Chefs // Saison 1. Episodes 1 et 2. Pilot / Episode Deux.
L’univers de la cuisine est très peu exploité aussi bien au cinéma qu’en série. TF1 avait réussi à faire la comédie Les Toqués avec Ingrid Chauvin et Edouard Montoute, qui après quelques épisodes s’est arrêtée. C’était léger mais pas brillant. France 2 s’est alors lancé dans une opération un peu plus complexe avec Chefs, mettant en scène l’image du chef français exigeant que l’on peut avoir et ce n’est pas pour rien que Clovis Cornillac a été observer Thierry Marx dans sa cuisine pour s’inspirer pour son rôle de Chef. Pour le coup, Clovis Cornillac est excellent et le rôle lui sied à merveille. Cet acteur qui a plutôt tendance à être un peu monocorde et monoexpressif parvient donc à faire les choses de façon très juste. L’acteur prouve qu’il peut réellement être excellent. Créée par Arnaud Malherbe (Chambre Noire, La Brigade) et Marion Festraëts, Chefs est très travaillée, ne serait-ce que visuellement où la cuisine prend un vrai sens et ne manque pas de relief. C’est d’ailleurs quelque chose qui permet aussi de donner à Chefs une vraie identité. Visuellement, dès que quelqu’un voyage avec la cuisine de Romain, les choses sont exaltante. On accumule tout un tas de problèmes entre les personnages, relationnels, professionnels, etc. créant forcément toutes les intrigues de la saison.
Le Chef, monstre sacré de la cuisine française, réserve chaque année une place dans sa brigade à un jeune délinquant en probation. Romain, tombé pour escroquerie, débarque dans l'univers de la gastronomie et de l'excellence. C’est le début de son éveil au monde, à l’art culinaire, à l’amour, ainsi que le récit initiatique de son intégration, d’abord difficile, puis de son ascension fulgurante…
Ce qui aurait très rapidement pu tourner au vinaigre est finalement un vrai délice. Les personnages ont parfois quelques clichés sur les épaules (le garçon sorti de prison qui a un don, le chef perdu à la vie morose, la jeune femme avec un bébé qui tente de réussir, le commis un peu lourd et jaloux, etc.) mais ce n’est pas vraiment une mauvaise chose dans le sens où cela permet justement de donner du caractère aux personnages et de donner de l’ampleur à la série. Il faut bien que l’on sorte de la cuisine et c’est le meilleur moyen de le faire : avec des intrigues qui, sans sortir forcément de l’ordinaire, permettent de mettre en danger tout le monde. Car au travers de ces deux premiers épisodes, on a donc un éventail de choses plutôt efficaces. A commencer par le Chef. Ce dernier est présenté comme une sorte d’homme sinistre qui n’est pas heureux. Je suppose que cette morosité, il va la briser avec Romain et la cuisine de ce dernier) et qui est bougon plus par principe qu’autre chose car dans sa vie rien ne va : il boit, il est sur le point de perdre son restaurant, il est commandé par une femme (ce qui permet aussi de mettre en scène le complexe de l’homme macho qui n’aime pas être commandé par les femmes) et c’est justement là aussi l’un des intérêts.
Chefs nous présente également le personnage de Romain. Il cherche à se faire petit mais ce n’est pas facile. Si Hugo Becker (Gossip Girl) est plutôt convaincant dans le rôle, c’est un rôle que j’aurais également pu donner à Nicolas Duvauchelle alors que le choc avec Clovis Cornillac aurait probablement eu un peu plus de caractère. L’ambiance sombre permet aussi de changer un peu de ce que l’on a pour habitude de voir. La cuisine c’est un art et je pense que Chefs l’a très bien compris. Visuellement on sent que c’est une passion, que c’est quelque chose que tout le monde peut faire mais pas forcément de la bonne façon. Pour France 2, Chefs a tout d’une série de Canal +. J’ai maintenant hâte de voir les prochains épisodes et eétantr donné que la saison 2 est déjà en court d’écriture et que les deux premiers épisodes ont réalisé un joli score, je pense que l’on n’a pas fini d’entendre parler de Chefs. De plus, ces deux épisodes sont d’une fluidité redoutable qui change de ce que l’on avait pour habitude de voir dans la fiction française ces derniers temps. Il y a aussi une ambition derrière qui est notable et Chefs a du potentiel.
Note : 7/10. En bref, c’est fin et soigné.