle police : beaucoup de variabilité et peu de recommandations. S'il faut préférer les polices sans empatement, il n'y a pas, parmi elles, de police particulièrement recommandée pour les personnes dyslexiques. On fera donc simplement, sur le média web, en sorte de laisser la possibilité à chacun·e d'appliquer la police qui lui agrée.
Par contre, plus que les autres, les personnes dyslexiques sont sensibles à taille des caractères, à la longueur des lignes et à la justification. Les enfants, en particulier, préfèrent les textes « plus clairs » et « espacés », aux caractères « bien noirs » [2]. Plus que le choix de police de caractères, la macrotypographie (mise en page, marge, espaces et contrastes) est encore ce qui aide le mieux.
[1] Good Fonts for Dyslexia (PDF), de Luz Rello et Ricardo Baezo-Yates, 2013.
[2] Influence de la typographie sur l'aisance de lecture d'une population d'enfants dyslexiques (PDF), par Virginia Klein, Université Victor-Segalen Bordeaux 2, 2010.