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Critique Ciné : Toute Première Fois, l'autre coming out

Publié le 03 février 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Toute Première Fois // De Noémie Saglio et Maxime Govare. Avec Pio Marmai, Franck Gastambide et Camille Cottin.


Grand Prix OCS et Prix d’interprétation pour Pio Marmai lors du dernier festival de comédie de l’Alpe d’Huez, Toute Première Fois partait donc déjà du bon pied pour moi. Pourtant, j’ai quelques réticences avec ce genre d’histoires où le gentil garçon tombe amoureux et laisse celui avec qui il devait se marier, pour aller voir une autre. Cela ne veut pas dire que c’est une mauvaise idée mais disons que cela ne me rassure jamais au départ. Qu’on se le dise, le succès de cette comédie tient surtout dans l’interprétation de ses comédiens et notamment de Pio Marmai qui se fait de plus en plus présent ces dernières temps et ce n’est pas pour me déplaire. Cet acteur dégage quelque chose à l’écran que l’on retrouve encore une fois pour sa première fois. Enfin, pour la première fois de Jérémie, le personnage qu’il incarne dans Toute Première Fois. C’est une idée assez intéressante que de prendre l’histoire du coming out à l’envers car je n’ai pas souvenir de l’avoir déjà vu ailleurs. C’est vrai, pourquoi si cela arrive dans un sens, cela ne pourrait pas arriver dans l’autre sens ? Je n’attendais pas grand chose de ce film si ce n’est pas l’envie d’être surpris et c’est arrivé.

Jérémie, 34 ans, émerge dans un appartement inconnu aux côtés d’Adna, une ravissante suédoise aussi drôle qu’attachante. Le début dʼun conte de fées ? Rien nʼest moins sûr car Jérémie est sur le point de se marier… avec Antoine.

L’avantage de Toute Première Fois est justement de faire tout dans la délicatesse et de ne jamais vouloir ni tomber dans la comédie lourdingue ni dans la comédie dramatique pleine de bons sentiments indigestes. Non, cette histoire s’appuie dans un premier temps que quelque chose d’actuel : le mariage gay et pose aussi une autre question actuelle : celle de l’identité. Tout le monde se pose des questions à un moment dans sa vie s’il est attiré par les filles ou par les garçons. Ce n’est pas toujours facile que de le savoir mais le charme de Toute Première Fois c’est justement de ne pas transformer Jérémie en hétéro. Après tout il a fait son coming out à 15 ans, pensant avoir raison sur sa sexualité, et il est tombé amoureux. On ne cherche pas à nous dire qu’il est devenu hétéro, juste qu’il est tombé amoureux. C’est beau car le film ne tombe pas dans les clichés et se moque même de certaines idées reçues (notamment tout ce que l’on peut trouver sur la bisexualité sur Internet et son inexistence pour beaucoup). Il y a de l’humour, parfois incisif, parfois plus cocasse (notamment grâce à Franck Gastambide - Les Gazelles - qui semble être abonné aux rôles de ce genre là et qui s’en sort très bien).

Mon seul regret est peut-être que Camille Cottin (Connasse) soit aussi mal utilisée. Elle a un pouvoir comique monstrueux mais le film ne semble jamais vraiment en faire cas. Mais l’on va dire que ce n’est pas bien grave. Côté mise en scène Noémie Saglio et Maxime Govare reprennent les codes d’une comédie française moderne sans pour autant faire des effets de mise en scène exceptionnels. Je pense que la sobriété est un choix judicieux dans le cas de ce film et que cela fonctionne même plutôt bien dans son ensemble. Toute Première Fois s’avère donc beaucoup plus intelligent que l’on aurait probablement pu le penser au premier abord. Il ne prend pas le chemin des facilités et choisi justement de poser de réelles questions sur la sexualité, sur son identité et ce qui semble nous définir dans une société qui aime bien ranger les gens dans des cases. Ici la réponse est que les cases n’existent finalement pas du tout et que l’on peut tomber amoureux de n’importe qui, même si l’on pense être gay, ou même si l’on pense être hétéro (même si pour le dernier cas, ce n’est pas le but de ce film).

Note : 7/10. En bref, une petite comédie fraîche, moderne, posant de vraies questions sans jamais tomber dans le too-much. Réussi.


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