La question vient se poser en plein débat sur la contribution possible de la cigarette électronique au sevrage tabagique. Ferait-elle déjà "du tort" aux médicaments de sevrage tabagique? Car il refait surface avec cette étude de la Mayo Clinic sur la contribution de la varénicline (Champix®) chez les fumeurs qui veulent réduire leur consommation. Dans un premier temps et dans l’idée d’arrêter définitivement dans les prochains mois. Les conclusions, présentées dans le Journal de l’American Medical Association (JAMA) posent tout de même la question d’un nouvel usage du médicament de sevrage tabagique ?
Réduire sa consommation est-il un objectif de santé en soi? Les études sont contradictoires sur ce point, certaines études avertissant que pour le risque de décès prématuré, réduire ne sert à rien, il faut préférer l’arrêt complet de la cigarette, d’autres suggérant qu’une diminution entraîne une réduction des risques en quelques mois.
Cette étude a été menée sur plus de 1.500 fumeurs de cigarettes prêts à réduire leur consommation et disposés à accompagner leur approche avec la varénicline (Champix). Ces fumeurs ne cherchaient pas à arrêter de fumer au cours des 30 prochains jours, mais étaient disposés à atteindre cet objectif au cours des 3 prochains mois. Les participants ont été randomisés en 2 groupes, un groupe de 760 participants recevant la » varénicline » durant 6 mois et un groupe de 750 participants témoins recevant un placebo. La consommation de cigarettes et les taux d’abstinence ont été évalués à 6 puis 12 mois. Les chercheurs constatent que,
· à 6 mois, les participants ayant pris la varénicline sont plus de 4 fois plus susceptibles de cesser de fumer, finalement, que les témoins, soit 32,1% vs 6,9%,
· à 1é mois, plus de deux fois plus susceptibles de cesser de fumer (27,0% vs 9,9%).
L’analyse suggère ainsi que le traitement par Champix a contribué à augmenter le taux de renoncement total au tabac à long terme. L’auteur principal, le Dr Jon Ebbert, chercheur au Centre de sevrage de la Mayo Clinic, insiste sur l’importance de ces résultats pour accroître les taux d’abstinence chez les fumeurs déjà désireux de réduire le nombre de cigarettes fumées, avant d’essayer d’arrêter complètement. Selon l’auteur, ces données » ouvrent la porte à un traitement pour des millions de fumeurs qui sont prêts à réduire leur taux de tabagisme tout en travaillant à une tentative de renoncement « .
N.B. L’étude a été financée par le laboratoire Pfizer, fabricant du Champix®…
Source: JAMA February 17, 2015 doi:10.1001/jama.2015.280 Effect of Varenicline on Smoking Cessation Through Smoking Reduction