Le Prix à Payer // De Harold Crooks. Documentaire.
Avec tout ce qui se passe dans le monde au sujet de la finance, on pourrait parler de l’évasion fiscale pendant des tas de documentaires de plusieurs heures. Harold Crooks tente alors de faire une synthèse de tout ce qu’il a appris dans un documentaire concis et surtout édifiant. Tout n’est pas nécessairement très esthétique ou très bien présenté mais le propos est quant à lui passionnant. On apprend des tas de choses sur l’évasion fiscale, le rôle que jouent les gouvernements de façon indirecte mais également le rôle de la City à Londres, cette partie de la ville britannique qui contrôle une grande partie des richesses du globe. On nous parler de l’implication des banques comme Barclays dans l’évasion de capitaux, sans parler d’entreprises comme Amazon ou encore Apple qui ne payent pas leurs impôts dans les pays où ils sont implantés, simplement car ce serait perdre une grande partie de leurs bénéfices. Tout ce que Harold Crooks présente dans son film est appuyé par des témoignages d’anciens membres du système fiscal mondial, des Etats-Unis à l’Europe. Ils sont libres maintenant de parler de tous les problèmes de la fiscalité dans le monde et c’est en grande partie pour cela que Le Prix à Payer est réellement enrichissant. Car il n’est pas là pour exposer des faits mais surtout pour les confirmer.
L’évasion fiscale à grande échelle, telle que les géants de la nouvelle économie la pratiquent, creuse l’écart des revenus entre les privilégiés et le reste du monde, appauvrit les classes moyennes, et affaiblit les fondations de nos sociétés. Et si le prix à payer était la mort des démocraties ?
Trois ans après Survivre au Progrès, Harold Crooks est donc de retour pour nous raconter une autre histoire, tout aussi actuelle. Sa façon de présenter le tout est assez étrange par moment, notamment car ce n’est pas le documentaire le plus léché au monde. Parfois, durant le film, je me suis dit que cela ne valait peut-être pas le coup d’aller au cinéma pour aller voir un tel film. C’est un problème que j’ai déjà eu par le passé avec des documentaires (bien que le dernier en date soit La Cour de Babel et que le cinéma s’est avérée être une très bonne expérience). Pour en revenir à Le Prix à Payer, la façon dont ce dernier nous parler de la fiscalité m’a intrigué mais Harold Crooks ne veut pas nous donner l’impression que tout cela est trop compliqué pour nous. Il vulgarise alors une grande partie des propos donnés par les témoignages et nous offre un récit concis mais explicite. Le but est que l’on comprenne comment des multinationales s’enrichissent sur le dos des pays (notamment avec le cas de l’Irlande soulevé durant le film) ou encore comment les disparités de revenus sont maintenant égales à celles que l’on trouvait durant les années 10.
La façon dont de grandes groupes optimisent leur fiscalité, c’est quelque chose que l’on ne comprend pas nécessairement. Disons que quand on nous parle de fiscalité dans les journaux ou à la télévision, il est difficile de savoir ce que tout veut réellement dire et Le Prix à Payer apparaît donc comme la réponse dont on pouvait avoir besoin. Dans un esprit très pédagogue, Harold Crooks accompagne son spectateur du début à la fin dans une aventure entrecoupée en plusieurs chapitres sur différents sujets ayant tous le même lien : l’évasion fiscale. Entre témoignages et images d’archives, Le Prix à Payer sort donc un peu de ce que l’on a pour habitude de voir et je trouve cela très appréciable. Le documentaire manque parfois de choses percutantes qui manquent, comme des chiffres qui sortent un peu du lot. On est donc parfois un peu noyé sous tout ce que Le Prix à Payer cherche réellement. De plus, la fin et ses solutions, ce n’est pas nécessairement ce que j’ai préféré non plus alors que l’on n’est plus dans la pédagogie mais simplement dans la démonstration de savoir et ce n’est pas ce que j’avais envie de voir. Au delà de tout ça, Le Prix à Payer reste intelligent et pour toute personne qui veut en savoir plus sur la fiscalité alors ce film est parfait.
Note : 6/10. En bref, un solide documentaire.