Le parlement ukrainien a adopté une loi hier autorisant les officiers
à recourir à la force contre les déserteurs, les derniers soldats
mobilisés ayant manifesté un manque d’enthousiasme voire un refus de se
battre.
Le parlement ukrainien a adopté le texte hier avec 260 voix pour, la
majorité à la Rada commençant à 226 voix. Le nouvel article 22(1) ajouté
au Statut général des forces armées ukrainiennes indique que les
officiers « ont le droit de recourir personnellement à la force
physique, à des moyens spéciaux et aux armes dans une situation de
combat » contre des soldats qui commettent « des actes criminels ».
Par « actes criminels » la loi entend « la désobéissance, résistance
ou menace de recourir à force contre le commandement, l’abandon des
positions militaires et de certains positionnements d’unités militaires
dans des zones de combat. »
Une note explicative du document indique qu’il se produit des violations
massives de la discipline militaire, en particulier des cas de
désertion, de consommation d’alcool et de non subordination.
Des nouvelles mesures de conscription militaire sont entrées en
vigueur fin janvier en Ukraine. C’est la quatrième vague de mobilisation
depuis le début de l’opération punitive de Kiev dans l’est de l’Ukraine
en avril 2014.
Il est prévu dans le document de conscription que 100 000 personnes
rejoignent l’armée en trois étapes au cours de l’année. Cependant, le
ministère de la Défense a annoncé le 31 janvier qu’environ 7500
Ukrainiens font face à des poursuites pénales pour refus du service
militaire.
Le conseiller du président ukrainien Iouri Biroioukov a cité des
statistiques étonnantes qui montrent que la désertion est avant tout un
problème dans la partie ouest de l’Ukraine, une zone considérée
généralement comme un foyer du sentiment anti-russe.
Le président ukrainien est allé jusqu’à signer lui-même un décret
complémentaire d’application des mesures de conscription. Une
disposition centrale de ce décret est l’interdiction temporaire de
quitter le pays aux hommes susceptibles de servir dans les forces
armées.
« La Verkhovna Rada [parlement ukrainien] a autorisé les officiers à
tirer sur les déserteurs. Les députés, ce faisant, prennent le risque de
faire exécuter l’intégralité de l’armée. En effet, la population ne
cautionne pas l’aventure sanglante du gouvernement », a écrit le
parlementaire russe Leonid Sloutski sur Twitter.
Kiev, en avril 2014, a donné l’assaut sur les régions de Donetsk et
Lougansk après que des habitants ont refusé de reconnaître les nouvelles
autorités issues du coup d’Etat de février 2014. S’en est suivie une
période de paix, avec l’espoir que les accords conclus à Minsk en
septembre 2014 portent leurs fruits jusqu’à ce que Kiev lance un nouvel
assaut le 18 janvier sur des positions tenues par les insurgés. Depuis
lors, l’est de l’Ukraine subit constamment des bombardements. Parmi les
derniers incidents figure un tir d’obus sur un hôpital à Donetsk le 18
janvier. Les autorités locales disent que l’attaque a fait plus de 15
morts. D’après les estimations de l’ONU, plus de 5000 personnes ont péri
dans le conflit.
Source : Reuteurs