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L’hypnose pour le contrôle de l’anxiété

Publié le 01 février 2015 par Darouich
L’usage de l’hypnose, comme thérapie de soutien pour le contrôle de l’anxiété, permet au patient d’avoir un meilleur contrôle sur les images intrusives associées à des symptomatologies anxieuses. L’hypnose permet au sujet de maîtriser l’anxiété qui survient lorsque des images du trauma s’imposent à lui. Cette technique a un effet de distanciation et lui permet de prendre du recul.
On peut proposer comme explication au patient que certains des symptômes dont il souffre (par exemple les flash back) proviennent du fait qu’il utilise l’hypnose sans le savoir (par la dissociation). On peut suggérer au patient qu’il a un talent pour l’hypnose et pour la dissociation qu’il peut contrôler et utiliser à son profit. Malgré son anxiété, il peut se détendre et vivre une expérience de relâchement en toute sécurité. La lévitation du bras comme les expériences d’anesthésies ou d’engourdissements d’un doigt ou de la main peuvent être utilisées comme preuves, au travers de son corps, de cette capacité à contrôler une série de sensations qu’il rencontre. En résumé, les patients peuvent apprendre comment utiliser ce talent pour leur propre guérison. Très souvent, la réponse du patient à cette affirmation est positive du fait du vécu hypnotique positif. Le rapprochement entre le vécu dissociatif post-traumatique et l’état d’hypnose peut donc servir d’explication pour que le patient puisse mieux saisir ce qui lui arrive.
La base de la technique hypnotique inclut la relaxation, la possibilité d’évoquer un lieu sûr et des suggestions.
Durant la première séance, la recherche de ce lieu sûr et relaxant permet d’ouvrir un espace où le patient se sent protégé des pensées intrusives dont il souffre. Le thérapeute lui explique les techniques d’ auto-hypnose qui peuvent aussi l’aider à mieux contrôler ses symptômes.
Cette utilisation élémentaire de l’hypnose est très souvent utile pour aider les personnes à se relaxer et à augmenter leur sentiment de bien-être. Dans cette optique, l’hypnose est considérée comme une thérapie plutôt palliative que curative. Elle aide le patient à se sentir mieux et à pouvoir développer leurs relations interpersonnelles.
Sous cet angle, l’hypnose est donc vécue comme une thérapie palliative prescrite par le thérapeute au patient. Si le contexte le permet, l’hypnose peut être plus conçue comme une collaboration entre le médecin et le patient. Le thérapeute aide alors le patient à développer le talent qu’il possède pour l’hypnose et la dissociation. Cette manière de voir les choses est encore plus efficace pour l’estime de soi.
L’hypnose est particulièrement utile pour permettre au patient d’accroître son sentiment de sécurité, d’estime de lui et de contrôle sur ses symptômes dissociatifs. Cette nouvelle ressource peut devenir un moyen efficace de lutter contre les effets du trauma.
L’hypnose comme technique pour revivre l’événement traumatique 
Dès que le patient a bien investi le traitement hypnotique et établi une relation de confiance avec le thérapeute, l’hypnose peut servir à l’aider à revivre une partie ou tout l’événement traumatique et de retrouver les éléments déniés ou refoulés. Par cet abord, l’on peut agir spécifiquement sur les rêves ou les douleurs comme symptômes cibles. Par exemple, l’on peut suggérer à un patient souffrant de cauchemars qu’il fera des rêves différents. En notant le changement survenu lors de la séance suivante, l’on peut insister sur les capacités d’évolution de la situation et présenter comme logique et évident le fait que l’on puisse avoir une influence sur les symptômes gênants dont il souffre. Il s’agit d’un procédé permettant de créer un changement puis de l’utiliser pour induire d’autres changements. Dans ce contexte, revivre l’événement traumatique ou retrouver tout ou partie de la mémoire du trauma peut l’aider à aller de l’avant.
Lorsque l’on veut aider le patient à revivre l’événement traumatique, une technique consiste à suggérer au patient particulièrement anxieux qu’il peut revivre le trauma ou se le remémorer par l’intermédiaire d’un écran de télévision, par exemple, où il revoit le film du traumatisme vécu. Pour les patients particulièrement anxieux, on peut même leurs suggérer qu’ils peuvent à tout moment stopper ce film en arrêtant l’image vidéo. En début de séance, on leur fait tester ce système en leur suggérant qu’ils ont une télécommande de la vidéo dans la main et qu’ils peuvent à tout moment arrêter l’image et se retrouver dans un lieu sûr et réconfortant. Le patient raconte alors ce qu’il voit sur l’écran. La relation thérapeutique joue un rôle essentiel dans ce type de travail. Le patient doit se sentir particulièrement en confiance pour parvenir à surmonter son anxiété. Il doit être convaincu que le thérapeute joue un rôle à la fois protecteur et bienveillant. Le thérapeute ne cherche pas à tous prix à faire revivre le traumatisme. Il aide le patient à pouvoir maîtriser le vécu traumatique d’impuissance, de terreur et d’effroi qui le hante. Cette double dissociation permet de rassurer suffisamment le patient pour qu’il puisse revivre le trauma.
L'hypnose comme technique d’abréaction 
En hypnose, l’abréaction est la technique qui consiste à permettre au patient de revivre le trauma et les affects qui y sont associés. Cette technique est plus particulièrement utile dans les soins post-immédiats mais peut également s’appliquer pour les cas de stress post-traumatique. Elle permet de retrouver des éléments oubliés ou réprimés du traumatisme et de les réintégrer dans le vécu du sujet. Il n’est pas suffisant que le patient revive le traumatisme une nouvelle fois. Le succès de la technique d’abréaction doit induire une nouvelle vision de la situation traumatique et du vécu affectif. La relation thérapeutique joue donc un rôle majeur dans cette modification de la perception du vécu traumatique. Le patient n’est plus seul face à son expérience comme lors du trauma. Il doit pouvoir maîtriser les affects qui y sont liés et retrouver une maîtrise sur ses émotions, en particulier, sur la peur, l’effroi et/ou la colère. Cette possibilité de contrôler à nouveau ses émotions redonnent au patient une estime de lui-même qu’il avait perdu. La maîtrise de ses émotions entraîne la réintégration du temps du trauma au temps actuel.
Comme exemple : le passager d’un avion ayant vécu un incident de vol particulièrement marquant ne pouvait pas se remémorer l’atterrissage de l’appareil. Durant la transe hypnotique, il a pu revivre l’atterrissage et sa sortie de l’avion ainsi que les émotions qui sont alors apparues. Il a pu les revivre en les maîtrisant.
Il est aussi possible de modifier l’événement traumatique. La technique consiste également à permettre au patient d’utiliser cette nouvelle ressource qu’est l’hypnose pour revivre différemment le traumatisme. Par exemple, lors d’un accident de voiture où une personne accidentée a vu dans son rétroviseur un autre véhicule le percuter par l’arrière alors qu’elle se trouvait arrêtée à un feu. On peut lui suggérer, ou elle peut elle-même imaginer, sous hypnose, des manœuvres d’évitements ou de pouvoir sortir de son véhicule. On peut aussi lui suggérer d’exprimer au conducteur de l’autre voiture, la colère qu’elle n’a pas pu exprimer sur le moment. On peut aider le patient à modifier des éléments du trauma pour les rendre moins dramatiques en lui permettant de « défocaliser » son attention de l’événement traumatique. Par exemple, lorsqu’un patient a été terrifié lors d’un attentat où des personnes sont mortes autour de lui. On peut lui faire revoir la scène en lui permettant de constater que toutes les personnes ne sont pas mortes ou blessées, que des victimes ont survécu ou de revivre le moment où il s’est senti hors de danger et soulagé. En résumé, par la technique hypnotique, l’on peut ouvrir une « porte de sortie » ou les émotions vécues lors du traumatisme pourront être évacuées.
Cette approche par l’hypnose aide à intégrer le traumatisme et à le dépasser. Pour le patient souffrant de stress-traumatique, le temps du traumatisme est le temps investi alors que le temps biologique est partiellement désinvesti. Nous percevons le temps en fonction d’événements particulièrement marquants qui nous permettent de nous orienter temporellement dans notre vécu (comme par exemple la naissance d’un enfant, un mariage, un deuil, etc.). Le trauma a un effet désorganisateur sur la personnalité. Il fait effraction dans le moi du sujet et détruit momentanément l’intégrité psychique de la victime. Les défenses habituellement utilisées sont momentanément, vu l’intensité de la réaction psychique, inefficaces. L’événement traumatique envahit tout le champ de la pensée et a un effet d’obnubilation de la conscience. Cela induit chez la personne traumatisée une incapacité momentanée à percevoir autre chose que l’événement traumatique. Le trauma suscite un sentiment subjectif de torpeur, de détachement ou d’absence de réactivité émotionnelle ainsi qu’une réduction de la conscience. Le monde externe est vécu comme étrange. Un vécu dissociatif apparaît sous forme d’une impression de détachement et d’éloignement de soi-même. Le sujet est confronté à l’effroi qui correspond à une destruction momentanée du moi et à une « mise à nu » émotionnelle. La violence du traumatisme peut entrer en collusion avec nos instincts les plus primaires, nous ramenant à des émotions violentes et difficiles à maîtriser. Le moi n’arrive plus à jouer son rôle de médiateur.
Le traumatisme peut induire des réactions vécues comme positives par la personne, sous forme d’une remise en question des valeurs fondamentales du sujets en le rapprochant plus de certaines valeurs humaines, comme l’empathie, l’écoute d’autrui.
Malheureusement, dans les cas de stress traumatique, la vie affective se réduit et la possibilité de ressentir des émotions dans la vie quotidienne est fortement diminuée. Cela peut même aller jusqu’à une froideur émotionnelle et un sentiment de méfiance vis à vis d’autrui. Pour certains, vivre le présent peut avoir comme signification de renoncer à une restitution d’un état antérieur et devoir en faire le deuil. Il peut exister une sorte de « fidélité » au trauma, comme si penser ou orienter son regard vers le futur signifiait trahir le vécu traumatique et la douleur ressentie lors du trauma. Par l’hypnose, l’on peut permettre au patient, dans un cadre rassurant et chaleureux, de revivre le trauma et de se confronter à nouveau à l’effroi suscité par l’événement en trouvant les ressources pour maîtriser ces émotions. On aide ainsi la personne à diminuer graduellement la tendance à la focalisation de l’énergie psychique sur l’événement traumatique, à diversifier ses investissements.
Comme dans l’intervention thérapeutique suivant un traumatisme, l’abord par l'hypnose a pour objectifs d’encourager l’autonomisation du patient, de lui permettre de se détacher du trauma et de retrouver son potentiel afin de prendre des initiatives et diversifier ses investissements.
Indication et contre indication de l’hypnose 
Plusieurs paramètres peuvent jouer un rôle dans la pratique de l’hypnose médicale chez un patient atteint de stress post-traumatique. L’expérience du thérapeute dans la technique hypnotique joue un rôle majeur, ainsi que la qualité de la relation thérapeutique. L’évaluation de la personnalité du patient et de la flexibilité de ses défenses psychiques donnent une idée des capacités de changement durant un traitement par l’hypnose.
Lorsque le psythérapeute a des doutes de l’efficacité de l’hypnose pour un patient, il est préférable de ne pas recourir à ce type de thérapie. Pour les personnes présentant une structure de personnalité limite ou psychotique, l’hypnose doit être utilisée avec circonspection et seulement lorsque l’alliance thérapeutique est déjà bien établie et de bonne qualité. En général, les difficultés d’induction sont moindres lorsque l’on utilise des techniques permissives et lorsque l’on rassure le patient sur ses possibilités d’autocontrôle.
Lorsque le patient est toujours dans une situation de menace potentielle, l’hypnose peut s’avérer inefficace car le patient ne peut pas relâcher son état de vigilance.

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