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Têtes de Lard

Publié le 01 février 2015 par Ohmyhomme @ohmyhomme

Voici une pièce pas comme les autres! On sort des sentiers battus pour faire place à l’originalité… Le texte de cette pièce de théâtre peut se résumer en un seul mot : Boucherie. Au sens propre comme au figuré. Cette comédie dramatique de Bernard Fructus dénote avec le théâtre comique que l’on vient voir au Café de la Gare d’habitude. Autant le dire tout de suite, on voit mal comment cette pièce mise en scène par le clownesque Tim Remis pourrait ne pas marcher. Les ingrédients du succès sont là.

Le scénario est bien ficelé, avec une intrigue simple : à quelle sauce Raoul, cochon de 412 kilos, va-t-il être mangé par son propriétaire ? Un jeune boucher fougueux, fier à l’idée de pouvoir accomplir quelque chose dans sa vie. C’est sur cette première scène, apparemment paisible, que s’ouvrent les rideaux. Mais tout à coup, le public sursaute. Sueur garantie et exercice de composition réussi. Un mastodonte rose ultra-réaliste vient cogner contre le décor et grogner à notre oreille. Du jamais vu.

Du côté des humains, en revanche, tout est gris. Ils soignent leur névrose comme ils le peuvent. En fait, ce n’est pas une pièce de théâtre, c’est une tranche de vie. Ce sont la maladresse et la lâcheté humaines qui sont ici données en spectacle. Ce sont les maux de la campagne et les mots des gens rustres qui nous éclatent au visage. Parfois, un malaise traverse la salle lorsque les acteurs hurlent, s’embrassent avec fougue, fondent en sanglots ou se déchirent.

Je donne ma préférence, en toute subjectivité, au rôle de la mère, Léone, interprétée par Carole Massana. Tyrannique mais aimante, grincheuse et vieille France, elle nous fait rire du début à la fin. Mais c’est aussi Morgane Bontemps, Timothée Manesse et Loïc Legendre, la distribution tout entière, qui portent cette pièce vers l’humour souvent noir, parfois saignant, toujours grinçant. On en ressort sonnés.

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Les points forts :

- La marionnette du porc est une vraie merveille, bruitage y compris …on y croit. A demi caché par une barrière en bois qui marque son territoire, il est très grand, très gros; quelques poils bruns en duvet apparaissent sur une peau rose.

- Certaines situations sont drôles: le porc s’évanouit quant il a peur.

- La sonnerie du portable de Charlotte sonne « pola pila », et sonne souvent.

- Il faut absolument abattre ce porc en cachette des voisins, les différentes solutions envisagées (fusil, piqure…) tiennent du bon burlesque.

- La prestation de Morgane Bontemps ( Charlotte) est extraordinaire : elle joue formidablement bien le rôle d’une caissière de supermarché, en mal d’amour et de respect.

- Les comédiens n’interprètent pas les personnages! Ils les incarnent. La gestuelle et les déplacements sont sidérants.

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Âmes sensibles s’abstenir. Il faut s’accrocher, certaines scènes, situations, peuvent heurter et être vécues comme dérangeantes. Par exemple :

- La simulation de viol de Charlotte peut être difficile à supporter.

- La scène d’humiliation tirée du film  » Délivrance ».

En résumé :

Peut-être faudrait-il rappeler aux spectateurs potentiels, avant de voir cette pièce inclassable, que le Café de la Gare est comme un laboratoire, c’est un endroit où l’on propose des pièces que l’on ne voit nulle part ailleurs.

Cette pièce de théâtre est jouée tous les lundis et mardis du mois de Février 2015, au théâtre le café de la gare, à 20h30, 41 rue du temple, 75004 Paris. Métro : Hôtel de Ville, lignes : 1 ou 11. Courrez-y avant qu’il ne soit trop tard. En espérant que cette pièce trouve le succès qu’elle mérite et, du coup, elle soit prolongée.

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