Certes, dans les discours , on ne lésine pas sur les éloges de la vertu budgétaires. Tout en refusant le mot « rigueur » qui passe mal auprès de l'opinion, mais qui est tout de même de circonstance. Et Fillon ne manque pas d'argument : ne « constitutionnalise-t-on pas les équilibres budgétaires » ? Mais c'est pour 2012 ! Et la Commission, suivie en la matière par la plupart des instituts de conjoncture, fait pour la France des prévisions de déficit public en 2008 et en 2009 (2,9 % et 3 % du PIB) bien supérieures à ce que lui a annoncé Paris (2,5 % et 2 %).
Cette Commission a quelques raisons de douter : en 2007, le gouvernement français a dû se résoudre à réviser à la hausse le déficit public, passé de 2,4 % à 2,7 %. Quant à la dette publique, au sens du traité de Maastricht, elle s'élève à 1 209,5 milliards d'euros fin 2007 et son poids dans le PIB s'est accru de 0,3 point, pour s'établir à 63,9 %. Le fait que depuis près d'un quart de siècle, la France vive avec des budgets en déficit, ne constitue en rien une excuse : c'est une source supplémentaire de méfiance.
Evidemment, le gouvernement français peut toujours, comme Sarkozy l'a fait en ironisant sur les « sachant », »ceux qui prétendent savoir » mais se trompent, que ces estimations sont discutables et que « le point de croissance » espéré va finir par venir, quand les « réformes » auront faites leurs effets escomptés... Mais (et c'est un comble !), les chiffres des « autres » seraient plus facilement contestables si les « nôtres » reposaient sur des indices, des baromètres, des thermomètres au point. Or, le pays de Descartes est en panne d'instruments de mesures et d'anticipation. D'où un constat d'incapacité : la France ne peut pas « faire la clarté sur ses comptes publics. Il est vrai que même l'indice des prix (en voie de révision) est obsolète.
Comment dans ces conditions peut-on mesurer les retombées des « réformes » mises en chantier ? Coté dépenses (donc économies) et coté retombées on reste dans l'intuitif, le « piffométrique »
A cette panne d'instruments (qui nous prive de bons diagnostics macro et micro-économiques) s'ajoute une confusion, plus politique celle-là, qui est soigneusement entretenue. Le « décentralisation » de ce pays toujours hyper-centralisé fausse les données.
Cette « décentralisation » (la gauche n'est pas la seule à le regretter !) est un moyen (trop) commode pour l'Etat de se défausser sur les collectivités locales de pans entiers de politiques publiques. Notamment dans le domaine social (RMI, aide aux personnes âgées et aux handicapés). L'Etat transfère de la pression fiscale, en espérant que l'impopularité de l'impôt retombe sur les élus locaux. Surtout quand la majorité est de « l'autre camp »....
Mais quelques soient les critiques que l'on peut formuler sur la gestion des collectivités locales et territoriales, un fait est là: ces collectivités assurent aujourd'hui plus de 70 % de l'investissement public ! Que la dotation globale de fonctionnement versée par l'Etat diminue, et c'est la fiscalité locale et la qualité des prestations qui en souffrent. Sans que cela soit quantitativement apprécié d'une façon réaliste.
Un espoir : que l'on sorte du brouillard à l'occasion de cette Conférence qui avait été instituée pour « faire la clarté » les finances publiques afin d'enrayer la spirale de l'endettement.
Mais les autorités européennes (comme les citoyens français) veulent autre chose que des discours vertueux
Daniel RIOT
Magazine Europe
Finances françaises: le jour des calculettes...
Publié le 28 mai 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Un jour où les calculettes fonctionnent à plein régime dans les têtes élyséennes ...A Paris, c'est la « Conférence des finances publiques ». A Bruxelles, la France doit recevoir le carton jaune attendu pour promesses non tenues et perspectives insuffisamment dégagées. Le pacte de stabilité (et de croissance) présente quelques contraintes...que dicte aussi le simple bon sens