Chez l’enfant, quelle est la fréquence de cette maladie ?
On estime qu’il y a en France environ 200 000 enfants épileptiques (dont un grand nombre ont moins de 1 an) avec environ 15 000 nouveaux cas par an. Comme chez l’adulte, cette maladie peut se manifester sous deux formes : par des crises partielles ne concernant qu’une zone du cerveau, avec ou sans perte de connaissance, et par des crises généralisées qui impliquent l’ensemble de l’encéphale.Chez le nourrisson, quels sont les symptômes d’alerte ?
Des secousses répétitives des membres et/ou du visage et des modifications brutales du tonus s’accompagnant le plus souvent d’une perte de connaissance sont les principales manifestations. Un bon conseil : devant des symptômes inhabituels, pensez à filmer votre enfant. Cela sera très utile pour le médecin !A-t-on découvert l’origine de ces épilepsies chez l’enfant ?
Le cerveau des tout-petits, en pleine période de maturation, est particulièrement vulnérable. Toute dysfonction, malformation ou lésion du cerveau peut être à l’origine d’une épilepsie. Et également un grand nombre de maladies génétiques ainsi que des “accidents” au cours de la grossesse et tout au long de la vie (infections du cerveau, manque d’oxygène, traumatisme crânien, accidents vasculaires, tumeurs cérébrales…). Dans un certain nombre de cas, la cause reste inconnue.Quels sont les traitements standards ?
La prise en charge s’effectue au cas par cas, selon l’intensité et la fréquence des crises et en fonction de l’âge de l’enfant. Il existe deux sortes de traitements. L’un (dit “de fond”) est à prendre au quotidien sous forme de comprimés ou sirops pour prévenir la survenue d’une crise, et l’autre est administré au moment d’une crise trop prolongée ou qui se répète. Un grand nombre d’enfants guérissent à l’adolescence.Comment s’administre le traitement standard destiné à arrêter la crise ?
Jusqu’à il y a encore peu de temps, nous ne disposions que du diazépam en intrarectal, un procédé contraignant qui nécessite de préparer une seringue (sans aiguille) avec ce produit (benzodiazépine) pour l’introduire ensuite dans l’anus de l’enfant qui convulse. Cette méthode se révèle difficile à mettre en œuvre chez l’enfant scolarisé et plus encore chez l’adolescent.En quoi consiste ce récent traitement administré chez l’enfant pour arrêter une crise ?
Il s’agit d’une autre benzodiazépine, le midazolam. Il a l’énorme avantage de s’administrer par voie buccale au moyen d’une seringue préremplie, ne nécessitant aucune manipulation préalable. Il suffit de l’appliquer entre la gencive et la joue. Le produit est aussitôt absorbé par la muqueuse jugale et est efficace en quelques minutes.
Quels en sont les effets secondaires ?
Pratiquement les mêmes qu’avec le diazépam : une somnolence de quelques heures, ce qui impose de laisser l’enfant allongé en position latérale en attendant les secours pour une évaluation médicale. Il peut y avoir une hypersalivation, une dépression respiratoire et des troubles transitoires de l’équilibre.Ce traitement s’est-il révélé aussi efficace que celui administré par voie intrarectale ?
De nombreuses études internationales (réalisées sur plusieurs centaines d’enfants, publiées dans le “Lancet” et dans “Pediatrics”), ont démontré que ce traitement était aussi efficace et aussi bien toléré que celui administré par voie rectale. Ce mode d’administration est une formidable avancée qui améliore la qualité de vie des enfants et de leur entourage.Cette méthode peut-elle être utilisée chez l’adulte ?
Jusqu’à présent, l’autorisation de mise sur le marché est réservée à l’enfant épileptique, en particulier pour les épilepsies sévères. n* Neuropédiatre, CHRU de Montpellier - Inserm U1046, université Montpellier I-II.