1.2.1 – L’agitation et les états d’agitation
L’agitation est « un trouble du comportement psychomoteur d’intensité variable traduisant un état d’excitation psychique ». C’est une manifestation extérieure, physique et motrice, elle exprime la perte de contrôle des actes et de la pensée. L’agitation est un terme générique pour décrire des comportements tels que l’excitation, la turbulence, l’hyperactivité, la fureur.
Les états d’agitation s’observent généralement chez des patients présentant une agitation incohérente, brutale et sans lien apparent avec les expressions affectives et verbales, ils reflètent un aspect bizarre et étrange. Les crises d’agitation surviennent chez les patients particulièrement excitables avec une difficulté au contrôle, une incapacité à supporter les frustrations. Dans cette dernière définition, je retrouve la situation d’appel évoquée dans l’introduction. La difficulté voire l’incapacité de Monsieur J à comprendre mes explications a généré chez lui une crise d’agitation avec passage à l’acte. En effet, les états d’agitation peuvent varier de l’instabilité à la perte totale de contrôle, avec des manifestations violentes et le risque d’actes auto ou hétéro agressifs.
L’environnement peut devenir un facteur déclenchant les états d’agitations, avec le bruit, la proximité, la surexcitation ambiante. Mais ce peut être aussi une absence de cadre, de limite dans le service ou un manque de cohérence dans une équipe. Ces états peuvent être la résultante d’incidents évoluant à bas bruit et non pris en compte ou non repérés. D’où pour l’infirmière une attention particulière sur la prévention en se fiant à l’ambiance, aux tensions qui se jouent entre les individus.
Mais l’agitation considérée comme un symptôme, a du sens et peut être l’expression d’une souffrance, d’un désespoir ou une manière de rester en lien. Ce phénomène se retrouve particulièrement chez le patient psychotique déficitaire car ne pouvant pas exprimer verbalement son mal être, c’est par le corps donc par des comportements inhabituels tels que l’agitation qu’il exprimera sa souffrance. Aussi le soignant devra décoder ce changement d’attitude et adapter son soin en fonction de l’état du patient.
En quoi l’agitation se différencie-t-elle de la violence ? Définissons la violence.
1.2.2 – La violence
Laurent MORASZ, psychiatre, psychanalyste, définie la violence comme « un fait (concret, psychique, imaginaire, moral …) né d’une interaction reposant sur une base pulsionnelle particulière qui lui donne son sens et qui génère chez la victime un vécu douloureux d’effraction (physique ou psychique)».
Il faut savoir qu’il existe deux mouvements pulsionnels différents chez les patients psychotiques : la violence fondamentale et l’agressivité. La première, décrite par Jean BERGERET, psychanalyste, est une pulsion primaire purement défensive c’est à dire que l’acte violent ne vise pas la victime pour ce qu’elle est, mais pour éloigner le danger qu’elle incarne, l’autoconservation prend le devant de la scène. Alors que l’agressivité implique la notion de plaisir, de désir de nuire, ainsi l’autre, la victime est agressée pour ce qu’elle est et ce qu’elle représente pour le sujet.
Cette distinction est nécessaire dans la compréhension des comportements violents, dans les réponses à apporter et les positionnements infirmiers à avoir. Un patient en souffrance, apeuré devenant violent pour préserver sa sécurité, ne fera pas vivre au soignant la même appréhension qu’un patient agressif qui dégage une jouissance à son geste, de même la prise en charge est différente.