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Critique Ciné : Réalité, folle inception

Publié le 11 février 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Réalité // De Quentin Dupieux. Avec Alain Chabat, Jonathan Lambert et Elodie Bouchez.


Fruit de 7 années de travail, Réalité a permis à Rubber de naître par la frustration de ne pouvoir réaliser ce film il y a de ça sept ans. Et c’est grâce à Rubber, Wrong et Wrong Cops que Quentin Dupieux à pu mettre en boîte ce film qu’il a réalisé dans la volée après Wrong Cops sans avoir encore fait le montage de ce dernier. Réalité est probablement le film le plus abouti du réalisateur, cette sorte de Inception version Quentin Dupieux où comme dans le film de Christopher Nolan ont doit chercher où est la réalité et où est le rêve. La façon dont il nous perd dans ce labyrinthe pourrait presque faire de Quentin Dupieux un fan de la peinture de M.C. Escher. Ce film permet clairement de nous donner l’impression de plonger ailleurs, au travers de multiples références au cinéma. On pourrait citer Poltergeist pour une scène en particulier ou encore à Mulholland Drive pour la présence d’un objet bleu connectant tout là aussi. Les références Lynchiennes ne manquent donc pas dans ce nouveau film d’un réalisateur qui sait aussi réinventer la comédie, voire inventer une nouvelle façon d’en faire. Bien que je n’ai pas réussi à apprécier Wrong Cops, j’avais adoré son Rubber et son Wrong.

Jason Tantra, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d'horreur. Bob Marshall, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48 heures pour trouver le meilleur gémissement de l'histoire du cinéma…

Je retrouve donc ici le Quentin Dupieux que j’aime, celui qui a réussi à me faire tomber amoureux de son cinéma déjanté. C’est souvent incompréhensible mais dans l’incompréhension naît quelque chose de réellement efficace et presque d’attendrissant. Ce qui frappe avant tout avec Réalité c’est Alain Chabat. Le rôle de Jason Tantra a été écrit pour lui depuis le début et l’illustre réalisateur a réussi à le convaincre de jouer dans son film alors qu’il était disponible à ce moment. C’est un fait assez important pour être noté. Ensuite, il y a une scène qui m’a tout simplement scotché et c’est la longue scène entre Alain Chabat et Jonathan Lambert. En allant voir le film vous allez comprendre de quelle scène le parle. Elle est elle aussi une grande référence à un cinéma plus théâtral. Tout ce que j’aime au cinéma d’ailleurs étant donné que le théâtre, mis en scène dans un film, me fascine toujours autant. Dans sa façon de réinventer la comédie par le dramatique, Quentin Dupieux nous secoue alors au travers de scènes marquantes, frappées d’un absurde qui finalement n’a pas besoin d’être compris. Le seul souci c’est que le cinéma de Dupieux n’est pas toujours compris.

Wrong était probablement son oeuvre la plus accessible, celle-ci ne l’est pas tout autant bien qu’elle reste assez simple. Il y a un récit très complexe qui entremêle tout un tas de choses mais ce n’est pas le plus important. Ce que j’ai pu apprécier avec Réalité c’est de voir à quel point il y a une vraie maîtrise des images et du montage. Il fallait le faire. Ce que j’apprécie également c’est la critique que Quentin Dupieux fait de la société (regarder la télévision abruti et plus on va la regarder, plus on va avoir envie de la regarder comme une autre), du cinéma (il y a plein de films à voir pour nous abrutir, critiquant le cinéma populaire pas toujours très regardant sur la qualité et de ses histoires), de la production (prenant probablement l’image d’un producteur qu’il n’aime pas du tout et qui ne comprend pas le génie, je me demande si au fond Jonathan Lambert n’est pas une représentation farfelue de Thomas Langman, il y a des traits de caractère qui ne trompent pas) et enfin du génie (ce réalisateur, Zog - incarné par John Glover - qui est un virtuose de l’image, qui veut créer quelque chose de différent et une véritable expérience de cinéma mais personne ne semble vouloir lui faire confiance comme ce qui a du se passer avec Dupieux à certains moments de sa carrière).

Note : 10/10. En bref, un chef d’oeuvre entrecroisant rêve et réalité.


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