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Hollande au pays des Robocop (406ème semaine politique)

Publié le 14 février 2015 par Juan
Hollande au pays des Robocop (406ème semaine politique)

François Hollande et Angela Merkel parviennent à un accord de paix, fragile, en Ukraine. Puis Hollande signe la vente de quelque Rafales. Et la croissance repart. 

Une nouvelle séquence ? Pas vraiment. 


La Saint Valentin des barbares
C'est donc la Saint-Valentin. Samedi 14  février 2015, et pourtant la côte d'amour du président est retombée. Hollande plonge dans les sondages mais est-ce vraiment le sujet ?
Non.
Une Américaine, une travailleuse humanitaire, otage de Daesh, a été tuée en Syrie. C'est la première femme prisonnière du Califat à mourir en captivité. Barack Obama promet que les coupables seront traduits en justice. Un responsable de Daesh explique qu'elle a été tuée par un raid américain. Le Califat a perdu du crédit dans le monde musulman après avoir brûlé vif un prisonnier jordanien la semaine précédente.
Mais une branche égyptienne de Daesh se gausse d'avoir décapité huit prisonniers à son tour.
La France vit toujours sous Vigipirate.
L'après-Charlie est bien engagé. Eric Zemmour fait l"objet d'un reportage à peine critique sur France 2, suivi d'une interview où il enchaîne les propos misogynes et xénophobes. La France rance est là, et elle s'exprime.
Nicolas Sarkozy veut organiser un débat sur l'islam, il y avait longtemps.
Son ancien proche Eric Woerth s'en sort bien lorsqu'il passe au tribunal, mercredi, à peine une heure. L'affaire Bettencourt glisse. La comptable Claire T., interrogé près d'une vingtaine de fois par la police depuis 2010, davantage que l'ancien ministre du budget dont l'épouse était salariée en charge des finances de la première exilée fiscale du pays, Eric Woerth, donc, s'en sort bien, très bien.
Mais le procès le plus glauque est celui de Dominique Strauss-Kahn. L'ancien directeur du FMI explique simplement et tristement ses pulsions devant la cour. La thèse de l'instruction - qu'il ait été au courant que ces compagnes multiples d'un soir étaient des prostituées - s'effondre en séance. DSK confie ses pulsions. Les plus voyeurs des journalistes cachent mal leur malaise.
DSK passe en procès le jour même de la sortie en salles de l'adaptation cinématographique du roman sado-maso spécial Cougar "Cinquantes nuances de Grey".
Certaines coïncidences sont lunaires.
La paix ou les armes
François Hollande revient d'Ukraine jeudi 12 février. La date est historique. Angela Merkel et lui ont négocié un accord de paix en Ukraine. Coïncidence facheuse, le même jour Hollande confirme la vente de 24 avions Rafale à l'Egypte.
Sauver la paix en Europe, vendre des armes de guerre au Proche-Orient ? Allez comprendre.
En Ukraine, Hollande a bien joué, très bien joué. Il a prouvé, mieux que quiconque, la solidité de la relation franco-allemande. Qui se souvient d'une négociation conjointe franco-allemande au plus hait niveau pour résoudre un conflit armé en Europe ? Personne. C'est normal. C'est une première. Hollande est aussi resté prudent, très prudent. Cet accord de paix est fragile, il n'entre en vigueur que le 16 février. Le contraste est évident avec l'ancien monarque qui se pavanait trop vite dès son retour de Géorgie en 2008 alors qu'il n'avait qu'acquiescer au démantèlement du pays.
Nicolas Sarkozy stresse. La séquence lui paraît trop favorable à François Hollande.
A l'UMP, on découvre que le président des Jeunes UMPistes est en fait sans papier depuis une décennie, ça fait tâche.
Pour clore une vilaine polémique sur les quelques dizaines de milliers d'euros que Sarkozy a empoché d'un émirat lors d'une conférence la semaine passée, son meilleur adjoint Frédéric Péchenard, ancien chef des flics et désigné directeur général de l'UMP, a ce mensonge malheureux: "Nicolas Sarkozy, il n’a pas de revenu. Il n’est pas élu. Donc il est conférencier international, c’est son travail, il gagne sa vie." Même Sarkozy s'amuse de la polémique. L'indécence n'a pas de limite.

Marine le Pen a le sourire. Dimanche dernier, sa candidate, inconnue, a failli l'emporter à la législative partielle du Doubs, l'ancienne circonscription de Pierre Moscovici, improbable ministre des finances. A Béziers, le maire Robert Ménard, ancien président de Reporters Sans Frontières puis chroniqueur télévisuel réac et qui a emporté la ville en 2013 grâce au soutien du Front national, parade devant ses nouvelles affiches figurant un pistolet avec ce slogan improbable: "le nouvel ami de la police municipale". On rit, on raille, on se moque. Ménard exhibe ses "guns" comme d'autres leur calibre motorisé. Ce délire publicitaire facho-machiste amuse la galerie.
La guerre contre la finance
L'Eurogroup a été saisi d'un doute. Mercredi 11 février, ses représentants ont pris en pleine figure l'inhabituelle résistance d'un ministre des finances, Yanis Varoufakis, récemment propulsé à son poste dans le nouveau gouvernement Syriza. Pourtant, Varoufakis, avec son physique beau-gosse à la Bruce Willis, que le Monde qualifiait "d'économiste marxiste" (sic !) venait négocier le rééchelonnement de la dette grecque, près de 320 milliards d'euros. Certains éditocrates se régalaient d'avance de le voir échouer, se courber, s'allonger devant ses créanciers, ou leur représentants. Il n'en fut rien. Les 18 membres de l'eurogroup souhaitaient au moins négocier un programme de travail. Il n'en fut rien. Varoufakis a tout refusé.
Du coup, on s'interroge: mais finalement, que risque la Grèce ?
Syriza donne des idées ailleurs en Europe, de l'Irlande à l'Espagne en passant par la France. Mais les situations locales sont différentes. La Grèce a failli touché le fond, sortir du jeu démocratique et européen.
La guerre contre la finance est partout. Lundi, quelques journaux dont Le Monde publie d'étonnantes révélations sur l'ampleur de la fraude fiscale organisée (et monétisée) par la banque HSBC. Une liste de quelques milliers de fraudeurs français s'échange. Des noms de célébrités sont exhibés dans la presse. Cette traîtrise fait jaser. Ou pas... L'UMP est curieusement silencieuse. Marine Le Pen, dont le paternel avait aussi ses habitudes en Suisse, ne moufte pas.
En France, le gouvernement Valls se félicite des premiers signes du début du commencement d'une reprise économique. Il faut se dépêcher. L'Europe vient d'endurer sept années de crise. On fêtera la dixième bougie lors du prochain scrutin présidentiel. A une autre époque, Roosevelt et son New Deal l'avait emporté à peine quatre ans après le déclenchement de la Grande Crise.
Autre époque, autres remèdes.
Nous sommes en 2015 et il faut sortir la loupe pour deviner ces premiers signes du retour d'une croissance du PIB: 1% d'après la Commission européenne en 2015. La production industrielle aurait repris un maigre 1,5% en décembre 2014. Carlos Ghosn, le patron de Nissan-Renault, annonce d'ailleurs 1000 embauches en CDI cette année. Le symbole est anecdotique. Même l'effondrement de l'euro (à 1,16 dollar) est célébré comme le retour à meilleure fortune. Les exportations vont repartir !
D'ailleurs, François Hollande est un meilleur VRP que son prédécesseur. Il a enfin conclu la vente tant attendue, celle que Sarkozy avait imprudemment confirmée en 2009 et qui ne fut jamais signée. Pour la première fois de son histoire, Dassault vendait enfin ses avions Rafales à un autre pays que son protecteur national.
Sauver la paix en Europe, vendre des armes de guerre au Proche-Orient ?  
Allez comprendre.


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