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Timbucktu d'Abderrahmane Sissako

Publié le 08 février 2015 par Xylophon

Je vais au cinéma comme je vais en voyage. J'y vais pour rencontrer la vie, les autres, l'ailleurs.

J'ai déjà ici évoquer cette distinction entre les films banals et les chefs d’œuvres sans avoir creusé ce qui fait que ces derniers resteront quand les autres s’enfuiront.

Pourquoi certains films sont comme des sacs à dos, des repères que vous portez à jamais en vous quand d'autres sont simplement de passage.

Comment définir un chef d'oeuvre. C'est compliqué parce-que subjectif, mais aussi parce-que cette émotion d'avoir vu un grand film est rare et donc difficilement qualifiable.

Mais l'avantage d'avoir vu plusieurs chef-d'oeuvre, c'est que l'on peut modestement essayer de comprendre pourquoi ces films sont restés vivants en nous.

http://lexilousarko.blog.fr/2014/01/11/tel-pere-tel-fils-de-kore-eda-hirokazu-17580589/
http://lexilousarko.blog.fr/2012/06/17/le-lecon-de-piano-de-jane-campion-13889781/

Je ne suis jamais allée en Afrique. Je ne connais ce continent qu'à travers les informations et la télévision.

http://lexilousarko.blog.fr/2014/04/17/il-faudra-repartir-18270007/

La luminosité d'un film est là comme une continuité dans les regards, dans le prolongement d'une vie qui n'abdique pas. Elle éclaire le Monde et ses acteurs d'une beauté magique. Elle transcende les paysages pour nous offrir ce Mali multidimensionnel: celui des pécheurs, des éleveurs, des joueurs des football, celui des chanteurs ou des gens silencieux, celui de ceux qui croient au ciel et de ceux qui n'y croient pas.

Les couleurs sont là pour exalter la vie. Le pourpre, le doré, l'indigo donnent à chaque personnage sa richesse, sa culture et son identité. Comme un forme de combat contre l'uniformité d'un islamisme qui veut rendre chaque individu identique et déshumanisé.

Et puis il y a la force de ces personnages montrés à l'écran. Ces femmes qui se révoltent contre l'absurdité des règles, imposées par des gens d'ailleurs. Cet iman tolérant qui combat les fondamentalistes par le coran. Et puis, le regard de Toya, la fille de Kidane, le berger éleveur de vaches. C'est ce visage qui vous hante comme vous sortez de la salle.

Enfin, il y a cette musique envoûtante, entêtante, à l'image de la leçon de piano qui séquence l'Histoire comme un habit de velours.

Ce film m'a fait pensé au livre de Jean Hasfeld "l'air de la guerre".

http://lexilousarko.blog.fr/2009/10/26/l-air-de-la-guerre-ou-etais-tu-miss-sarajevo-7250087/

"la guerre "marche à pas d'éléphant à travers les vies humaines. Hormis la destruction, elle impose la peur, l'exil ou la mort".

Humaniste ce film parle des Hommes. Malgré la barbarie, malgré la stupidité de ces terroristes, malgré les victimes, par des petites choses, l’Afrique combat.

Altruiste, ce film parle aux Hommes. Comme dans la leçon de piano, comme dans I wish, ce film résonne en nous. Toya aurait pu s’appeler Juliette ou Emma. Elle aurait pu vivre en France, au Japon ou aux Etats-Unis.

Courageux et combattant, ce film parle aux terroristes. Il y a une chose qu'ils n'auront jamais: la beauté des dunes africaines, la dignité, la culture et la richesse des habitants du Mali.


Timbuktu

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