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American sniper

Publié le 18 février 2015 par Toulouseweb
AMERICAN SNIPER, L’AMERIQUE FIGEE DANS SES VALEURS
Pour un français, voir «American Sniper», c’est se plonger au cœur du cœur des symboles et des valeurs qui ont toujours façonné les USA : la Bible, le fusil, la glorification du héros solitaire… et le patriotisme.
Nous savons depuis longtemps que Clint Eastwood est, avec Steven Spielberg, peut être l’un des derniers grands cinéastes classiques des Etats-Unis, les cinéastes qui n’ont pas été formés par le clip, les jeux vidéos, les effets spéciaux et Internet. Mais tous les deux ne sont pas de la même génération, car le réalisateur de « Gran Torino » fête cette année ses 85 ans, tandis que celui de « E .T. » n’en a que 68. Cela dit, ils ont tous les deux la chance, étant chacun leur propre producteur, d’avoir la maîtrise totale de leurs films ils ne sont pas considérés, comme d’autres réalisateurs-lambda, comme des salariés « de luxe » devant obéir au seul vrai patron du film, le "producer", celui qui a un droit de regard absolu sur le montage.
Eastwood, qui a toujours reçu un bon accueil du public français, et un accueil encore plus enthousiaste des critiques de cinéma hexagonaux, ne met pas ses engagements politiques dans sa poche : c’est un républicain (au sens américain du terme), c’est-à-dire adhérant pour une bonne part à des valeurs que l’on pourrait, en France, considérer comme totalement réactionnaires : une vision messianique du rôle de l’Amérique dans le monde, un refus de l’emprise de l’Etat ( fédéral) sur la vie courante des gens, une liberté d’expression qui s’arrête dès que l’on aborde le thème de la religion ( quelle qu’elle soit ), une pudibonderie qui nous fait ricaner, en France, et un patriotisme total, visible partout… Comptez, en visitant les USA, le nombre de bannières étoilées aux portes des maisons, ou sur les fenêtres… Totalement inconcevable en France.
Et ces valeurs sont très prégnantes dans « American sniper », histoire d’un tireur d’élite qui fait partie de la crème de la crème du corps des Marines américains : les Navy Seals. Le film est le récit des quatre périodes qu’il accomplit durant la première et la deuxième Guerre d’Irak.
On voit bien ce qui a passionné Clint Eastwood dans ce film, dont la mise en scène est tirée au cordeau : Chris Kyle est un homme seul, une sorte de super-soldat qui est là pour protéger ses camarades « Marines » qui font du ratissage dans des villes d’Irak, et qui peuvent être attaqués de partout, par un ennemi invisible, dissimulé dans la population civile. De son point de vue, il ne fait pas la guerre à des soldats ennemis : il sécurise un périmètre pour que les soldats amis puissent avancer…. Nuance.
Appuyer sur la gâchette de son fusil à lunettes (et ordinateur incorporé) devient un acte abstrait, mais l’Etat-Major américain comptabilise soigneusement ses victimes, et Chris gagne le surnom de « Légende »… Alors, le jour où, en face, il apprend qu’il y a, comme lui, un sniper surdoué qui fait des ravages dans les rangs des soldats américains, il se prépare au combat singulier…
J’en resterai là au niveau du déroulé du film… sachez seulement que, depuis « Démineurs », de Kathlyn Bigelow, ou, il y a beaucoup plus longtemps, « Voyage au bout de l’enfer » de Michaël Cimino, on n’a pas vu beaucoup de films d’une telle intensité, qui pose autant de questions, qui nous dit, à sa manière si forte, qu’une guerre est TOUJOURS sale, et fait des ravages dans les têtes, même bien après sa fin…
Et dans le film, à un moment, lors d’une discussion entre Chris Kyle et d’autres militaires sur les « dommages collatéraux », Clint Eatwood fait dire à son personnage principal :
« J’attends de rencontrer le Créateur pour répondre de chaque tir ».
Tout est dit.
Christian Seveillac



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