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Man seeking woman/ Togetherness (2015) : formidables récupérations de clichés

Publié le 15 février 2015 par Jfcd @enseriestv

Man Seeking Woman est une nouvelle comédie de 10 épisodes diffusée depuis la mi-janvier sur les ondes de FXX aux États-Unis et au Canada. Le personnage principal, Josh (Jay Baruchel) vient tout juste de se séparer de sa petite amie Maggie (Maya Erskine) après six ans de vie commune. Mais à peine s’est-il remis de cette rupture qu’il se retrouve malgré lui entraîné pas sa sœur Liz (Britt Lower) et son ami macho Mike (Eric André) dans des rendez-vous arrangés et des aventures d’un soir qui s’avèrent tout sauf concluantes. Quant à Togetherness, cette comédie romantique de 8 épisodes est diffusée depuis la même période sur HBO aux États-Unis et au Canada. L’action prend place à Los Angeles alors que Brett (Mark Duplass) et Michelle (Melanie Lynskey), ensemble depuis dix ans et parents de deux enfants, se sont enlisés dans une vie de couple monotone. Mais cette routine est appelée à changer puisqu’ils acceptent d’héberger à la fois Alex (Steve Zissis), un acteur sans emploi et meilleur ami de Brett et Tina (Amanda Peet), la jeune sœur de Michelle qui vient de se faire larguer. Rapidement, des liens se tissent au sein de cette mini communauté où tous les membres seront appelés à voir la vie sous un autre angle. Au cœur de ces deux séries, on retrouve les éternels sujets surexploités, mais jamais épuisés, soit, la vie de couple et les relations homme/femme. Cependant, chacun d’elle parvient à nous transporter au-delà des clichés et surtout nous offrir de très bons moments de télé.

Man Seeking Women : absurdement drôle

Tout de suite après sa séparation, Josh accepte un rencart organisé par Maggie avec quelqu’un qu’elle a rencontré lors de son dernier voyage dans une forêt en Suède… un troll! Mais voilà qu’à table, le courant ne passe pas entre ce romantique et cette bête qui ne fait que grogner et manger les roses qu’il lui a offertes auparavant. C’est en rentrant chez lui que Josh initie la conversation avec Laura (Vanessa Bayer) qu’il rencontre pour la première fois dans le métro et il parvient à l’inviter au restaurant. Dès lors, cette nouvelle fait la une des journaux et le jeune reçoit même les félicitations du président des États-Unis. Cette prometteuse histoire d’amour arrive à point puisque Maggie est à nouveau en couple avec le centenaire Adolf Hitler, lequel ne s’est jamais suicidé, mais a vécu caché en Argentine. Quelques jours plus tard, le protagoniste veut concrétiser cette rencontre en invitant Laura au restaurant au moyen d’un texto, mais comme chaque mot a son importance, il finit dans un bunker de l’armée qui avec de multiples savants cherchent la formulation parfaite. Entre-temps et sous l’influence de Mike, Josh accepte de sortir dans une boîte de nuit branchée où il fait la rencontre d’une pulpeuse jeune fille. Seulement, alors qu’ils s’apprêtent à passer à l’acte, le héros se rend compte qu’il a égaré son pénis…

Man seeking woman/ Togetherness (2015) : formidables récupérations de clichés

Man Seeking Woman est loin de réinventer la roue, mais son traitement est si déjanté qu’on en redemande. Ce sont ces hyperboles qui la rendent unique et surtout qui nous font rire. Qui doit faire les premiers pas et comment? La pression d’entrer dans le moule, donc d’être en couple et d’être à la hauteur au lit : ces thèmes sont surexploités en télévision, récemment avec Manhattan Love Story et A to Z et qui n’ont pas trouvées leur public (les deux séries ont été annulées). Dans la série de FXX, ils sont repris avec brio, mais sous l’angle de la parodie qui vient justement souligner davantage le ridicule de ce que l’on est prêt à s’imposer au nom de l’amour. Et comme le titre l’indique, c’est bien du point de vue d’un homme que l’histoire nous est racontée, mais le produit final n’est pas machiste pour autant, comme l’écrit Tim Goodman dans sa critique : «Man Seeking Woman, while certainly told from and speaking to a male perspective, doesn’t cross the line and belittle or denigrate women — a fact likely attributable to Josh’s DNA and Baruchel’s relatability.»

Togetherness : groupuscule attachant

Sur papier, Togetherness est assez banale. Le couple routinier de Brett et Michelle qui n’a plus vraiment de sexualité, Tina, l’éternelle célibataire qui mise trop sur ses charmes et qui ne trouve jamais de partenaire sérieux. Enfin, il y a Alex, qui rêve d’être acteur, mais son tour de taille et sa récente perte de cheveux ne lui procurent aucun rôle : au pire, on le considère pour jouer les crétins de service. Dans un ultime effort, Michelle tente de se transformer en dominatrix question de mettre un peu de piment dans la sexualité du couple. De son côté, Tina devient une espèce coach de vie pour Alex dont la carrière ne va nulle part.

Man seeking woman/ Togetherness (2015) : formidables récupérations de clichés

Bien que toute cette petite communauté évolue en huis clos, la série ne mise pas pour autant sur l’incongruité de cette cohabitation. Les célibataires prennent un réel plaisir à s’occuper des enfants de Brett et Michelle tandis que ces derniers sont toujours là pour écouter les déboires de leurs amis. En tant que téléspectateurs, on peine aussi à croire qu’Alex puisse un jour percer dans un milieu où l’apparence physique est tout. Pourtant, l’amitié inusitée qu’il développe avec Tina et l’acharnement de celle-ci à vouloir lui redonner confiance en lui a quelque chose de beau, voire d’inespéré. Les dialogues et les mises en situation sont très terre-à-terre si bien qu’on se sent aussitôt complice des protagonistes; observation partagée par Alan Sepinwall dans sa critique : « There is (…) a sense of great intimacy to « Togetherness, » as if we’re spying on these people as they watch their lives fall apart and try to reassemble them. »

Man Seeking Women a attiré 326 000 téléspectateurs pour sa première et après trois épisodes supplémentaires, ils étaient 205 000. Bien qu’on n’ait aucune annonce de FXX quant au futur de la série, Jay Baruchel a affirmé en entrevue que les scénaristes savaient déjà quelles histoires ils développeraient en cas de renouvellement, ce qui est encourageant. Avec 420 000 téléspectateurs lors de ses deux premiers épisodes et 470 000 pour le troisième, HBO a déjà donné le feu vert à Togetherness pour une seconde saison. Placée entre Girls (21 h) et Looking (22 h) les dimanches soir, la chaîne câblée nous offre désormais une véritable contre-programmation « anti-mainstream » par rapport aux networks : des tranches de vie selon les sexes, l’âge et l’orientation sexuelle.


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