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Cinq bonnes raisons de libéraliser les drogues

Publié le 17 février 2015 par Plusnet
Cinq bonnes raisons de libéraliser les drogues Le débat sur la libéralisation des drogues fait rage depuis longtemps, mais y a-t-il de bons arguments en faveur de cette libéralisation. Je vais m’efforcer ici de vous en donner quelques-uns et déboulonner quelques mythes qui persistent encore.
  1. La prohibition ne réduit pas la consommation. La prohibition des drogues existe depuis le début du XXe siècle. Malgré ça, quiconque veut obtenir des drogues de nos jours peut les trouver facilement et ce, malgré l’augmentation constante de ressources que nous coulons à chaque année dans l’interdiction des drogues. Même dans les pénitenciers fédéraux, un récent sondage indique que 17% des détenus se sont récemment injecter des drogues. Si nous ne pouvons même pas contrôler la circulation des drogues dans un environnement aussi sévèrement contrôlé qu’un pénitencier, comment peut-on espérer que la police puisse contrôler la circulation de ces drogues dans nos rues? Durant la prohibition de l’alcool des années 1920-1930 aux États-Unis, la consommation d’alcool n’a diminué que de 20%. Croire qu’on peut diminuer la consommation de drogues avec nos politiques anti-drogues actuelles relève de la pure utopie.
  2. La prohibition rend les drogues plus dangereuses. Une des conséquences d’interdire certains produits addictifs est ce que Richard Cowan a appelé «la loi de fer de la prohibition». Puisque les traficants de drogues courent un risque appréciable à produire et transporter leur produit, ils cherchent à maximiser leur produit en augmentant la puissance ce ceux-ci. Pendant les années 20, les bootleggers ont découvert qu’il était beaucoup plus payant d’abandonner le commerce de la bière et des vins qui étaient beaucoup plus volumineux, en faveur de spiritueux. Conséquemment, pendant cette période, la consommation de spiritueux a beaucoup augmenté par rapport aux alcools plus légers comme la bière et le vin. Le même phénomène se retrouve dans la prohibition des drogues. Il est bien plus payant pour les trafiquants de drogues de fournir du crack ou de la methenphétamine, qui sont beaucoup plus faciles à transporter et distribuer que du cannabis qui est extrêmement plus volumineux en comparaison.  De plus, la clandestinité fait en sorte que les consommateur n’ont aucune information disponible sur la pureté, la qualité et les dosages, les rendant particulièrement vulnérables au surdosage et à la consommation de produits plus toxiques qu’ils ne le seraient autrement.
  3. La prohibition augmente la criminalité et les crimes violents. La prohibition augmente la criminalité de plusieurs façons. Premièrement, en raréfiant la disponibilité des drogues, elle en augmente les prix de façon marquée, ce que augmente de risque que les narcomanes en quête de leur prochaine dose aient recours au vol et à la violence pour obtenir l’argent pour soutenir leur dépendance. Ensuite, elle relègue la production et la distribution des drogues entre les mains de criminels qui n’ont pas de recours légaux pour régler leurs disputes. Dans un marché légalisé, les divers acteurs peuvent utiliser les tribunaux pour régler leurs différends ou utiliser les mécanismes de marché pour s’assurer une plus grande part. Dans le monde interlope, «éliminer la concurrence» ne signifie pas généralement une guerre de prix, mais quelque chose de beaucoup plus violent. Si le crime organisé existe et prospère, c’est justement grâce à la prohibition de nos vices, que ce soit l’alcool, les drogues, le jeu ou la prostitution.
  4. La prohibition détourne les ressources de la prévention et du traitement vers la répression. La guerre aux drogues nous coûte annuellement plusieurs milliards à tous les niveaux de gouvernement et paralyse littéralement notre système judiciaire sans donner de résultat appréciable. En revanche, des pays comme le Portugal  ont obtenu des résultats très positifs en libéralisant la consommation et la possession des drogues et en utilisant les ressources ainsi épargnées sur des programmes de prévention et de traitement. En moins de dix ans, le Portugal est passé d’un des plus grands consommateurs de drogues en Europe à l’un des plus petits.
  5. La prohibition est porteuse de corruption. Chaque fois qu’on banni une activité ou un commerce, il y aura des gens qui vont profiter de ce pouvoir qu’ils ont d’interdire ou fermer les yeux. Comment croyez-vous que les drogues arrivent à pénétrer jusque dans nos pénitenciers? Le trafic de drogues n’est certainement pas une exception. Ce petit jeu favorise grandement les plus grosses organisations criminelles et les rend plus puissantes.
Conclusion
Depuis cent ans qu’elle dure, la prohibition des drogues s’est avéré un échec total tant au niveau de la réduction de la consommation que pour la prévention et le traitement de la narcomanie. Au contraire, elle exacerbe le problème en le reléguant au marché noir dans les mains de criminels, rendant la consommation des drogues plus dangereuses et en augmentant le taux de criminalité.
En revanche, la libéralisation des drogues diminuerait le danger de la consommation et la réduirait en préconisant la consommation de drogues plus douces et moins addictives comme le cannabis plutôt que crack et la meth. Elle réduirait la criminalité en permettant un marché légal pour ce produit. Quand est-ce que vous avez vu des producteurs d’alcool se flinguer en pleine rue? Et finalement, elle nous permettraient de traiter les narcomanes de la façon qu’ils devraient être traités, c’est-à-dire comme des malades plutôt que comme des criminels. Elle nous permettrait d’utiliser nos ressources à traiter ceux-ci ou même prévenir qu’ils commencent à consommer, traitement infiniment plus civilisé et humain que de les mettre en cage. En 2012, un sondage Angus-Reid démontrait que 57% des canadiens sont en faveur de la légalisation du cannabis. Ne serait-il pas temps de changer de stratégie?
PHILIPPE DAVID
Source : Centpapiers

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