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Religion : le « Message », pris au piège de sa doctrine islamiste

Publié le 09 février 2015 par Ralph

Mahomet

Image du prophète Mahomet selon une illustration persane d'un manuscrit ottoman du 17e siècle issue de la Bibliothèque nationale de France. Crédit photo : Ladli/Wikipédia - 12 janvier 2015

PARIS, par Ralph Bechani
Avec Samya Guettiche à Bourges

L’avènement du 2.0 et donc des réseaux sociaux est une chance inespérée pour tous ceux qui prônent un prosélytisme à la fois naïf, instinctif et parfois violent. Il suffit de surfer quelques instants sur Internet, Google, Twitter, ou encore Facebook... pour se rendre compte du formidable outil que cela représente pour diffuser son "message" et plus largement le "Message".

Le "Message", c'est donc cette doctrine qui n'est plus ni moins la colonne vertébrale de l'Islam, bien au-delà de ses cinq piliers. Lorsque l’on parle du "Message" dans l’Islam cela fait référence à la révélation que le prophète Mahomet aurait reçue dans la grotte du mont Hira.

Selon la tradition musulmane, le prophète aurait été interpellé par l’ange Gabriel qui lui ordonna de lire, alors que Mahomet était parfaitement analphabète. Qu’importe le miracle eut lieu et Mahomet pu délivrer la révélation, le "Message" à la Mecque : le Coran.

L'oeuvre constitue la feuille de route du musulman et qui témoigne que nul autre que Dieu ne peut être adoré et que Mahomet est le prophète de Dieu.

Pour les musulmans, la prière est obligatoire, jeûner pendant le mois de Ramadan, payer l'aumône et effectuer son Pèlerinage à la Mecque aussi.

En comparaison, à l'image du christianisme, tout aussi prosélyte, la religion juive est, quant à elle, originelle, immuable, et de surcroît profondément communautariste. Plus largement, il est difficile de s'en revendiquer à moins d'en avoir l'"origine", dans des conditions parfois grotesques, ou d’entrer dans un long processus de conversion.

Se convertir au judaïsme implique des dimensions identitaires, avec tout ce que l’histoire particulière de ce peuple comporte. Mais se convertir n’est pas exclu pour une personne non issue de la communauté juive. Le candidat à la conversion devra néanmoins montrer un réel intérêt et un engagement pour l’histoire d’Israël.

La demande de conversion doit également s’accompagner de la fréquentation assidue de la communauté et plus particulièrement de la synagogue.

Mais tout cela n'empêche pas Israël d'avoir en son sein une part non négligeable d'intégristes, d'extrémistes, souvent ultra-orthodoxes et parfois antisionistes, un comble pour le moins ironique pour ne pas dire paradoxal.

A l’inverse devenir musulman, catholique, protestant, voire bouddhiste est moins contraignant. Seul un passage rituel permet de se convertir: Les catholiques par le biais du baptême et les musulmans par celui de la profession de foi qui est le premier pilier de l’Islam.

Les mille est uns visages de l'Islam

Être un musulman c'est s'en revendiquer, ni plus, ni moins. Ainsi, Mohamed Merah, les frères Kouachi, ou encore Ben Laden et d'autres... étaient tout aussi musulmans que le milliard et demi de musulmans qui compose en partie notre planète. La pratique de l'Islam, modérée, radicale ou extrémiste n'est qu'un point de vue somme toute relatif.

Pour exemple, nous reconnaissons que l’intégrisme catholique ou juif est, de toute évidence, prôné par des catholiques et des juifs en l'occurrence.

Ceci dit, le nombre de musulmans dans le monde est estimé à environ 1,6 milliards alors qu'en France, selon la dernière étude d’octobre 2010 de l’Ined (Institut National des études démographiques), on en compte 2,1 millions déclarés.

Au total, sur la planète ils représentent plus de 22% de la population mondiale.

Les pays qui en comptent le plus sont: l'Indonésie, le Pakistan et le Bangladesh. C'est donc l'Asie qui regroupe le plus de musulmans.

Il est aussi important de distinguer les musulmans d'Afrique, et du Proche et Moyen Orient de ceux de l'est de l'Asie, notamment par leurs origines géographiques, culturelles, traditionnelles, et par les écoles coraniques présentes dans ces pays.

Justement, il existe deux familles de musulmans: Chiites et Sunnites. Chacune regroupe plusieurs écoles et donc de nombreuses croyances et autres pratiques plus ou moins lisibles, tant l'histoire, les mouvements de populations et les guerres de religions ont ajoutés du flou à la complexité.

Existe-il ainsi une réelle différence entre la République Islamique d'Iran, à majorité Chiites, le Royaume d'Arabie Saoudite, dominé par les Sunnites et se revendiquant du Wahhabisme ou le Salafiste et terroriste de Etat Islamique (Daesh) en Irak et en Syrie?

La frontière est difficilement perceptible mais dans tous les cas c'est la loi de la charria qui y est appliqué, d'une manière ou d'une autre. Si l'on considère également le régime de Bachar Al Assad en Syrie, conquis par la doctrine Alaouite appartenant au Chiisme, et la culture laïque de la Turquie, on comprend mieux le climat qui règne dans une partie du monde arabo-musulman.

Quoi qu’il en soit, la Charia qui, rappelons-le, constitue pour les musulmans un ensemble de normes doctrinales, sociales, culturelles et relationnelles édictées par la "Révélation" et donnant corps au fameux "Message" est reconnue par tous les musulmans.

Toujours est-il que, dresser une liste exhaustive des minorités cultuelles existant au sein même de la religion musulmane est assez complexe à dresser.

En outre, dans le Coran, quoiqu'on en pense, il ne fait pas bon d'être juif ou homosexuel voire simplement une femme. Le texte sacré des musulmans le prouve. Ainsi, concernant les femmes, dans le coran 4/32-34, il est précisé que "Les hommes ont autorité sur les femmes" et que "les femmes vertueuses sont obéissantes (à leur mari)".

Concernant l’homosexualité, le Coran les considère comme "un peuple outrancier" verset 7/80-81. Ici nous pouvons toutefois apporter une nuance à notre propos dans la mesure où aucune religion monothéiste ne tolère l’homosexualité. Enfin concernant le peuple juif, il est désigné selon le terme "les gens du livre".

Le Coran adopte une position ambivalente à l’égard du Judaïsme. Il ne reconnait pas cette religion, tout en y faisant des références bienveillantes alternées par des passages assez violents dans lesquels le peuple juif est mis en cause car il n’aurait pas reconnu Mahomet comme prophète.

Dans les faits, il est également nécessaire de présenter, en quelques mots, une autre école du Sunnisme, modérée, le Malékisme en l'occurrence. Cette autre école classique du droit des musulmans est principalement adoptée par les populations d'Afrique du Nord et d'Afrique de l'Ouest mais aussi en Égypte, au Soudan et dans certains pays du golfe Persique, comme le Koweït ou les Émirats arabes unis.

L'islam est schismatique

Le premier schisme de l'Islam s'engage dès la disparition du prophète Mahomet en 632 après JC. Une majorité de Musulmans se tournent alors vers les sunnites, ceux qui suivent la Sunna, c'est-à-dire ce que le prophète a dit, ordonné et fait. D'autres suivront Ali, le gendre et cousin de Mahomet, appelés les Chiites, Chi’a signifie partisan en arabe.

Même si les chiites affirment également suivre la sunna du Prophète, ils rejettent la législation des premiers califes et de certains compagnons, qui auraient de leur point de vue gravement altérer la véritable sunna du Prophète.

De la mort du prophète jusqu’au 12 ème siècle, pas moins de trois califats vont régner, dans un premier temps à travers divers dynasties telles que les Abbassides, les Fatimides ou les Omeyyades.

Bien plus tard, en 1924, le premier président de la République de Turquie, Mustafa Kemal Atatürk, a proclamé l'abolition de cette fonction de Calife. On la retrouve aujourd'hui incarnée en la personne de Abou Bakr al-Baghdadi dans l’avènement du groupe djihadiste, l'Etat Islamique (Daesh) en Irak et en Syrie.

"Je suis Charlie"

Ce "Message" de l'Islam - des Islams - tout aussi complexe que confus s'est donc désormais installé de manière durable dans cette blogosphère mondialisée et ultra-médiatisée. En Europe, en France, et aux quatre autre coins du monde, les points de vues sont ainsi au moins aussi aléatoires que la courbe de l'espace temps elle même, face un message troublant, inquiétant, agaçant.

Là où, nous, nés au 20e siècle n'avions nul besoin de nous justifier, nous voilà plongés dans une "guerre" contre l'islamisme radical et le fondamentalisme religieux. Ce qui laisse, peu à peu, la place à un nouvel éveil de la conscience catholique intégriste, du droit à la défense de la laïcité et de ces provocations d'autres athées comme Charlie Hebdo.

Les épisodes qui ont marqué l’actualité ces dernières années en sont le constat, dans un lourd et pesant climat d'incertitude culturelle et existentielle.

La mondialisation, les nouvelles technologies, les évolutions géopolitiques et géostratégiques n'ajoutent pas le moindre apaisement à la douleur et l'inquiétude qui traversent notre époque.

D'autant plus après les événements du 7 janvier au sein de la rédaction du journal satirique, le meurtre de Montrouge et les prises d'otages meurtrières qui ont suivi.

Une nouvelle fois, nos services de renseignements (DGSI/DGSE), ont été dépassés, plombés par des restructurations incessantes, notamment avec la fusion entre 2007 et 2012 des Renseignements Généraux (RG) et de la sécurisé intérieure (ex DST/DCRI). L'affaire Mohamed Merah à Toulouse et Montauban avait d'ailleurs laissé des traces, indélébiles.

Comment comprendre que des français, des européens, se convertissent à l'Islam pour une raison ou pour une autre, et pour certains, plus tard, plongent dans l'extrémisme voire dans le terrorisme en faisant le Djihad?

De toute évidence, même nos sociologues, nos services secrets, les philosophes, les historiens, les journalistes... sont circonspects et quasi impuissants, si ce n'est réagir en constatant les dérives identitaires d'une infime partie des populations de nos sociétés modernes.

Peut-être faudrait-il changer le "Message" à défaut de le réprimer. Chacun peut se faire son avis. Mais dans le sein de la république Française, comme l'a rappelé Jacques Chirac, l'ancien président, ces derniers jours, il faut être "implacable" face au risque terroriste.

Et pour l’actuel chef de l'Etat, d'ajouter lors de ses vœux en Corrèze, samedi 17 janvier 2015: "nous sommes un seul pays, un seul peuple, une seule France. Je ne connais pas d'autre communauté que la communauté nationale".

Le "Monde" de demain

Entre temps, ici sur notre blog, depuis le mois de septembre 2013, nous avions laissé ce monde se muer dans un climat gorgé d'espoir notamment avec le soulèvement des Printemps arabes et dans l’inquiétude d'une guerre devenue chimique en Syrie.

Par ailleurs, à l'été 2012, nous avions entre autres repris une dépêche de l'AFP montrant un recul des libertés religieuses en France et dans le monde. Un signe criant d'exaspération de nombreux croyants face à l'islamophobie notamment.

De son côté, la Tunisie a finalement résisté à une désillusion de jasmin qui n'arrivera peut-être pas, malgré des tensions internes extrêmement violentes, ainsi qu'en Libye déchiré par la guerre civile, et un Maghreb sous la menace islamiste venue du désert.

Le Mali, le Niger, l'Algérie, le Nigéria, le Cameroun, et la Mauritanie notamment font face eux aussi à une recrudescence des attaques venues d’islamistes radicaux comme Boko Haram ou Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

L'Egypte, quant à elle s'est trouvée un homme "fort" en la personne du Général Al Sissi. L'ex-chef de l'armée égyptienne avait destitué et fait emprisonner Mohammed Morsi, issu des Frères musulmans.

Dans une confusion mondiale totale, Bachar Al Assad a gardé le pouvoir à Damas. Le refus de Barack Obama d'entrer en guerre contre la Syrie en 2013, contrairement au point de vue de François Hollande, a vu émerger l'Etat Islamique, rendant ainsi illisible les divisions entre les factions terroristes historiques et les nouveaux groupuscules islamistes, qu'ils viennent d'Al Qaida, ou d'autre formations au Yémen notamment.

Un contexte qui raisonne désormais comme une nouvelle étape de la lutte contre les intégrismes et le terrorisme alors que la menace nucléaire de l'Iran n'est plus, ou presque et que l'Afghanistan tente de relever la tête après des années d'une guerre inutile.

Entre le Pakistan et l’Afghanistan, notamment via les zones tribales qui nouent les deux pays, les Talibans (étudiants islamistes) cherchent à tout prix à se refaire une santé en menant chaque jour de nouvelles attaques terroristes.

Au même moment, l'Europe retrouverait-elle ses vielles lunes en provenance de l'est du continent? L'Ukraine est en tout cas loin de la règle communément reprise depuis la fin de la 2e guerre mondiale: une paix durable en l’occurrence.

L'occasion, pour finir, de citer le philosophe Alain Finkielkraut, pas toujours clair mais souvent pertinent: "Peut être que la France n’est pas en guerre mais la guerre est en France" (source interview Itélé - 18 Janvier 2015). Renvoyant ainsi l’idée que nous partageons également, celle d’un "message" de guerre, d'une guerre imposée contre les djihadistes.

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