Chronique « La Banque » (T3)
Scénario de Pierre Boisserie & Philippe Guillaume ; dessin de Malo Kerfriden,
Adultes/Adolescents
Polar historique et financier
Paru chez Dargaud le 23 janvier 2015, 48 pages couleurs, 13.99 euros
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L’histoire
Paris 1857. Dans l’immense chantier à ciel ouvert qu’est devenu Paris, sous l’élan du baron Haussmann, Victor et Théodore de Saint-Hubert font prospérer leurs affaires. Représentant la Banque Générale d’Investissement, Victor rend visite aux derniers propriétaires pauvres du quartier. C’est à coup de barres et de masses que ses hommes de main (Chafouin, La Perle, Hachoir et Crève Dieu…) mettent à la rue une famille entière.
De retour au domicile familial, ils découvrent leur père enragé. Sa soeur, Charlotte, est revenu d’Algérie, fortune faîte. Avec son fils Jacques Léoman, petit agent de change, elle manoeuvre dans l’ombre contre leurs intérêts financiers…
Ce que j’en pense
Philippe Guillaume et Pierre Boisserie nous la “rejouent “, mais différemment… Les interprètes ont changés (les trois fils de Saint-Hubert : Victor la brute, Théodore le suiveur et Eugène le prêtre) versus les deux enfants de Charlotte Léomant, (Odile, la femme de tête et Jacques, le faible), mais l’intrigue reste la même. Qui des deux branches de cette famille mangera l’autre ?
Cette nouvelle galerie de portrait (peut-être un peu trop prolifique ?) fait oublier les caractères forts et typés de la génération précédente. Avec la haine tenace alimentée par Charlotte et son frère, Christian, tous les coups sont permis !
La toile de fond historique (le “Paris” rêvé du Baron Haussmann et ses travaux pharaoniques) est passionnante et toujours aussi bien documentée. Les auteurs nous font revivre de l’intérieur ce projet qui a profondément modelé le visage de la capitale… et ses rouages bancaires.
Expulsions, spéculations, chantages et représailles violentes, les héritiers se livrent une bataille sans merci.
Entre saga familiale, drama, polar financier et aventure historique, “La Banque” flirte avec différents styles. Les contextes historique et financier extrêmement précis composent une série au goût particulier, qui décrit les différents niveaux de notre société capitaliste et ses origines.
Pour compléter ce bel ouvrage, les annexes de Philippe Guillaume apportent son lot de précisions et de révélations.
Le dessin
C’est Malo Kerfriden qui prend le relais de Julien Maffre (sur les deux premiers tomes). A lui, la tache complexe de faire vieillir les personnages d’un autre dessinateur. D’ailleurs, Malo en a fait les frais. Le dessin de ce 3e tome ayant commencé avant que le 2e ne soit fini, il a du faire des “rustines” pour plus de cohérence.
Plus réaliste et plus sombre à la fois, Malo apporte une ambiance “inquiétante” à la série. Les décors sont parfaitement reconstitués. Par contre, les portraits ont gagné en réalisme ce qu’ils ont perdu en expressivité.