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Commentaire de l’auteur Marie-Claude Jouvet suite à un article paru dans Le Peuple de Lévis, le 14 janvier dernier (Québec)

Par Dedicaces @Dedicaces

Commentaire de l’auteur Marie-Claude Jouvet suite à un article paru dans Le Peuple de Lévis :

Le mercredi 14 janvier dernier, un article paraissait dans Le Peuple de Lévis. C’était une entrevue avec madame Nassiba Hammou, une algérienne immigrée au Québec depuis vingt ans. J’ai réagi et ai envoyé ma réponse au Journal, comme beaucoup d’autres d’ailleurs (paraît-il…). Mais le Journal n’a publié aucune réponse de lecteur, se contentant d’un article du journaliste qui avait publié le premier. C’était très mou comme réaction et cela m’a plus choquée que rassurée… Je vous livre l’article en question ainsi que ma réponse. Si cela vous plaît, diffusez…

Le Peuple de Lévis, le 14 janvier 2015 (Québec)

Le Peuple de Lévis, le 14 janvier 2015 (Québec)

Commentaire de l’auteur Marie-Claude Jouvet :

Bonjour madame Hammou,

Oh là là, c’est le mur des lamentations! Si on en croit M. Lemire qui a fait cette entrevue avec vous, vous semblez réellement très déçue du choix que vous avez fait en choisissant le Québec. Et cette déception perdure après … vingt ans!

Laissez-moi vous donner mes impressions. Je suis moi-même une immigrée, une « importée » comme vous dites. Je suis partie de France, ma terre natale et j’ai choisi le Québec il y a maintenant quelque quarante-cinq ans. Il se trouve que mes deux sœurs m’ont suivie à peine deux ans plus tard. L’une vit à Magog et l’autre à Toronto, en milieu anglophone. Mon père nous a rejointes après le décès de ma mère, à l’âge de soixante-douze ans. Je peux donc dire que l’immigration, je connais très bien.

Vous dites dès les premières phrases que vous avez perdu la chaleur algérienne pour la froidure québécoise… Aviez-vous pris des cours de géographie avant de prendre votre décision? Les moins-vingt degrés, voire moins-trente ne datent pas d’hier…

Le Québec n’est pas le pays de Cocagne, comme aucun pays d’ailleurs. Cependant, il y règne un climat de tolérance assez rare dans le monde, vous en conviendrez. Il se trouve que c’est à nous, les immigrants, de nous adapter et non l’inverse. Ce n’est pas toujours facile, c’est vrai, mais les efforts en valent la peine. Ai-je déjà entendu « Maudite française »? Bien sûr! Mais c’était dans des contextes où la personne était fâchée et m’aurait traitée de « maudite folle » ou « grosse niaiseuse », si j’étais née ici. Je n’en ai tout simplement pas tenu compte. En contrepartie, je me suis fait de nombreux merveilleux amis qui m’ont fait découvrir toute la chaleur de l’accueil québécois, toute la générosité de ce grand peuple et m’ont accueillie à bras ouverts dans leur cercle.

Il est vrai que les diplômes étrangers ne sont pas toujours reconnus. C’est, à mon point de vue, une grosse erreur, particulièrement en médecine où nous connaissons un cruel manque. Le Québec a ses torts dans ce domaine en créant de la frustration chez les diplômés immigrés. Cela a pour conséquence que notre province risque d’attirer principalement des immigrés peu scolarisés, ce qui est, à mon sens, peu souhaitable. Ceci dit, la situation est connue dès l’arrivée au pays et libre donc à l’immigrant, soit de créer son propre emploi, soit de repartir chez lui si la situation ne lui convient pas.

Vous parlez de l’intolérance face aux musulmans, du manque d’ouverture et du manque de communication… Mais pouvez-vous nous prouver que les musulmans sont eux-mêmes tolérants et ouverts? Suite à la tragédie de Charlie Hebdo, avons-nous vu des manifestations monstres de musulmans se dressant contre l’agresseur, les reniant et les condamnant haut et fort? Pas du tout, seuls quelques groupuscules isolés ont manifesté leur désapprobation, alors que vous auriez dû être des millions à vous soulever. « On me demandait de porter des messages aux jeunes des quartiers, aux musulmans, comme s’ils n’étaient pas assez représentés et c’est vrai, effectivement, je me suis rendu compte qu’on n’était pas assez nombreux », précise Jamel Debbouze, le célèbre humoriste français, lui-même musulman. Vous précisez que vous n’avez pas été sous le choc, ayant vécu vous-même des attentats en Algérie… Y voyez-vous donc une douce vengeance? Ce serait bien triste et une bien curieuse façon d’aller vers la paix, n’est-ce pas?

Il est certain que tous les musulmans ne sont pas des terroristes, mais curieusement presque tous les terroristes sont musulmans. Comment voulez-vous que la peur ne s’installe pas? En tant que musulmane, prenez position, ralliez vos amis et faites-vous entendre clairement! Osez renier publiquement et massivement les islamistes intégristes et peut-être allez-vous être surprise de l’effet produit! Les gens vont peut-être commencer à vous prendre au sérieux.

Vous précisez que vous ne voulez pas renier vos origines et vous avez raison. Je ne veux pas non plus renier les miennes. Je me complais à dire qu’au fil du temps, je me suis retrouvée assise sur la clôture : je ne serai jamais une québécoise « pure laine », mais je ne suis plus française non plus. Suis-je inconfortable dans cette position? Pas du tout. Tout simplement, je suis devenue une nouvelle « moi », chargée de mon bagage français et enrichie du bagage québécois.

Concernant le fameux crucifix de l’assemblée nationale, je suis d’accord avec vous, mais pas pour les mêmes raisons. Pour moi, la religion est strictement une affaire personnelle qu’on doit vivre au sein de sa famille et de son église. Elle n’a sa place ni en public, ni au gouvernement qui est devenu clairement laïc. Moi-même ai été élevée au sein d’une famille catholique, mais je suis devenue athée avec les années. Je pourrais voir ce crucifix comme une forme d’irrespect et pourtant il n’en est rien. Je suis consciente qu’il y a un très long et lourd passé catholique dans notre province et je vois ce crucifix comme un simple rappel de ces quatre-cents ans d’histoire. Ne jouez-donc pas les éternelles victimes!

Ceci dit, pourquoi restez-vous ici? Pourquoi tant souffrir à moins que vous ne soyez masochiste?… Des avions partent régulièrement vers l’Algérie ou tout autre pays musulman où vous seriez probablement beaucoup plus heureuse. En plus de retrouver la chaleur de votre soleil natal, vous y trouveriez probablement la liberté, l’égalité des sexes, vos diplômes reconnus et la possibilité de travailler, surtout en tant que femme… C’est bien connu, à l’instar des femmes québécoises qui ont tant lutté pour obtenir le respect dont elles jouissent aujourd’hui, les femmes musulmanes se sont levées et ont rejeté énergiquement le joug imposé par les hommes… Allons donc, soyons sérieuses!

Alors, de grâce, Madame Hammou, arrêtez de souffrir et partez! Ou bien, ouvrez-vous les yeux et appréciez ce que vous voyez! Ne regardez plus ce que vous avez perdu et découvrez tout ce que vous avez gagné.

Marie-Claude Jouvet
Lévis, Québec


Classé dans:- Presse, Ed. Dédicaces

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