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Le futur bombardier US sonnera t-il le glas pour Northrop ?

Publié le 17 février 2015 par Toulouseweb

La semaine derničre l’annonce de l’acquisition de 24 avions Rafale par l’Egypte, vente paraphée au Caire ce lundi 16 janvier, a enfin relancé les activités de Dassault dans l’aviation militaire. Treize années depuis la mise en service du Rafale dans la Marine française que la France, seule client ŕ ce jour de l’avion de combat français attendait un tel engagement d’un pays étranger afin d’assurer son indépendance et un semblant d’équilibre de son budget de défense qui intčgre la vente ŕ l’export de l’appareil. Qu’il s’agisse de la France et de ses gouvernements successifs ou de l’industriel Dassault, tous Ť tendaient le dos ť craignant de ne plus faire partie de la poignée d’industriels mondiaux ŕ fournir des avions d’armes.
La survie des avionneurs n’est pas une problématique strictement française ni européenne. Car si en France nous nous sommes penchés ces derniers jours sur le succčs du Rafale ŕ l’export, il est un autre programme, en gestation celui-ci, qui pourrait sonner le glas d’un industriel … américain cette fois.
Aux Etats-Unis, la situation n’est certes pas la męme que de ce côté de l’Atlantique, car leur marché intérieur est tel qu’il subsiste encore trois avionneurs (sur les cinq groupes de défense américains) capables de concevoir et produire des avions d’armes.
Dans un contexte de réduction des budgets militaires et de la Ť séquestration ť imposée par le ministčre américain de la défense (DoD) ces derničres années, les Etats-Unis ont lancé néanmoins en juillet 2014 un nouveau programme de bombardier afin de remplacer la flotte des légendaires B-1 et B-52, ce que n’a pas réussi ŕ faire le B-2 dont la maîtrise d’œuvre avait été confiée ŕ Northrop Grumman.
Dčs la fin du printemps ou au tout début de l’été 2015, l’US Air Force devrait annoncer son choix quant ŕ l’industriel ou le consortium retenu pour le futur bombardier d’attaque ŕ long rayon d’action (LRS-B pour long range strike-bomber), croît savoir l’expert de Teal Group Richard Aboulafia qui corrobore les résultats d’une enquęte menée par notre confrčre américain Defense News auprčs de quelques analystes du secteur. A savoir que ce contrat va avoir des retentissements sur l’industrie aéronautique de défense américaine pour les 20 prochaines années. Et, quel que soit le vainqueur, celui-ci bénéficiera d’une enveloppe budgétaire sans commune mesure au titre du développement. Par contre le perdant pourrait bien se retrouver totalement coupé du marché des cellules d’avions militaires d’attaque.
Fidčle ŕ son concept, c’est sans surprise que Northrop Grumman a répondu ŕ cet appel d’offre avec une aile volante, face ŕ une offre d’un consortium constitué par Lockheed Martin et Boeing. Boeing qui était devenu partenaire du B-2 via le rachat de McDonnell Douglas en 1996 ŕ l’époque oů l’industriel de Long Beach avait été éliminé de la compétition du F-35. Bis repetita ? Si Boeing ne remporte pas le contrat du LRS-B, il ne construira plus d’avions de combat aprčs 2018, affirme Richard Aboulafia. En effet, Boeing a fait tout ce qu’il pouvait pour tenir ŕ bout de bras son F/A-18 Super Hornet dont le programme vient finalement ŕ son terme, tandis que le ravitailleur KC-46A –tout comme de nombreux autres programmes du groupe de Chicago-, est un dérivé de sa gamme d’avions commerciaux.
Pour l’expert qu’est Aboulafia, Ť Si Northrop perd il y a toutes les chances que sa division aéronautique soit rachetée par Boeing car il n’aurait plus aucune cellule d’avion ŕ construire. Si Northrop gagne, il serait une cible encore plus attractive, ce qui reviendrait au męme ť.
Et preuve que Boeing se prépare ŕ une évolution –sinon une révolution- en son sein, il a lancé le 11 février une réorganisation de ses programmes clés spatiaux et de défense calquée sur ce qui fait le succčs de sa branche commerciale. Le but est clair : en centralisant ses efforts de développement dans les domaines spatiaux et de défense, Boeing souhaite briser la courbe croissante du coűt des programmes de défense, offrir la qualité promise au juste prix et avec toutes les fonctionnalités requises. Ce qui est loin d’ętre le cas des programmes de défense actuels, qu’il s’agisse du B-2 avec toutes ses problématiques fonctionnelles et notamment de furtivité qui lui ont valu de n’ętre construit qu’ŕ 21 exemplaires au lieu des 132 requis ŕ l’origine du programme, ni męme des programmes d’avions militaires européens dont malheureusement l’A400M est le dernier exemple en date.
A la lueur de ce prochain programme d’avion américain on ne peut que constater que les fusions et acquisitions dans le domaine de l’aéronautique et de la défense sont loin d’ętre achevées. C’est ce qu’on appelle la consolidation des marchés et la vie souvent tumultueuse des entreprises.
Nicole Beauclair pour Aeromorning

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